Lundi 4 mars
Journée studieuse ! Je passe toute la journée à préparer mon intervention de demain pour le conseil général des sœurs Bene-Tereziya. J’avais déjà passé tout mon dimanche après-midi à lire un texte de la congrégation romaine pour les instituts de vie religieuse.
Les sœurs qui ont entendu parler de moi (je vais même découvrir que j’ai une « fan » parmi elles qui lit les homélies depuis des mois !) tiennent absolument à ce que je leur donne un enseignement, mais moi, je dois avouer que je ne connais pas grand-chose à la vie religieuse, il y en a tellement peu dans notre diocèse ! Ça me donne donc l’occasion de travailler un sujet que je ne connaissais pas bien !
Il me faut toute la journée pour préparer et même une partie de la soirée. J’espère que ça va aller parce que je suis vraiment vraiment fatigué !
Mardi 5 mars
Je n’ai pas passé une bonne nuit, moins de 5 heures de sommeil, les ennuis intestinaux recommencent ! Cette année sabbatique est aussi pour moi une année de discernement pour soumettre mon avenir au Seigneur pour savoir de quelle manière il veut que je continue à le servir. Ces ennuis de santé sont déjà un élément de discernement, je ne pourrai pas vivre en Afrique ? Parce que, de fait, je me posais la question de donner quelques années de ma vie pour le service d’une Eglise d’Afrique et, c’est sûr que l’Église du Burundi serait heureuse de m’accueillir. Mais je vois bien que, au niveau santé, ça serait compliqué. Des séjours de moyenne durée sont possibles mais je pense qu’après quelques mois mon organisme serait vraiment épuisé !
Le seul avantage de cette situation compliquée, c’est que je perds du poids, ça c’est une bénédiction !
Les sœurs avaient annoncé qu’elles viendraient me chercher à 8h50, elles sont à l’heure. Je suis assez content car elles ont compris qu’avec mon dos et mes boyaux il était préférable qu’elles viennent à Bujumbura plutôt que de me faire déplacer à Gitega, le lieu où se trouve leur maison généralice.
Je suis accueilli chaleureusement, il y a même du café qui est prêt !
J’avais déjà rencontré la mère générale au cours d’un précédent séjour pour lui demander si une communauté pourrait venir s’implanter chez nous … mais il n’y avait pas eu de suite !
A leur demande, je leur parle du signe que représente la vie religieuse dans un monde qui change. Je pensais que mon intervention allait durer 1h15, mais ça occupe toute la matinée ! On fait une pause au milieu et il y a quelques questions à la fin qui montrent qu’elles ont été intéressées !
La sœur Joséphine me fait visiter les lieux. Les sœurs, pour avoir quelques revenus avaient construit, sur leur propriété en plein centre-ville, un bâtiment aménagé en bureaux pour des entreprises, ça a bien fonctionné et puis, avec la crise, presque tout le monde est parti. Elles ont un dispensaire où beaucoup de gens viennent se faire soigner, surtout les pauvres, qu’elles acceptent de soigner en espérant qu’un jour, ils pourront payer ce qu’ils doivent ! Il y a aussi une clinique privée qui donne chez elle, l’un des bâtiments a été construit sur leur terrain, du coup, malades et familles ont accès à leur chapelle.
La sœur Joséphine m’explique donc qu’elle lit mes homélies depuis des mois ! En faisant une recherche sur la nouvelle évangélisation, elle est tombée sur un article de moi … c’est vrai qu’au cours de la démarche d’évangélisation dans notre diocèse, j’ai donné beaucoup d’enseignements sur le sujet. Elle avait aimé ce que je disais, du coup elle a fait des recherches sur moi et est tombée sur le site de la paroisse de Bellegarde et a vu mes homélies qu’elle lit et même qu’elle transmet autour d’elle ! Finalement « la toile » nous réserve de belles surprises !
Nous mangeons … je mange toujours très peu et les sœurs me reconduisent au Foyer (ce n’est vraiment pas loin !) pour une heure trente de repos. Je dors 15 minutes, j’en avais besoin et révise ma leçon pour l’après-midi !
L’après-midi, toujours à leur demande, je leur parle de l’exercice de l’autorité et de son corollaire, l’obéissance, dans les communautés religieuses. C’est sur ce sujet que portait le texte de la congrégation romaine que j’ai lu dimanche après-midi. Je commence par faire quelques considérations personnelles et je leur donne un résumé du texte. Elles sont très contentes !
A 17h, je les quitte car j’ai donné un rendez-vous à une personne à cette heure-là au Foyer.
Je retrouverai l’une ou l’autre sœur samedi à Bukeye puisque je dois aller parler aux formatrices des novices samedi matin et aux novices samedi après-midi. Elles me préviennent qu’elles ont l’habitude de travailler avec un noviciat de frères installé aussi à Bukeye et qu’ils ont souhaité se joindre, formateurs le matin, novices l’après-midi.
Je rentre, finalement, le rendez-vous a été annulé, je peux donc participer à l’adoration et au chapelet.
J’attendais avec impatience le soir pour me coucher de bonne heure, mais le père Amand m’annonce qu’il va y avoir une fête communautaire avec un repas pour fêter les anniversaires d’entrée au Foyer et d’engagement. Chaque anniversaire (pas de naissance !) est fêté, mais là, il y en a plusieurs qui n’ont pas pu être fêtés à cause de ces semaines précédentes si chargées !
