En ce moment, il ne faut pas rater une messe parce que, au moins en ce qui concerne la 1° lecture, les textes se suivent et s’éclairent mutuellement. Hier, nous avions ce texte terrible qui nous racontait le péché de David, enfin c’est plus que le péché de David puisque dans le récit, j’ai compté qu’il y avait au moins 13 péchés de David ! Et comme je l’expliquais, 13, c’est 12+1, et 12 c’est le symbole qui désigne la totalité. En mettant sous nos yeux les 13 péchés de David, c’est comme si l’auteur biblique nous disait que David a commis la totalité des péchés et même plus que la totalité ! Aujourd’hui, nous allons voir comment Dieu réagit face à un homme, en qui il avait pourtant toute confiance, et qui commet la totalité des péchés. Evidemment, c’est la miséricorde de Dieu qui est mise en valeur, mais pas une miséricorde à l’eau de rose comme nous allons le voir.
Le 1° point que je veux relever, c’est la pédagogie de Dieu pour former les consciences. Il envoie le prophète Nathan vers David pour lui raconter cette petite parabole, une petite histoire, certes, mais qui va déclencher un processus extrêmement salutaire chez David. Par cette petite histoire très immorale, Nathan oblige David à faire un travail sur sa conscience. Car, pour qu’un péché soit reconnu et que sa gravité puisse être mesurée, il faut une conscience éclairée. Et c’est bien le drame aujourd’hui où les gens disent : il faut suivre sa conscience, on n’est jamais autant dans la vérité que lorsqu’on suit sa conscience. Oui, très bien, mais que faites-vous, quels moyens prenez-vous pour éclairer, pour former votre conscience ?
Voyant comment David réagit à la parabole, le prophète constate que, même s’il a commis un énorme péché qui se décline en 13 péchés, sa conscience n’est pas totalement endormie. Alors, il révèle à David que cet homme abject qui a profité du pauvre, c’est lui, il invite David à en tirer les conséquences. Mais en fait, c’est la parole du Seigneur qui va montrer à David la profondeur de son péché et toutes les conséquences qu’il y aura. Désormais, l’épée ne s’écartera plus jamais de ta maison, parce que tu m’as méprisé et que tu as pris la femme d’Ourias le Hittite pour qu’elle devienne ta femme. Ainsi parle le Seigneur : De ta propre maison, je ferai surgir contre toi le malheur. Je t’enlèverai tes femmes sous tes yeux et je les donnerai à l’un de tes proches, qui les prendra sous les yeux du soleil. Toi, tu as agi en cachette, mais moi, j’agirai à la face de tout Israël, et à la face du soleil ! »
J’espère que vous comprenez bien qu’il ne s’agit pas d’une punition de Dieu, même si la formulation pourrait le laisser entendre, mais c’était la manière de parler de l’époque. En fait pour comprendre cela, il faut se référer au proverbe qui dit : qui sème le vent récolte la tempête ! Même si Dieu pardonne nos péchés, nos actes ont toujours des conséquences et si Dieu peut effacer le péché et on va voir qu’il effacera le péché, ce qu’il ne peut pas effacer, ce sont les conséquences du péché. Si je crève un œil, Dieu peut me pardonner, mais l’œil crevé reste crevé. Il faut faire très attention, le péché, c’est quelque chose de vraiment sérieux à cause de ses conséquences qui ne peuvent pas être effacées comme par un coup de baguette magique !
C’est en entendant les conséquences de son péché que David va réaliser la profondeur, l’ampleur de ce péché. Alors, il entre dans une vraie démarche de repentir en prononçant ce cri jailli de son cœur : « J’ai péché contre le Seigneur ! » Souvent, ce qui nous fait le plus souffrir dans les péchés que nous commettons, c’est que notre image idéale est écornée, nous ne sommes pas aussi bien que nous voudrions être, nous ne sommes pas aussi bien que nous aimerions paraître. Mais ce n’est pas ça qui doit nous faire le plus souffrir, en réagissant de la sorte, nous rajoutons un nouveau péché, le péché d’orgueil qui fait que nous devenons la mesure de toute chose ! Ce qui devrait nous faire le plus souffrir, c’est de découvrir que nous avons profondément blessé un frère, une sœur, que nous l’avons fait souffrir et que nous avons blessé le cœur de Dieu. Tant que nous n’avons pas expérimenté cette souffrance-là, nous ne sommes pas dans une vraie démarche de repentir. Nous pouvons aller nous confesser, mais c’est souvent parce que nous ne supportons plus la honte, nous sommes encore auto-centrés.
David, lui, il est entré dans une vraie démarche de repentir puisqu’il dit : « J’ai péché contre le Seigneur ! » Il n’est plus auto-centré. Du coup, la parole de miséricorde du Seigneur pourra le rejoindre au plus profond de lui-même et accomplir son œuvre dans le cœur de David. D’une certaine manière, on peut dire que Dieu nous pardonne toujours et même avant que nous ne le lui demandions. Mais son pardon ne pourra porter du fruit qu’à la condition que nous soyons dans une vraie démarche de repentir autrement, cette parole coûle comme de l’eau sur les plumes d’un canard ! Nous sommes contents, nous sommes soulagés parce que nous sommes lavés de la honte. Mais rien ne changera vraiment dans nos vies parce que notre cœur n’était pas contri, pas vraiment ouvert. La Parole de pardon a glissé sur nous sans pouvoir pénétrer et accomplir son œuvre.
Reste encore une parole qu’il faut éclaircir, c’est la déclaration de Dieu qui dit : L’enfant va mourir. Les psychanalystes chrétiens quand ils lisent ce passage, peuvent nous aider à comprendre le sens d’une telle parole. Un enfant pour vivre, pour s’épanouir, il a besoin d’amour. C’est le don des époux qui ouvre à la vie, en dehors du don, un enfant ne peut pas avoir d’espace pour vivre. Or, cet enfant, il faut oser le dire, il était le fruit d’un viol, il n’avait donc pas d’espace pour exister, pour s’épanouir. David le réalise et entre dans une grande démarche pénitentielle qui manifeste encore qu’il n’a pas accueilli la parole de miséricorde comme une simple lessive qui le purifierait de sa honte. Cette parole de miséricorde fait vraiment un grand et beau travail en lui.
Oui, Dieu est miséricorde infinie, mais ce texte nous aide à comprendre que ce n’est pas une miséricorde à l’eau de rose !
Merci père.
si ce n’est pas de l’eau de rose, cela doit être de l’eau de vie ?
Bien trouvé !
merci pour le merci !