La fête de St Marc que nous avons célébrée hier a interrompu notre lecture continue du livre des Actes des apôtres. Nous aurions dû suivre Paul et Barnabé qui avaient été mis à part pour une mission que le Seigneur leur confiait, ils avaient visité un certain nombre de lieux et arrivaient finalement à Antioche de Pisidie où, participant à l’office dans la synagogue, ils sont invités à prendre la Parole. Paul ne se fera pas prier et va faire un long enseignement ; la 1° lecture de ce jour nous a fait entendre une partie de cet enseignement, mais nous prenons le train en route car l’enseignement commençait au v. 16 du chapitre 13 et, notre lecture commençait au v. 26. Dans les versets que nous avons ratés, Paul reprenait les grandes lignes de l’histoire du peuple élu pour montrer comment Dieu a toujours été à la manœuvre, sachant tirer du bien de toutes situations, même les plus négatives. Paul va montrer, avec le brio qu’on lui connait que toute cette histoire culmine dans la venue de Jésus. Et nous en arrivons aux versets que nous avons entendus.
Dans ces versets, Paul va reprendre le kérygme en le développant, le commentant. Avec les retraitants, mardi, nous avons passé beaucoup de temps sur ce kérygme que Paul énonçait en ces termes dans la lettre aux Romains : il a été mis à mort pour nos péchés, ressuscité pour notre justification. Que ce soit dans l’épitre aux Romains ou dans ce passage des Actes et tant d’autres, ce que Paul veut montrer dans sa prédication, c’est que tous les événements qui concernent Jésus ont un sens. Dans l’histoire de Jésus, tout comme dans l’histoire du peuple élu, Dieu reste à la manœuvre. Comme dans l’histoire du peuple élu où Dieu avait su faire surgir du bien des situations les plus dramatiques, dans l’histoire de Jésus et sa fin tragique, Dieu a su, non seulement, faire surgir du bien, mais il a été capable de faire triompher le bien, de faire en sorte que le bien l’emporte, que le dernier mot soit à l’amour, à la vie, c’est ce qui éclate dans la résurrection.
Ce que Dieu a fait dans l’histoire si douloureuse du peuple élu, ce qu’il a fait dans l’histoire si tragique de Jésus, il veut et il peut le faire dans l’histoire parfois tourmentée de chacun de nous. Mais, le problème, c’est que, habituellement, il ne le fait pas comme nous aimerions qu’il le fasse ! Nous nous aimerions qu’il intervienne quand nous sommes en difficulté pour changer le cours des événements. Mais ce n’est pas ainsi qu’il agit habituellement, nous le voyons bien, il n’est pas intervenu pour empêcher Jésus d’aller à la mort ou pour rendre sa mort plus douce. Certes, il arrive que Dieu intervienne directement, ça s’appelle un miracle et ils existent, aujourd’hui encore, mais ce n’est pas sa manière la plus habituelle d’agir.
Par contre et je l’ai évoqué avec les retraitants, s’il a été silencieux pendant la passion, son silence ne doit pas être interprété comme la preuve de son absence. Le silence de Dieu disait, en fait, l’intensité de sa présence. C’est en lisant un excellent exégète protestant qui a écrit un très beau livre sur le sujet que j’ai pu le comprendre ; cet exégète, c’est Daniel Bourguet et son livre, c’est « le silence de Dieu dans la passion ». Voilà comment Dieu intervient habituellement, c’est en nous envoyant celui que Daniel Bourguet appelle « l’ange de la présence. » C’est-à-dire que lorsque nos croix sont trop lourdes, c’est le Seigneur, lui-même qui vient prendre la place de Simon de Cyrène pour porter avec nous, afin que nous ne soyons pas écrasés par le poids trop lourd de ces épreuves qui durent trop longtemps. Et nous connaissons tous le très beau texte des traces de pas dans le sable qui nous dit que, lorsque tout devient trop dur, Dieu fait encore mieux que nous aider à porter, il nous porte carrément, nous et nos croix !
Voilà la 1° manière habituelle, pour Dieu, d’intervenir. Il y en a une 2° qui est la conséquence de la 1°, c’est qu’il va, peu à peu, par sa présence à nos côtés, changer nos cœurs, purifier et renouveler notre foi. Je dis « purifier » car, il finira par nous faire renoncer à ces injonctions que nous lui adressons si souvent lui demandant d’intervenir sans arrêt. Après l’avoir purifiée, sa présence à nos côtés renouvellera aussi notre foi, c’est-à-dire notre confiance car foi et confiance, c’est le même mot. Et quand nous avons la certitude de ne plus être seul et que Celui qui nous accompagne et qui porte avec nous, c’est le Seigneur, alors nous trouvons une énergie insoupçonnée pour affronter l’adversité sans désespérer.
Tout ce que je viens de dire sur la présence du Seigneur à nos côtés n’était pas dans l’enseignement de Paul à la synagogue d’Antioche de Pisidie. Mais c’est ce que je retire de son enseignement, c’est l’actualisation que nous sommes invités à faire de cet enseignement que l’Ecriture nous transmet.
Quelques mots sur l’Evangile ! Dans le texte d’aujourd’hui, comme dans le texte de demain, d’ailleurs, nous avons l’intervention d’un apôtre qui permettra à Jésus de dire une parole absolument magnifique, l’une de ces Paroles que nous voulons graver dans nos cœurs pour être sûrs de ne jamais les oublier. C’est donc très beau de penser que sans l’intervention de Thomas, aujourd’hui, de Philippe, demain, nous n’aurions pas pu entendre cette parole si fondamentale que Jésus leur adresse en réponse.
J’admire la simplicité qui régnait entre les apôtres et Jésus, une simplicité qui leur permettait de dire ce qu’ils avaient sur le cœur, d’exprimer leurs remarques, de poser leurs questions. Et l’Esprit-Saint va s’engouffrer dans cette simplicité pour permettre à Jésus de dire des paroles qui valent de l’or. Aujourd’hui grâce à la simplicité de Thomas qui dit : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? » Jésus prononce cette Parole en or : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. » Nous pourrions garder cette Parole pour mieux la méditer en ce jour.