16 décembre : Dieu qui fait parler les ânes et les païens devrait bien savoir comment il peut se servir de toi !

Je ne dirai que quelques mots de l’évangile pour m’attarder un peu plus sur la 1° lecture.

Qu’est-ce que j’aime cet évangile ! Je n’ai encore pas compris en quoi il pouvait nous faire faire de grandes avancées spirituelles … mais je l’aime beaucoup parce que je trouve que Jésus est tellement habile ! Les grands prêtres et les anciens lui posent une question très compliquée, en tout cas, il joue son avenir sur la réponse qu’il va apporter. Eh bien, Jésus ne se démonte pas, il leur dit : ok, vous me posez une question eh bien moi aussi, je vais vous en pose rune et si vous répondez à la mienne, je répondrai à la vôtre ! Et, alors c’est étonnant parce que, la question que pose Jésus n’avait rien à voir avec celle qui lui était posée, et elle est un piège redoutable. Du coup, les grands prêtres et anciens ne peuvent pas répondre et Jésus leur dit : vous n’avez pas répondu à la mienne, je ne répondrai pas à la vôtre ! On devrait s’inspirer de cette technique, de temps en temps, pour éviter d’entrer dans des débats sans fin ! J’aime cette habileté de Jésus et nous pourrions demander la grâce d’être capable d’une telle habileté. 

Evidemment, ça ne vaut pas pour vous les élèves dans vos relations avec les profs, n’allez pas leur dire, demain, quand ils vous poseront une question sur le cours : ok, je répondrai à votre question si vous répondez à la mienne ! Non, cette technique ne vaut que pour nous permettre d’échapper à des débats stériles !

Regardons maintenant la 1° lecture. Ce texte, il faut l’écouter avec un infini respect parce que nous avons entendu la plus ancienne prophétie qui annonçait la venue d’un envoyé de Dieu … mais Balaam qui donne cette prophétie dit qu’il ne sait pas quand ça se réalisera, il sait juste que ce n’est pas pour tout de suite. Et il a raison car la prophétie trouvera son accomplissement plus de 1200 ans plus tard !

Allez, on va faire un peu d’histoire, d’autant plus que cette histoire est savoureuse ! Nous sommes dans le livre des Nombres qui raconte les 40 ans de traversée du désert après que Moïse ait libéré le peuple des hébreux de la servitude d’Egypte … donc vous voyez que nous sommes bien loin de la naissance de Jésus, je l’ai dit environ 1200 ans, alors que les prophéties d’Isaïe que nous avons entendues tous ces derniers jours datent environ de 700 ans avant Jésus-Christ. Comme je le disais, c’est la toute première fois qu’on a l’annonce d’un envoyé de Dieu, c’est donc un texte extrêmement précieux.

Mais ce qui est le plus étonnant, ce n’est pas que cette première annonce date d’aussi longtemps, le plus étonnant c’est de voir par qui elle a été transmise. Parce que ce Balaam était un personnage bien curieux. C’était un païen, un devin, un magicien qui vivait dans la région de Moab. Et, c’est le roi de Moab qui fait appel à lui quand le peuple des hébreux, au cours de sa longue traversée, arrive à proximité de son territoire de Moab. Le roi fait appel à cet espèce de sorcier pour qu’il maudisse ce peuple qui arrive si nombreux qu’il a peur de ce qui va se passer.

Dieu intervient alors auprès de Balaam pour qu’il refuse cette mission. Mais Balak, le roi de Moab ne lâche pas le morceau comme ça ! Il avait fait apporter pas mal de cadeaux pour accompagner sa première demande, il en promet bien plus si Balaam finit par accepter. Au départ Balaam ne veut pas et puis l’appât du gain semble avoir été plus fort.

Mais évidemment, Dieu n’est pas content et il ne veut pas que cet homme jette un sort sur son peuple, alors il envoie un ange barrer la route. Balaam ne voit pas l’ange, mais, chose étonnante, l’ânesse qui le porte, voit très bien cet ange qui lui barre la route, elle refuse donc d’avancer. Balaam la frappe pour la forcer à avancer et il va falloir que Dieu donne la parole à cette ânesse pour qu’elle puisse expliquer à Balaam que si elle n’avance pas, c’est pour une raison bien précise et qu’il ferait bien de s’interroger sur cette raison. Balaam comprend que ses ennuis viennent du fait qu’il n’a pas obéi à Dieu. 

