Avec tout ce que j’ai dit hier sur le contexte historique dans lequel Elie a exercé son ministère de prophète, nous sommes à même de goûter la saveur de cette 1° lecture qui est comme une cinéscenie, un grand spectacle. Mais il ne faudrait pas imaginer qu’Elie a monté ce grand scénario juste pour défier les prêtres de Baal et crâner un moment. Sûrement pas, même si, hélas, il va déraper à la fin en égorgeant les prêtres de Baal, ce que le Seigneur, évidemment ne lui avait pas demandé. Mais au point de départ, l’objectif était bon et même essentiel car je vous rappelle que l’une des significations du nom de ce dieu-Baal, c’est propriétaire. Il s’agit donc de voir une bonne fois pour toutes à qui appartient ce peuple : est-il à Baal, ce dieu nouveau venu et païen, comme le prétendent la reine Jézabel et ses prêtres ou est-il au Dieu des Pères qui a tout fait pour lui ?
La sécheresse imposée par Dieu était déjà un premier élément de preuve, Baal se prétendait Dieu de la fertilité, c’est ce qu’on va voir dit le Seigneur qui, à la manière du grand fontainier de Manon des sources, ferme le robinet céleste. Mais cette mise en scène grandiose vise à prouver définitivement que Baal est un usurpateur. La preuve : il est incapable de faire tomber le feu du ciel sur le sacrifice préparé par ses prêtres qui, pourtant, sont en très grand nombre et multiplient les incantations. Du coup, devant leur échec, Elie va même se permettre de charrier les prêtres de Baal : « Criez plus fort, puisque c’est un dieu, il est forcément préoccupé par des soucis ou il règle des affaires, ou bien il est en voyage ; il dort peut-être, mais il va se réveiller ! » Elie a intérêt à réussir parce qu’après les avoir brocardés de cette manière, il ne peut pas se permettre un échec ! Mais justement, Elie, tout seul sans aucun moyen et en compliquant même la tâche en versant de grandes quantités d’eau sur le bois, Elie, par une simple prière va obtenir ce qu’il demande : le feu tombe sur l’autel. Le Seigneur, le Dieu des Pères a montré qui est le boss, qui est le propriétaire !
Je dis un petit mot de la suite parce que nous ne l’entendrons pas demain, en raison de la fête de St Barnabé. Pour Dieu, c’était fini, la preuve avait été apportée que Baal était un usurpateur, que cette religion, c’était du vent, d’ailleurs le peuple l’avait bien compris puisque nous avons entendu dans la fin du texte : « Tout le peuple en fut témoin ; les gens tombèrent face contre terre et dirent : « C’est le Seigneur qui est Dieu ! C’est le Seigneur qui est Dieu ! » Elie n’avait pas à égorger les 450 prêtres de Baal comme il l’a fait ensuite. Evidemment Dieu ne le lui avait pas demandé. Il avait manifesté sa puissance, il n’y avait ni à humilier, ni à tuer. A chaque fois que ça aurait été nécessaire, il suffisait de relancer un défi et le Seigneur n’aurait pas eu de mal à s’imposer. Mais Elie, emporté par sa fougue, va égorger les prêtres de Baal pour supprimer cette religion. Ça va déclencher une colère terrible chez la reine Jézabel et Elie sera obligé de fuir. Découragé, ne comprenant plus rien sur Dieu parce qu’il n’apprécie pas ses exploits, Elie voudra se laisser mourir et ne retrouvera goût à la vie qu’en faisant cette expérience bouleversante de l’humilité de Dieu sur la montagne de l’Horeb, découvrant la présence du Dieu tout-puissant dans le silence ténu d’une brise légère !
Retenons les leçons de ce texte, j’en mets deux en avant :
- Ce n’est pas la puissance des moyens qui donne la victoire. Nous rêvons toujours d’avoir toujours plus de moyens à notre disposition pour réussir ce que nous entreprenons, pour mener à bien nos projets, plus de moyens matériels, plus de moyens humains. Ce texte nous a montrés que parfois, avec de très gros moyens, on n’arrivait à rien alors qu’avec des moyens dérisoires on pouvait parfaitement réussir à condition de compter sur Dieu, mais de vraiment compter sur lui !
