10 avril : lundi dans l’octave de Pâques. Emportés par un torrent de vie !

Le livre des Actes des Apôtres sera le fil rouge des premières lectures de tout ce temps pascal. Toutefois, ne nous y trompons pas, tout ce qui est raconté n’a pas été raconté après Pâques, mais après Pentecôte. La lecture d’aujourd’hui commençait d’ailleurs par ces mots : Le jour de la Pentecôte, Pierre, debout avec les onze autres Apôtres, éleva la voix … Il aura fallu les 50 jours du temps pascal et le don du Saint-Esprit pour que Pierre et les apôtres puissent tout à la fois digérer les événements de la passion/résurrection et en comprendre le sens. Ce discours de Pierre que nous avons entendu et que nous continuerons d’entendre demain est donc la relecture que le Saint-Esprit a permis à Pierre de faire de tous ces événements. Puis dans les jours qui suivent, nous verrons comment les apôtres, comment la 1° communauté se met au service de la puissance de vie du ressuscité qui veut toucher tous les cœurs. 

Aujourd’hui, nous avons donc entendu la 1° partie de ce discours-relecture de Pierre. Que pouvons-nous en retenir ? J’ai envie de le résumer par ces mots : quoiqu’il se passe, quoiqu’il nous arrive, Dieu reste à la manœuvre. Vous relirez le texte, c’est vraiment étonnant, Dieu est le sujet de la plupart des verbes. L’insistance est tellement marquée qu’on pourrait presque finir par se demander : mais est-ce Dieu qui a voulu tout ça ? Est-ce Dieu qui a voulu que la violence se déchaine contre Jésus ? Est-ce Dieu qui a voulu la défaillance des apôtres et de Pierre en premier ? Du coup, la question se pose : fallait-il autant de violence pour que nous soyons sauvés ?

Evidemment, non, j’en ai parlé plusieurs fois aux retraitants ! Ce discours de Pierre est une relecture de foi et non pas une narration des événements. Ce n’est pas Dieu qui aurait voulu la souffrance de Jésus, ce n’est pas Dieu qui aurait inspiré la violence des hommes et la faiblesse des apôtres. Non, ça s’est passé comme ça et, hélas, ça continue à se passer encore comme ça dans notre monde soumis à la violence, à l’égoïsme individuel et collectif des peuples. 

Ce qui est sûr, c’est que toutes ses souffrances générées par ces situations font poser la question : mais où est Dieu ? Que fait-il ? Pourquoi n’intervient-il pas ? Eh bien, finalement, c’est à ces questions que répond le discours de Pierre. Dieu n’a pas voulu la souffrance, il n’a pas inspiré la violence, mais quand tout cela s’est passé, Dieu restait à la manœuvre. Il n’a pas dit : les hommes n’en valent pas la peine, je jette l’éponge et que tout se passe comme ils l’ont décidé ! Non ! Dieu est intervenu au cœur de ces événements pour en inverser la logique. 

La logique ça aurait dû être la victoire de la haine mais Dieu a inversé cette logique et ce n’est pas la haine qui l’a emporté, mais l’amour grâce au pardon, grâce à l’offrande de la vie de Jésus dans l’amour. Voilà ce que signifie le fait que Dieu soit le sujet de tant de verbes. Nous connaissons tous la très belle formule : Dieu sait écrire droit sur des lignes courbes. Oui, ces lignes de la passion étaient courbes et même carrément tordues par la violence, la haine, l’injustice, mais Dieu a su écrire droit l’histoire du Salut à partir de ces lignes courbes et tordues. Il est resté à la manœuvre, dans le silence, certes, mais nous avons médité avec les retraitants sur ce silence qui révélait une si belle présence de Dieu à chaque instant de la passion. 

Peu à peu, grâce à l’engagement de témoins, saisis eux-mêmes par cette puissance de vie et d’amour du ressuscité, les ténèbres ne pourront plus jamais gagner du terrain sans que de valeureux combattants ne les affrontent. Voilà donc quelques clés pour entendre les 1° lectures de ce temps pascal.