Du coup, l’Ange lui dit : ok, tu peux avancer, mais désormais, tu vas vivre dans la fidélité à Dieu et tu ne diras pas ce que le roi de Moab te demande de dire mais ce que Dieu, lui-même te demandera de dire. Et c’est là qu’il va prononcer ces prophéties que nous avons entendues dans la 1° lecture et qui sont donc les plus anciennes prophéties annonçant la venue d’un héros à la royauté puissante qui va se lever sur son peuple comme se lève un astre.

Merveilleuse histoire ! La Bible en contient comme ça, quelques unes, qui ne manquent pas de piquant ! Comme vous pouvez le constater ce n’est pas La Fontaine qui a eu le premier l’idée de faire parler des animaux pour donner des leçons aux hommes !

Ce que m’inspire cette histoire, c’est que nul ne peut penser qu’il est disqualifié pour annoncer la Bonne Nouvelle. Dieu qui a su mettre des paroles pertinentes dans la bouche d’un âne et des paroles prophétiques dans la bouche d’un païen saura bien comment il peut utiliser ta bouche !

Cet article a 2 commentaires

  1. Xavier Harmel

    Bonjour Père, avec quelques mots pour vous dire que votre commentaire m’interpelle par rapport à l’angoisse d’un certain nombre de Chrétiens par rapport au « péril musulman » (avec péril musulman entre guillemets !) Facebook est ainsi envahi de propos islamophobes de personnes qui montent en épingle toute anecdote relatant des incivilités ou des délits de personnes de culture musulmane. Sans minimiser la portée de cette délinquance (souvent) et sans pas parler de terrorisme bien sûr, ce « péril musulman » est mis à profit pour vilipender nos élus et nos politiques accusés de laxisme (entre autres maux), Or si d’une part je suis très frappé de constater que l’immense majorité de nos concitoyens d’origine, de culture ou de religion musulmane sont de « bons » citoyens respectueux des lois, je ne peux m’empêcher de penser, de constater d’autre part que s’il y a un péril quelque part, c’est celui de l’apostasie silencieuse de nombre de nos concitoyens. Ce retrait de la foi pour mille bonnes (?) raisons qui me paraît créer un vide que, parmi d’autres propositions, l’Islam peut venir en partie combler. Ce constat m’incite donc à penser qu’un « bon » musulman vaut mieux qu’un « mauvais » chrétien. La réciproque étant [ doublement ? 🙂 ] vraie… Et c’est bien là que votre commentaire de texte me rejoint qui constate que Dieu est même capable de faire passer sa parole par un « magicien-devin ». Et – même peut-être aussi ? – par un imam à l’écoute de son dieu… (ou de son Dieu ?) Comme dans les années 1968, il utilisa la personne du Pasteur pentecôtiste Wilkinson pour répandre son Esprit Saint sur l’Église toute entière. Vraiment, Alors, Dieu est-il sérieux qui nous retire nos cuirasses de bonne conformité, de bien pensance…? Avec mes amitiés et mes souhaits de bonne patience avec vos jeunes de Ch-de-G.

    1. Père Roger Hébert

      Oui, je pense que Dieu se sert de tous ceux qui dans la vérité d’une démarche. Je le disais un jour à musulman, quand j’étais à l’aumônerie de la prison. Dans une discussion, il cherchait à me convertir … il me l’a dit explicitement ! Je lui ai répondu : sois un bon musulman et si tu me le demandes, je prierai pour que tu sois un bon musulman. De mon côté, tu peux prier pour que je sois un bon chrétien. J’ai continué en expliquant que s’il était un bon musulman, son comportement obligerait à se poser des questions. Je lui ai dit que l’urgence n’était pas que les musulmans deviennent chrétiens (même si au fond de moi je le souhaite car je suis persuadé que cette religion n’est pas libératrice) ni que les chrétiens deviennent musulmans : l’urgence était que nous soyons, lui et moi et tous nos frères dans nos religions de bons croyants. C’est de « bons croyants » qu’avait besoin notre monde !

Laisser un commentaire