- Quand nous rêvons d’humilier ceux qui se mettent en travers de notre route pour bloquer nos projets ou au moins les contrarier, ce désir ne peut jamais venir du Seigneur et, tôt ou tard, la violence que nous utilisons pour humilier se retournera contre nous, qu’il s’agisse de la violence des paroles, des écrits ou des actes.
Venons-en à l’Evangile. Nous sommes toujours étonnés d’entendre Jésus dire : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » ou encore : « pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi. » Oui, Jésus en défenseur de la Loi, ça nous étonne parce qu’il n’est pas rare qu’il ferraille avec les pharisiens précisément sur ce sujet de la Loi. Mais ce n’est jamais la Loi que Jésus remet en question, comment pourrait-il le faire, la loi a été donnée par Dieu ! Mais c’est au légalisme qu’il s’attaque et ça, il ne le supporte pas. C’est pourquoi, il dit qu’il est venu accomplir la loi et St Paul donnera toute la clarté nécessaire à cette expression dans la lettre aux Romains en disant que l’accomplissement parfait de la Loi, c’est l’amour.
Jésus recadre donc les pharisiens et tous ceux qui auraient tendance à se laisser aller à un légalisme étroit, la loi, son seul but, c’est de conduire à l’amour. Si l’homme n’était pas pécheur, il n’y aurait pas besoin de loi, il serait naturellement porté à faire le bien, mais ce n’est pas le cas, alors il faut la loi.
Et la Loi, vous savez que ce sont les 10 paroles de vie qu’on devrait appeler ainsi et non pas les 10 commandements plus les 613 prescriptions qui ont été rajoutées pour expliciter cette loi générale. Les juifs qui aiment jouer sur les nombres disent que 613, c’est 365 + 248 ! Or, dans les 613 prescriptions, il y a 365 prescriptions négatives et 248 obligations. Pour eux et leur passion des nombres, ça devient très intéressant car 365 c’est le nombre de jour de l’année, c’est un peu comme si la loi disait : chaque jour, tu dois rester vigilant pour ne pas franchir la ligne rouge et rester dans l’amour, aucun jour pour te relâcher, tout doit être vécu dans l’amour. Et, 248, on considérait que c’était le nombre de parties qui composaient le corps humain. Si vous additionnez les deux oreilles, le nez, les dents et tout le reste, ça fait 248 ! Donc, c’est un peu comme si la loi disait : tout ton corps doit être engagé dans le respect de la loi, il n’y a pas un seul organe qui soit dispensé de bien se comporter !
Oui, l’accomplissement parfait de la loi, c’est l’amour, mais si Jésus ne supprime pas la Loi, c’est justement parce qu’elle va nous permettre de ne pas seulement parler d’amour, d’avoir des idées sur l’amour, mais de nous y engager totalement et tous les jours. Que l’Esprit-Saint nous donne de rester dans ce parfait équilibre auquel Jésus nous invite et que Marthe a si bien résumé dans cette belle parole : La fidélité à l’amour par l’exactitude dans l’accomplissement des petites choses. »
en ce 10 juin, bon anniversaire sacerdotal : pour vous c’est presque la température parfaite. elle le sera sans doute pour l’année prochaine ; attention cependant aux excès de température, là où vous serez. un peu d’humidité histoire de refroidir l’atmosphère représentera un bon remède.
Hier cher père,nous vous avons confié intensément, en présence de la Vierge Marie,Saint Joseph et Marthe au Coeur Sacré de Jésus,pour votre bel anniversaire sacerdotal ..
Et ce dimanche ,au cours de l’Offertoire de la Messe de la Solennité du Corps et du Sang du Christ,nous offrirons( en rendant grâce) au Seigneur par Marie,toute votre personne,toute votre vie et toutes vos années de prêtre passées,présentes et futures…
Ci joint deux petits cadeaux pour votre anniversaire de sacerdoce,venant directement du coeur du père Cantalamessa ,que vous découvrirez dans ces deux liens…
https://youtu.be/NxYSykBtwfA
https://youtu.be/jFXRyJzy_uY
Bien filialement,Barbara avec Emmanuel
Ah le bon père Raniero … ses enseignements sont toujours de l’or en barre !
Merci pour votre prière !
P. Roger