Vous avez peut-être vu ces photos du pape François qui, chaque mercredi des Cendres, descend à la basilique St Pierre pour assurer un temps de confession. Mais, systématiquement, avant de se rendre dans le confessionnal qui lui a été attribué, il va se mettre en genoux devant un autre confessionnal, demandant au prêtre qui l’occupe de recevoir sa confession et de lui donner le pardon du Seigneur. Quelle humilité ! Eh bien, c’est à peu près la même leçon d’humilité que nous recevons en écoutant la 1° lecture de ce jour. St Paul, le grand St Paul, le géant de la foi, l’une des deux colonnes, avec St Pierre, sur laquelle repose l’Eglise, nous a fait cette confidence si humble : ce qui est à ma portée, c’est de vouloir le bien, mais pas de l’accomplir. Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas. Autrement dit, St Paul, il est comme nous, il est comme le pape François, il est comme tout le monde, il est pécheur et il ose le dire : le bien que je voudrais faire, je ne le fais pas assez souvent et le mal que je ne voudrais pas faire, c’est bien trop souvent que je le fais !
L’humilité de ces grands témoins de la foi devrait nous encourager à ne pas chercher sans cesse à donner la meilleure image de nous-mêmes, une image qui ne correspond pas toujours avec ce que nous sommes réellement. Je regrette vraiment que MacDo ait trouvé ce slogan avant l’Eglise, mais ça airait été tellement bien de trouver à l’entrée de chacune de nos églises cette invitation qu’on trouve à l’entrée des MacDo : Venez comme vous êtes ! Merci pape François, merci St Paul d’oser vous montrer tels que vous êtes, c’est-à-dire pécheur.
J’avais tellement aimé ce qui s’était passé pour les funérailles de l’impératrice Zita qui avaient eu lieu à Vienne en Autriche, le 1er avril 1989. Je ne sais pas si c’est elle qui avait choisi le cérémonial ou si c’était habituel d’enterrer ainsi les monarques en Autriche. Toujours est-il que ce cérémonial illustre parfaitement ce que je viens de dire. Au moment de la mise au tombeau, le responsable du protocole avait frappé trois coups sur la lourde porte de la crypte qui donnait accès aux tombeaux des monarques. De l’intérieur, la voix d’un religieux s’était fait entendre : « Qui demande à entrer ? » Le responsable du protocole avait répondu : « Sa Majesté Zita, par la grâce de Dieu, impératrice d’Autriche… » et une longue liste de tous ses titres de noblesse avait été énumérés. La réponse avait été sans appel : « Je ne la connais pas ». Et la porte de la crypte était restée fermée. Une seconde fois, le responsable du protocole avait frappé trois coups. « Qui demande à entrer ? » La réponse avait été plus sobre : « Sa Majesté Zita, Impératrice et Reine » Mais la réponse avait été la même : « Je ne la connais pas. » Et pour la troisième fois le responsable avait frappé une série de trois coups : « Qui demande à entrer ? » Et, là pour le coup, la réponse du responsable du protocole n’avait donné que l’essentiel : « Zita, une personne mortelle et pécheresse » Alors la voix de l’intérieur de la crypte avait retenti avec force : « Qu’elle entre ! »
Voilà ce qui nous ouvrira les portes du ciel, c’est la reconnaissance humble que le bien que nous aurions voulu faire, nous ne l’avons pas fait assez souvent et le mal que nous n’aurions pas voulu faire, c’est bien trop souvent que nous l’avons fait ! Si nous osons le reconnaître humblement et si cette prise de conscience nous arrache des larmes de repentir, les bras miséricordieux du Seigneur s’ouvriront. Par contre, que pourra-t-il pour nous si, devant Lui, nous essayons encore de paraitre, de donner la meilleure image de nous-mêmes en cachant tant de poussière sous le tapis ?
Quant à l’Evangile, vous aurez remarqué que Jésus nous secoue un peu parce que nous pouvons nous reconnaitre dans les hypocrites dont il dénonce le comportement. Jésus regrette que nous soyons si perspicaces pour prévoir la météo extérieure (et c’est vrai que nous en parlons souvent !) et si peu perspicaces en ce qui concerne la météo intérieure. Nous connaissons les signes qui annoncent la pluie et la chaleur et nous en tenons compte pour nous habiller, pour programmer nos activités. En revanche dit Jésus, les signes plus importants, ceux qu’on a pris l’habitude d’appeler les signes des temps, ils ne nous préoccupent pas beaucoup.
Quels sont ces signes des temps si importants à décrypter ? Jésus se lamente de ce fait : le moment présent, pourquoi ne savez-vous pas l’interpréter ? Que veut-il dire ? La suite peut nous aider à le deviner, dans les versets suivants, Jésus parle de l’urgence de la réconciliation. Pourquoi y a-t-il urgence ? Oh je crois que la raison est très simple : êtes-vous conscients que chaque jour vous rapproche de votre mort ? Cette question que je vous pose, je dois me la poser aussi ! Oui, c’est une vérité sur laquelle nous n’aimons pas trop réfléchir, pourtant, c’est vrai : je n’ai jamais été aussi près de ma mort qu’aujourd’hui et cette mort pourra survenir bien plus vite que je ne l’imaginais ! Alors, prenant conscience de cela, je dois me poser les bonnes questions : est-ce qu’il n’y aurait pas l’une ou l’autre démarche à faire de manière assez urgente ? Démarche de réconciliation avec des personnes ou avec le Seigneur dans une vraie confession, démarche de partage de mes biens, démarche de foi, que sais-je encore ! En paraissant devant Dieu, est-ce que ma fierté sera d’être resté droit dans mes bottes et de n’avoir pas fait le premier pas de la réconciliation pour ne pas passer pour un mou ? Est-ce que ma fierté sera d’avoir un compte en banque très garni et de me vanter devant Dieu de mon habileté dans les affaires ?
Oui, cette parole de Jésus nous interpelle vivement et nous ne pouvons pas ne pas nous interroger régulièrement : suis-je prêt ? Cette journée de jeune et de prière pour la paix demandée par le pape est une bonne occasion de nous interroger ! Que par l’intercession de Notre Dame de Laghet, nous puissions voir les démarches que nous avons à faire et qu’elle nous obtienne la force de les faire !