10 mai : mercredi 5° semaine de Pâques. Manquait-il quelque chose à ce que le Christ a souffert pour nous ? (1° lecture) Parce qu’il nous aime, le Père émonde pour que nous portions beaucoup de fruits ! (Evangile)

L’événement qui nous était rapporté dans la 1° lecture et qu’on appelle habituellement « l’incident d’Antioche » est un événement très grave, les lectures des jours suivants nous montreront qu’il a conduit à l’assemblée de Jérusalem. Il aura fallu le 1° concile de l’Eglise pour régler ce problème. Nous aurons sûrement l’occasion d’en reparler les jours qui viennent. Je tiens vraiment à signaler qu’il ne s’agit pas d’une petite querelle comme il en existe si souvent dans les communautés ! Non, le problème soulevé par les judaïsants venus visiter la communauté d’Antioche est très important puisqu’il touche au Salut. Vous avez entendu ce qu’ils disaient : « Si vous n’acceptez pas la circoncision selon la coutume qui vient de Moïse, vous ne pouvez pas être sauvés. » C’est la question du Salut qui est en jeu puisqu’ils disent que sans la circoncision, pas de Salut possible ! On imagine immédiatement que, tout particulièrement pour Paul, ces propos sont insupportables puisqu’ils laissent entendre qu’il manquait quelque chose à l’œuvre de Salut accomplie par le Christ. Pour lui, c’est intolérable et, finalement, toute l’épitre aux Romains développera ce thème : il ne manquait rien à l’œuvre de Salut accomplie par le Christ, nous ne sommes pas sauvés en rajoutant quelque chose, nos bonnes œuvres qui viendraient compléter ce qui manquait. Non, Christ a tout bien fait, la seule chose qui est demandée aux hommes, c’est la foi, c’est-à-dire reconnaître que j’ai besoin d’être sauvé car je suis un pécheur multirécidiviste et croire que Christ a tout bien fait pour me permettre de devenir juste. L’assemblée de Jérusalem a tranché sur ce problème, mais dans la suite des siècles qu’il a été difficile d’accueillir la gratuité du Salut, les débats avec Luther en seront une brillante illustration. Demandons au St Esprit qu’il vienne purifier et consolider notre foi pour que nous puissions vraiment croire que Christ a tout bien fait pour nous sauver !

Venons-en à l’Evangile. J’aimerais retenir deux points de cet Evangile si riche sur lequel on pourrait méditer des heures et des heures. Le premier point concernera cette identification de Jésus avec la vigne et le 2° attirera notre attention sur un détail de la formulation qui peut avoir de grandes répercussions pour nous. 

1° Point, Jésus a pris la vigne comme référence et il n’a pas choisi la vigne au hasard. En effet, cette image de la vigne est présente dans toute la Bible. Mais justement, il est bon de se demander pourquoi la vigne est si souvent présente dans les images de la Bible. Je crois que la réponse est simple : la vigne produit le raisin et c’est avec du raisin qu’on fait du vin et, nous le savons, comme le dit la Bible : « le vin réjouit le cœur de l’homme. » Le vin, consommé avec modération, bien sûr, est le signe de la fête, de la joie. Ce n’est pas un hasard si le 1° signe accompli par Jésus à Cana est le changement d’eau en vin, comment cette fête de mariage aurait-elle pu se continuer sans vin ? Jésus est venu pour que nous faire sortir de cette religion du légalisme que j’aime appeler la religion de la transpiration qui n’attire personne et qui finit par décourager tous ceux qui n’ont pas une âme de légionnaire. Dans cette religion on ne sait que faire rimer Foi avec Loi en résumant la foi en un catalogue d’obligations et d’interdictions. Jésus, lui, il est venu pour faire rimer foi et joie, c’est ce qu’induit cette image de la vigne. La joie que Jésus nous offre n’est pas une joie béate. Nous savons que le grand mystique oriental Séraphim de Sarov saluait ceux qui venaient le visiter par ces paroles : « Ma joie, Christ est ressuscité. » Sa joie ne dépendait pas de ses états d’âme, mais elle était alimentée par la certitude de foi qui l’habitait en permanence que Jésus est vainqueur de toute mort et qu’il était toujours avec lui. « Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit » dit Jésus et le fruit que nous devons porter, il s’apparente au raisin duquel sera tiré le vin qui réjouit le cœur de l’homme. C’est-à-dire qu’à l’image de Seraphim de Sarov, nous devrons porter des fruits de joie, une joie qui ne dépend pas de nos états d’âme, ni même de nos réussites, mais qui trouve son fondement dans la victoire du Christ.

Dans le 2° point, je voudrais attirer notre attention sur une formulation qu’utilise Jésus : « Demeurez en moi, comme moi en vous. » Le tournure grecque est plus abrupte : « demeurez en moi et moi en vous. » C’est-à-dire demeurez en moi pour que moi je puisse demeurer en vous. Il ne s’agit pas là d’un appel réservé à ceux qui auraient des aspirations mystiques. 

Non Jésus précise le grand enjeu qu’il y a à entendre cette parole puisqu’il nous dit : « En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. » Jésus ne dit pas que sans lui on ne sera qu’à 50% de nos capacités, non, il dit que sans lui, nous ne pouvons rien faire, que même le meilleur de ce que nous faisons peut vite se gâter et disparaitre. J’ai lu, il y a quelques temps un article d’un psy qui expliquait que notre cerveau n’aimait pas les ordres négatifs. Quand vous voulez faire un régime, il ne faut pas dire : je ne mangerai plus de tête de veau, il est préférable de dire : je veux me délecter de carottes râpées. Eh bien, formulez de manière postive ce que Jésus a dit de manière négative, transformez le « en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire » en « avec moi, vous pourrez tout réussir. » Quand nous patinons, personnellement ou communautairement, il y a la matière à nous interroger de manière très concrète sur ce qui est prioritaire dans notre journée.

Enfin, quand nous aurons pris la décision de demeurer en lui, il viendra demeurer en nous, c’est sûr, mais très vite, il va nous demander une permission importante : est-ce que tu acceptes de laisser travailler mon Père en toi ? Nous en avons tous fait l’expérience : notre « moi » est si encombrant et si vivace qu’il ne cessera jamais de produire de nouvelles pousses. Alors le Père qui est le vigneron va être vigilant pour tailler ces pousses afin qu’elles ne viennent pas pomper inutilement ou clandestinement la sève que nous recevrons de notre union avec Jésus. La taille, ce n’est jamais agréable, et, sans doute plus que dans le passé, nous sommes dans ce temps où le Père émonde et il le fait en taillant court ce qui provoque de grandes souffrances. Mais croyons que, Lui, il sait ce qu’il fait et qu’il le fait pour que nous portions à nouveau beaucoup de fruits.

Cette publication a un commentaire

  1. Adéline

    « Avec Jésus, je pourrai tout réussir » ! 😉

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