Dans cette 1° lecture, il y a deux points qui ont retenu mon attention.
Le 1° point c’est la mention qui est faite au début du passage : « Sois sans crainte : parle, ne garde pas le silence. Je suis avec toi, et personne ne s’en prendra à toi pour te maltraiter, car dans cette ville j’ai pour moi un peuple nombreux. » Manifestement, ce long séjour de Paul à Corinthe, il a été non seulement voulu mais préparé par le Seigneur : « dans cette ville j’ai pour moi un peuple nombreux. » Nous avons toujours besoin de nous redire, quand nous accompagnons une personne, par exemple, que le Seigneur a été au travail en elle, bien avant nous. Finalement, le travail de disciple-missionnaire est un travail de jardinier qui consiste à arroser, à prendre soin de tout ce que le Seigneur, lui-même, a semé dans les cœurs.
Le 2° point concerne ce que le Seigneur promet à Paul : « personne ne s’en prendra à toi pour te maltraiter. » Or nous avons entendu, à la fin du texte, que son séjour à Corinthe n’a pas forcément été simple. Pourtant la promesse a bel et bien été accomplie, il a eu des ennuis mais, à Corinthe, personne ne l’a maltraité. Il y a beaucoup d’autres endroits où il a été maltraité, il en fait d’ailleurs la liste dans la 2° épitre aux Corinthiens (11,24-28) : Cinq fois, j’ai reçu des Juifs les trente-neuf coups de fouet ; trois fois, j’ai subi la bastonnade ; une fois, j’ai été lapidé ; trois fois, j’ai fait naufrage et je suis resté vingt-quatre heures, perdu en pleine mer. Souvent à pied sur les routes, avec les dangers des fleuves, les dangers des bandits, les dangers venant de mes frères de race, les dangers venant des païens, les dangers de la ville, les dangers du désert, les dangers de la mer, les dangers des faux frères. J’ai connu la fatigue et la peine, souvent le manque de sommeil, la faim et la soif, souvent le manque de nourriture, le froid et le manque de vêtements, et il termine en rajoutant : sans compter tout le reste !
Quand on agit en fidélité à ce que le Seigneur nous demande, ça ne veut pas forcément dire qu’un grand tapis rouge sera déroulé devant nous et que tout sera facile, mais, si c’est vraiment en fidélité à l’appel du Seigneur qu’on agit, les obstacles tomberont au fur et à mesure qu’on avancera. On pourra y laisser quelques plumes, mais comme le Paul le dit dans la 2° épitre à Timothée (2,9) : on n’enchaine pas la Parole de Dieu. Oui, on y laissera des plumes, il pourra y avoir des martyrs, mais la Parole de Dieu continuera sa course.
Venons-en à l’Evangile. Vous avez retenu les deux mots qui scandaient le texte que nous avons entendus : la peine ou la tristesse et la joie. Je dis la peine ou la tristesse, la traduction liturgique a choisi de traduire le mot grec utilisé ici par peine, mais il aurait été plus juste de le traduire par tristesse. Dans nos vies, nous pouvons passer par des bas, très bas qui nous remplissent de tristesse puis par des hauts, très hauts, qui nous remplissent de joie. A la longue, ça peut être un peu déstabilisant de faire ce yoyo. Alors comment ces paroles de Jésus pourraient-elles nous aider ?
La tristesse que les apôtres vont vivre, elle est due au fait qu’ils ne verront plus Jésus. Rappelons-nous : ce discours que Jésus prononce dans l’Evangile de St Jean, on l’appelle le discours d’adieu.
C’est à la fin du dernier repas que Jésus le prononce, juste avant de partir pour Gethsémani. C’est donc clair, l’heure de la séparation est proche, dans quelques heures, Jésus sera arrêté, jugé et condamné à mort puis crucifié et mis au tombeau. Les apôtres ne le verront plus et Jésus les prévient, ça sera la cause d’une très grande tristesse pour eux et cette tristesse sera encore renforcée par leur attitude lamentable au cours de ces événements, mais ça, Jésus ne le dit pas.
Retenons vraiment cette raison fondamentale que Jésus donne pour expliquer la tristesse : elle vient du fait d’être séparé de lui. Nous, nous sommes souvent tristes quand nous ne sommes pas contents de nous, quand nous avons replongé dans la médiocrité. Nous pouvons être tristes aussi en raison des événements douloureux que nous vivons. Mais est-ce que nous sommes vraiment tristes quand nous nous éloignons de Jésus, est-ce que c’est ça qui nous rend le plus triste ? C’est pour cela que j’aime tant la prière que le prêtre dit normalement à voix basse avant de communier, mais que j’aime dire à voix haute tellement les paroles sont belles et justes : fais que je demeure toujours fidèle à ta parole et que, jamais, je ne sois séparé de toi.
Oh, oui, Seigneur, que jamais je ne sois séparé de toi parce que je sais que ça me ferait plonger dans une grande tristesse qui deviendrait un frein puissant à ma vocation de disciple-missionnaire. Et vous voyez que, du coup, quand j’exerce ma vocation de disciple-missionnaire en conduisant ceux qui me sont confiés à Jésus, je réalise une œuvre salutaire : je leur permets de quitter cette tristesse qui plombe leur vie. Avez-vous déjà remarqué combien les gens sont tristes ? Prenez les transports en commun, c’est frappant ! Or, ils ne viennent pas tous de perdre leur conjoint ou leur enfant pour tirer une tête comme ça ! Cette tristesse, apparemment sans raison, trouve sans doute son explication dans ce que dit Jésus : la tristesse est la conséquence d’un éloignement, d’une séparation, de choix qui les tiennent loin de Jésus, coupés de Jésus. Et, à l’inverse, la joie, la joie parfaite sera de rester uni à Jésus, c’estr aussi ce qu’il dit.
Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la grâce d’entrer dans cette joie que nul ne pourra nous ravir.