Dans l’Evangile, habituellement, quand Jésus raconte une parabole qui parle d’une semence, c’est toujours pour nous parler de la Parole de Dieu. La grande parabole du semeur qui sème sur tous les terrains en est la plus belle illustration. Pourtant, aujourd’hui, Jésus n’utilise pas cette image de la semence pour parler de la Parole mais du Règne de Dieu. Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence disait-il pour introduire la 1° parabole sur la semence qui pousse toute seule et, pour introduire la 2° parabole, celle de la graine de moutarde, il disait : à quoi allons-nous comparer le règne de Dieu ? C’est clair, l’image de la semence lui sert à parler du Règne de Dieu. Pourtant je crois qu’on peut dire qu’à travers ces 2 paraboles, il parle aussi de la Parole de Dieu. En effet, ce qui fait avancer le Règne de Dieu, c’est bien le travail de la Parole dans les cœurs. C’est dans la mesure où les cœurs s’ouvriront au travail de la Parole de Dieu que le Règne de Dieu pourra grandir, que, sur terre, on permettra à Dieu de régner comme au ciel, en ayant pour seule loi, celle de l’amour.
Alors, ces deux paraboles, que nous enseignent-elles sur la Parole de Dieu qui fait avancer le Règne de Dieu ? Eh bien elles nous disent d’une part que la Parole est puissante et féconde et d’autre part que les résultats resteront humbles, à l’image de Dieu, lui-même.
La 1° parabole nous parle donc de la puissance de la Parole. Quand la Parole est annoncée et quand elle est accueillie dans un cœur, il va se passer exactement ce qui se passe quand une semence est jetée en terre : nuit et jour, que celui qui l’a semée dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit et, au terme de tout un cheminement, elle va produire du fruit. J’aime cette parabole que j’accueille toujours comme un formidable encouragement à m’unir au Seigneur pour que sa Parole puisse être annoncée et ainsi faire avancer son Règne. Toutefois vous pourriez m’objecter que si la Parole était si puissante, ça se verrait, il n’y aurait pas toutes ces guerres, toute cette violence, toutes ces injustices. Certains jours, il n’est vraiment pas évident de voir que le Règne de Dieu avance. C’est vrai et pourtant, ça ne remet pas en cause la puissance de la Parole. Si ça ne marche pas mieux, il peut y avoir plusieurs explications que je voudrais évoquer.
- 1° explication, si ça ne marche pas mieux, c’est peut-être le signe que la Parole n’est pas suffisamment annoncée. Et, ça c’est sans doute vrai ! La Parole n’est pas annoncée parce que, souvent, nous manquons d’audace. D’autant plus qu’annoncer la Parole, ce n’est pas forcément sortir sa Bible en plein tramway pour lire à haute voix quelques versets ! Annoncer la Parole, ça peut être simplement donner un sourire, poser un regard bienveillant sur une personne mais le faire avec un tel amour que la personne comprendra qu’il est en train de se passer quelque chose pour eux. Si la Parole n’est pas annoncée, malgré sa puissance, elle n’aura aucun impact, le meilleur des médicaments, quand on le laisse dans sa boite, n’aura aucun effet bénéfique.
- 2° explication, la Parole est annoncée, mais elle n’est pas accueillie et ça ne veut pas forcément dire que nous l’annonçons mal ! Mais, voilà, nous nous adressons à des libertés et Jésus lui-même s’est heurté au refus de ceux à qui il annonçait la Parole pourtant, lui, sa manière d’annoncer la Parole était « zéro défaut » puisqu’il était sans péché.
- Enfin 3° explication, la Parole a été semée, elle a même été accueillie, mais comme le dit une autre parabole, l’ennemi de Dieu, l’ennemi de l’homme est venu et discrètement, déloyalement, il a semé de l’ivraie pour étouffer la Parole semée et accueillie.
Alors c’est vrai, il peut y avoir des échecs, mais ne nous décourageons pas car nous le savons, quand la Parole est accueillie dans un cœur qui est comme une bonne terre, elle a un taux de fécondité exceptionnel. Et puis rappelons-nous bien que notre seul travail, c’est de semer, après c’est le Bon Dieu qui s’occupe du reste !
La 2° parabole nous prévient que, lorsque ça marchera, les résultats resteront humbles à l’image de Dieu lui-même. Cette 2° parabole nous parle de la graine de sénevé si petite mais qui grandira. Et, là, il faut bien être attentif à ce que dit le texte !
Chez les autres évangélistes, il est dit qu’en poussant, cette graine de sénevé devient un grand arbre. Mais pas dans cet Evangile de Marc qui dit qu’en poussant elle devient la plus grande des plantes potagères. Et c’est Marc qui a raison, les autres exagèrent ! Si Jésus avait voulu parler d’une petite graine qui, en poussant, donne un très grand arbre, il aurait parlé d’une graine de cèdre, parce que, là, oui, en poussant, elle donne un très très grand arbre. Mais ce n’est pas le cas pour le sénevé, Marc a donc bien raison de parler d’une plante potagère qui domine les autres, certes, mais qui reste d’une taille modeste. Et si j’insiste, c’est parce que ce détail a son importance.
En effet, c’est comme si Dieu nous disait de rester humble dans nos ambitions. Il nous encourage à semer mais sans rêver que ce que nous allons semer puisse tout dominer, tout écraser. Il nous invite à semer avec persévérance, mais sans rêver de pouvoir triompher en montrant des résultats qui pourraient clouer le bec à tout le monde ! Je le dis souvent, quand nous évangélisons, nous ne devons pas rêver de succès parce que le succès, c’est le cadeau empoisonné que le diable aime offrir à ceux qu’il veut détourner de leur mission. Dans l’Eglise, tous ceux qui succombent au succès, tous ceux qui recherchent le succès finissent mal ! Le Seigneur, lui, ce qu’il donne, ce n’est pas le succès, mais la fécondité et cette parabole le dit à sa manière n nous prévenant que les résultats de notre action évangélisatrice resteront humbles. Et c’est très bien comme ça puisque Dieu, lui-même, est humble et qu’il aime ce qui est humble, qu’il choisit ceux qui sont humbles. C’est d’ailleurs ce que nous disait la 1° lecture : je renverse l’arbre élevé et relève l’arbre renversé, je fais sécher l’arbre vert et reverdir l’arbre sec.
Demandons vraiment, par l’intercession de Notre Dame de Laghet la grâce de devenir des semeurs infatigables de la Parole pour que le Règne de Dieu avance, pour que, sur terre, l’amour règne comme au ciel. Demandons aussi à Notre Dame de Laghet la grâce de renoncer à tous nos rêves de succès en acceptant de nous réjouir de vivre dans l’humilité.
Je dis aux parents que je reçois pour la préparation au baptême de leurs enfants que :le baptême c’est comme un « cadeau » que Dieu nous donne. Un cadeau c’est fait pour être ouvert, si on le laisse dans le placard, ça ne sert à rien !