Comme nous l’avons vu hier, les apôtres et ceux qui les assistent ont pu trancher la question qui a conduit à la convocation de cette assemblée de Jérusalem, 1° concile de l’histoire de l’Eglise. Tout le monde a pu s’exprimer, chacun l’a fait dans la sérénité du coup, la décision prise est facilement acceptée puisqu’aucun camp n’a l’impression que l’autre lui a dicté sa loi, c’est au service de la volonté de Dieu scrutée ensemble que tous vont se mettre. Et, quand la décision est prise, l’Assemblée décide d’envoyer une lettre à l’Eglise d’Antioche qui a été au cœur de la tempête.
Cette lettre sera portée par 4 personnes : Barnabé et Paul parce qu’ils ont été témoins du problème et qu’ils sont profondément liés à cette communauté d’Antioche, Jude et Silas qui ne sont pas des personnes en vue, mais qui sont délégués de l’Eglise et ça suffit à leur donner une vraie légitimité. Que contient cette lettre ? Je la résumerai en 5 points.
- 1/ La reconnaissance du problème. L’Eglise ne cherche pas à camoufler la défaillance de ceux qui ont troublé la communauté par des agissements pour le moins inappropriés.
- 2/ La reconnaissance de la place prépondérante de Barnabé et Paul qui sont particulièrement mis à l’honneur en reconnaissant « qu’ils ont fait don de leur vie pour le nom de notre Seigneur Jésus Christ. » Cette reconnaissance est très belle car il faut savoir lire entre les lignes ! Le compte-rendu de l’Assemblée de Jérusalem dans les Actes est assez lisse, mais quand on va lire la manière dont Paul en rend compte dans l’épitre aux Galates, on voit bien que ça a été tendu entre Pierre et Paul. Mais cette lettre nous montre qu’au terme de l’Assemblée puisqu’on n’a cherché à se mettre au service de la volonté de Dieu, il n’y a plus de questions de personnes. Pierre qui a forcément eu un rôle de premier plan dans la rédaction de la lettre met en valeur le ministère de Paul. Magnifique !
- 3/ Dans la lettre, il y a cette formule qui nous semble extrêmement audacieuse : « l’Esprit-Saint et nous-mêmes avons décidé. » Mais c’est bien la réalité ! Manifestement l’Esprit-Saint a éclairé l’Assemblée dans la relecture des événements qu’elle devait faire et a conduit à une décision paisible. Du début à la fin de cette assemblée, les participants se sont mis à l’écoute du Saint Esprit. Et ce n’est pas pour rien si, aujourd’hui encore, un concile s’ouvre tujours par le chant du Veni Creator.
- 4/ La manière dont la lettre présente les décisions qui ont été prises ne laisse aucun doute : il ne s’agit pas du résultat d’un compromis dans lequel on aurait essayé de ne froisser personne. Non, manifestement, ce qui a été décidé, c’est ce qui s’impose au terme de ce chemin parcouru dans la fidélité à l’Esprit-Saint. Les compromis ne sont jamais très bons, si la décision n’est pas mûre, il vaut mieux attendre, travailler, prier… plutôt que de prendre une décision boiteuse.
- 5/ Une parole d’encouragement : « Vous agirez bien, si vous vous gardez de tout cela. Bon courage ! » L’Assemblée de Jérusalem était là pour orienter l’Eglise vers l’avenir, maintenant, il faut y aller avec un courage créatif !
Le signe que tout cela est bien le fruit d’un véritable chemin synodal éclairé par l’Esprit-Saint, c’est que la lecture de cette lettre suscite réconfort et joie qui sont de beaux fruits permettant de vérifier l’action du Saint Esprit. Inspirons-nous largement de ce processus dans toutes les décisions importantes que nous avons à prendre !
Et pour affronter l’avenir, gardons surtout au cœur cette parole de Jésus entendue dans l’Evangile : Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Quand tu nous as choisi, Seigneur, tu connaissais nos faiblesses et pourtant tu nous as quand même choisi ! Alors, plutôt que de regarder sans cesse nos faiblesses et de nous laisser paralyser, donne-nous de nous appuyer sur la force de ton appel et de ta promesse : tu fais de nous tes amis.