Venons-en à l’Evangile ! Je voudrais souligner deux points, le 1° point concerne la manière dont Jésus va appeler ses disciples dans l’apparition aux femmes et le 2° point, concerne la peur des autorités juives obligées d’inventer un mensonge pour empêcher la propagation du message de la résurrection. 

1° point : Le mot que Jésus utilise pour désigner ses apôtres lorsqu’il apparait aux femmes me touche beaucoup. Il dit  : allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée.

Vous avez bien entendu, il les appelle « ses frères », et c’est la 1° fois, dans l’Evangile, que Jésus utilise ce mot de « frères » pour désigner ses apôtres. Il est quand même extraordinaire Jésus, ils l’ont tous, ou presque tous, abandonné et lui les appelle « ses frères » ! Il ne dit pas aux femmes : allez dire à ces faux-frères que j’ai quelques comptes à régler avec eux. Non ! Il dit : Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. Il les appelle « ses frères » et il leur donne rendez-vous en Galilée, là où ils ont vécu ce temps de compagnonnage si merveilleux. 

Comme les jeunes le disent : trop fort, Jésus ! La lettre aux hébreux dira que Jésus n’aura jamais honte de nous appeler ses frères. Hb 2,11 A chaque fois qu’il pourra nous arriver, nous aussi, de renier Jésus, de l’abandonner et que la culpabilité nous anéantira, rappelons-nous bien cette parole : Jésus n’aura jamais honte de nous appeler ses frères et allons-vite, le plus vite possible nous jeter dans ses bras de crucifié-ressuscité éternellement ouverts pour nous accueillir.

Le 2° point concerne la peur des juifs qui sont obligés d’inventer un gros mensonge pour éviter que la nouvelle de la résurrection se propage. Pourquoi avaient-ils donc si peur de laisser cette nouvelle se propager ? Tout simplement parce que les responsables juifs avaient le pressentiment que cette nouvelle aurait la puissance de la dynamite. Rappelez-vous, samedi soir, ce même Evangile de Matthieu nous rapportait que la résurrection avait provoqué un tremblement de terre. J’avais commenté un peu trivialement cet événement en disant que tous les tombeaux des morts, dans ce tremblement de terre avaient été touchés et qu’ils avaient perdu leur étanchéité ! La vie était en train de s’infiltrer partout, jusque dans les lieux de mort si bien scellés jusqu’alors. Les responsables juifs n’en voulaient pas parce qu’ils sentaient bien que tout allait leur échapper. Alors, ils ont préféré faire courir un gros mensonge pour tenter de préserver leur pouvoir. 

Mais allez donc arrêter un torrent de vie ? On le voit bien dans les images que la télévision nous présente en cas d’inondations, les torrents qui se forment emportent tout sur leur passage, rien ne leur résiste. Ce torrent de vie qui jaillit de la résurrection de Jésus a une puissance encore plus grande. Le mensonge bien étudié des responsables sautera comme ces dérisoires protections que certains essaient de mettre pour se protéger en cas d’inondation ! Et il continue encore aujourd’hui à tout emporter sur son passage. Le témoignage des catéchumènes est éloquent de ce point de vue. Hier, j’ai pris le repas avec deux catéchumènes, baptisée et confirmée l’année dernière à Pâques. Elles n’imaginaient pas un seul instant que ce qui s’est produit pour elles puisse produire. Mais le torrent de vie est venu et a fait sauter toutes les protections qu’elles s’étaient construites et elles ont été emportées dans ce courant de vie qui leur fait vivre, aujourd’hui douloureusement les messes dans leur paroisse où elle se demandent pourquoi les chrétiens sont tristes, ronchons, si peu lumineux. C’était tellement beau de les entendre … et en même temps tellement douloureux !

Que ce torrent de vie nous emporte tous ! Qu’il emporte nos tristesses, nos rancunes, nos mauvaises habitudes, qu’il emporte toutes les protections que nous construisons sans cesse pour tenter de nous préserver. Qu’il emporte tout et qu’il nous emporte avec !

Cette publication a un commentaire

  1. Adéline

    Amen ! 🙂

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