Tant pis, mon lit attendra ! En plus, c’est mardi gras, il faut bien faire la fête avant l’entrée en carême demain !
Comme toujours, il y a beaucoup de joie ! L’animation a été confiée aux 4 dernières arrivées qui, elles ne fêtaient rien ! Il s’agit de Yvette, Violette, Innès et Marie-Claudine. Comme toujours déguisements et sketchs. Elles ont choisi de parler de chaque membre en les imitant dans leurs « petits côtés » c’est en kirundi, mais le père Amand traduit. C’est vraiment réussi, tout le monde rigole beaucoup !
Et nous partageons le gâteau d’anniversaire. Il est presque 23h quand je me couche et, demain il faut que je me lève à 5h pour préparer l’homélie car c’est moi qui prêche cette entrée en carême.
Mercredi 6 mars
Messe des Cendres à 7h, comme tous les matins et, comme tous les matins, l’office de Laudes est intégré dans la messe. Je parle du symbolisme des Cendres.
Après la messe, le père Amand me demande si j’accepte de remplacer l’abbé Viateur qui est en repos pour faire une intervention en fin d’après-midi aux fiancés qui commencent un parcours de préparation au mariage. Le repos sera pour plus tard !
Le père Emmanuel du Foyer de Kiryama (prononcer kilgama) est là depuis hier soir. J’en profite pour me confesser et ainsi bien commencer le carême.
Je commence donc à préparer, mais je suis tellement fatigué que je suis obligé de m’arrêter, je me mets sur mon fauteuil et m’endors très vite ! ½ heure de récupération, c’est bon, je me remets au travail.
Vers 11h arrive un jeune, Christian, à qui j’avais donné un rendez-vous par Messenger. C’est vraiment un bon garçon mais avec une vie bien bien compliquée. J’espère pouvoir l’aider en lui faisant rencontrer des jeunes qui pourront le soutenir.
C’est le mercredi des Cendres, alors je jeûne ! Je n’ai pas besoin de faire la sieste, je l’ai faite le matin, donc je me remets au travail.
La rencontre avec les fiancés est prévue à 17h30, je finis la préparation à 16h30. Je marche un peu dans la rue qui conduit au Foyer qui est une rue tranquille. Je ne m’aventure pas tout seul loin du Foyer. J’ai peur de me perdre, il n’y a ni pancartes, ni plaques avec des noms de rues, donc pour se repérer, c’est compliqué et je n’ai pas un sens de l’orientation extraordinaire ! En plus, il y a beaucoup de circulation, donc assez peu d’intérêt à marcher en ville. Lundi, je retournerai marcher avec Thierry qui connait les rues plus tranquilles.
A 17h30, je vais dans la salle prévue, la communauté est encore en réunion et il y a deux couples dans la salle. Je vais trouver la communauté pour demander ce qu’il faut faire. Quelques uns quittent la réunion pour venir avec moi. Finalement, le père Aland vient lui aussi, un couple est arrivé en plus. Je lui dis que ça va être difficile de faire quelque chose si on est si peu. Il me demande de ne pas faire mon enseignement, mais d’improviser un temps de présentation générale du parcours. Là, je lui dis que ce n’est pas possible. Je ne sais même pas ce qui se fait dans ce parcours, je ne connais pas les coutumes locales en matière de préparation au mariage … Je lui demande de le faire lui-même et de définir une nouvelle date de rencontre pour un vrai démarrage. Ça sera mercredi prochain … mon enseignement sera prêt !
Je suis libre, je peux donc participer à l’adoration et au chapelet.
Au repas, je suis très fatigué, je mange vite pour me coucher de bonne heure. A 8h30, je dors et, pour une fois, je dors bien. Je me réveille une fois à cause de crampes, mais je me rendors vite.
Jeudi 7 mars
Quand le réveil sonne à 5h15, je dormais très bien ! Mais il faut que je me lève pour préparer l’homélie, c’est encore moi qui prêche ce matin, le père Amand prendra vendredi et samedi.
Après le petit déjeuner, nous allons aux bureaux de Brussels Airlines pour faire changer mon billet. En effet, j’ai un vol prévu le 31 mars, mais le père Amand a un vol le 30, ça serait mieux de voyager ensemble.
Pour changer le billet, ça coûte 450 dollars ! Bien trop cher, le secrétaire cherche et trouve une possibilité à 250 mais je trouve que c’est trop cher. Le père Amand veut me payer le surcout, mais je lui dis que je peux payer, mais cet argent je préfère le donner au Foyer qu’à Brussels Airlines ! Bien sûr, je dis cela discrètement. Donc, nous voyagerons séparément, de toutes façons, comme c’est un voyage de nuit, le père Amand dort tout le long !
En revenant, à un feu, un policier en voiture nous klaxonne, il connait le père Amand et lui demande de me remercier pour mes interventions à la semaine St Valentin !
Retour au Foyer, j’ai donné rendez-vous à quelqu’un à 11h, j’ai donc une heure pour écrire ces pages de mon journal. Léa est en train de faire le ménage dans la chambre, donc je vais m’installer sur une terrasse au 2°, un lieu très agréable, très aéré qui donne sur le lac (au loin !)
Programme de cette après-midi : sieste, repos-lecture … en espérant que ça pourra se réaliser
Grand merci pour ces récits successifs qui nous permettent de vous « suivre ».
Prenez soin de vous. Les photos nous aident à imaginer votre vie en terroir africain et la joie qui illumine les visages y compris le votre nous ravit.
Bonne suite de carême en bonne santé si possible !