Dans l’Evangile d’aujourd’hui, il y a une petite expression qui mérite notre attention.
Dans nos traductions, il est écrit que Marie se met en route avec « empressement » d’autres traductions disent « en hâte » ou « rapidement ». Et, souvent, on s’extasie devant Marie qui se met en route rapidement. Mais je ne suis pas sûr que faire les choses rapidement, ça soit toujours une qualité ! Il y a beaucoup trop de choses que je fais rapidement, souvent même bien trop rapidement et ce n’est pas une qualité !
Et puis cette manière de traduire ne rend pas forcément compte de ce que Marie a dû vivre intérieurement pour prendre cette décision de partir visiter sa cousine Elisabeth. En effet, il n’est pas sûr qu’elle se soit mise en route aussi rapidement que ça. On le sait, une femme, dans les premiers temps de sa grossesse, elle est fatiguée et en plus, elle a besoin de temps d’intimité avec cette vie qui se développe en elle. En plus, Marie et Joseph avaient sûrement besoin de temps à deux pour réenvisager leur vie, leur avenir, car l’annonce de l’ange était venue tout bouleverser. On peut donc imaginer, sans être iconoclaste, que Marie n’a peut-être pas pris la décision aussi vite que ça de partir visiter sa cousine Elisabeth. Elle a sûrement connu un débat intérieur et, sans doute aussi, un débat avec Joseph pour savoir s’il était opportun de partir tout de suite visiter Elisabeth.
Mais, parce que, depuis l’Annonciation, elle était remplie du Saint-Esprit, ce débat intérieur sera tranché, elle doit partir. Et quand elle le comprend, elle partira sans regret en se disant, je fais ma B.A. mais je serai tellement mieux à Nazareth. Et c’est là que le texte grec est précieux car l’expression qui est utilisée dans le texte nous dit que Marie s’est mise en route « meta spoudès » et c’est cette expression qu’on a traduit par « avec empressement » mais il y aurait une autre manière de la traduire, on pourrait dire « bien volontiers » Marie se met en route « bien volontiers. »
Et, du coup, ça devient très parlant pour nous. J’imagine que ça doit vous arriver de sentir qu’il faudrait que vous fassiez quelque chose, mais que vous n’avez pas forcément toujours envie de faire. Eh bien, voilà le miracle que peut opérer le St Esprit en nous, il peut nous rendre capable de tout faire « meta spoudès » de tout faire bien volontiers même ce que nous n’aurions pas forcément envie de faire.
Comme la vie serait belle, pour nous, mais aussi pour tous ceux qui nous entourent, si nous nous mettions à tout faire « meta spoudès » bien volontiers. Quand il nous faudra vivre quelque chose que nous ne sommes pas spontanément prêts à vivre, pas préparés à vivre que Marie nous obtienne cette grâce du Saint-Esprit de pouvoir le vivre bien volontiers. Quand le réveil sonne, le matin, apprenons à nous lever « bien volontiers », ça change toute une journée. Quand le téléphone sonne et qu’on voit s’afficher le nom de quelqu’un qui nous fatigue, répondons « bien volontiers. » Quand un service nous est demandé, répondons « bien volontiers. » Tout ce qui est fait « bien volontiers » nous pouvons le faire dans la joie alors que tout ce que nous faisons contraints et forcés finit pas nous dessécher, nous rendre tristes !
Il y a un autre point dans ce texte que je voudrais vous partager, un point que le grec nous aide à souligner et ce point est très beau et plein d’humour. Le texte nous dit que lorsque Marie entra dans la maison de sa cousine, en entendant la salutation de Marie, Jean-Baptiste se met à tressaillir. Le verbe grec qui est utilisé ici, vous le connaissez sûrement même si vous n’avez pas fait de grec, il s’agit du verbe « sirtakô. » C’est ce verbe qui a donné son nom à cette dans grecque bien connue, le sirtaki. Quand Marie entre dans la maison et se met à parler, Jean-Baptiste, dans le sein d’Élisabeth se met à danser le sirtaki. Et qu’est-ce qui provoque ce tressaillement si plein d’allégresse ? Ce ne sont pas les mots que prononce Marie, mais c’est le fait que Marie est remplie de la présence de Jésus qui se développe en son sein. Marie s’est laissé visiter par le Saint Esprit, Jésus a pris en corps en elle et du coup, là où elle passe, on se met à tressaillir, à danser de joie.
Vous connaissez peut-être cet épisode de l’Ancien Testament (2 S 6) où l’Arche d’Alliance revient à Jérusalem. L’Arche d’Alliance, pour les juifs, c’était la présence même de Dieu, cette présence qui les avait accompagnés tout au long de leur marche dans le désert. Eh bien, quand l’Arche revient à Jérusalem, David est fou de joie, il se met à danser en étant d’ailleurs très peu vêtu, ce qui va mettre sa femme dans une colère terrible. Elle trouve que son mari de roi s’est ridiculisé aux yeux de son peuple. Mais, David, homme de foi explique qu’il ne pouvait pas faire autrement, c’était plus fort que lui, Dieu revenait habiter au cœur de son peuple, il ne pouvait faire autrement que danser de joie. Marie est souvent appelée la nouvelle Arche d’Alliance, car c’est elle, désormais, qui porte la présence du Seigneur et du coup, sur son passage, il se passe la même chose que sur le passage de l’Arche, on danse de joie.
Que Notre Dame de Laghet nous obtienne cette grâce de tout faire bien volontiers, tout sauf le mal, bien sûr ! Qu’elle nous obtienne aussi cette grâce de faire danser de joie ceux que nous rencontrerons parce qu’ils auront perçu en nous la présence de Jésus.
Amen !!!