13 novembre … je me fais l’avocat des 9 lépreux !

            Permettez-moi de commencer par défendre les 9 lépreux qui ne sont pas revenus vers Jésus. Avant de les blâmer, je pense qu’il faut d’abord les admirer. Et il y a au moins deux points admirables que je voudrais souligner dans leur attitude. 

1/ Tout d’abord, ils ont su constituer une petite communauté qui ne reproduisait pas les clivages habituels de la société juive. En effet parmi ces 10, il y avait un samaritain et 9 juifs. Or, nous le savons bien les juifs et les samaritains ne pouvaient pas se voir. Ces 10 lépreux, compagnons d’infortune, ils avaient mis de côté toutes les barrières traditionnelles pour constituer une véritable communauté. En effet, l’évangile en précisant qu’ils étaient 10 veut nous indiquer quelque chose de très important. 10, c’est le nombre minimum pour constituer une communauté de prière, pour faire une lecture communautaire de la Torah. Les 9 juifs avaient accepté d’intégrer un samaritain pourtant considéré comme hérétique afin de constituer leur communauté de prière. Puisqu’ils étaient exclus de la grande communauté, à cause de leur maladie, ils avaient reconstitué une petite communauté avec le nombre minimum, mais cette communauté était exemplaire parce que tout le monde avait sa place.  La misère qu’ils partageaient les avait fait grandir en humanité et en spiritualité. Admirable, non ? 

2/ Il y a encore un autre point qui doit forcer notre admiration. À ces 10 lépreux venus demander leur guérison, Jésus va leur faire subir une épreuve terrible pour la foi. Parce que vous avez entendu, la guérison, il ne la donne pas immédiatement. Il leur dit : allez d’abord vous montrer aux prêtres. Mais quand Jésus leur demande ça, ils ne sont encore pas guéris ! 

Vous le savez, les lépreux étaient exclus de la société d’alors parce que la lèpre était une maladie extrêmement contagieuse. Mais, ce n’est pas tout, la lèpre était aussi une maladie honteuse, on pensait qu’elle arrivait comme un châtiment de Dieu pour punir ceux qui avaient eu des comportements très déviants. Ainsi donc un père de famille qui devenait lépreux se voyait rejeté à l’écart du village en n’ayant plus jamais le droit d’embrasser sa femme et ses enfants. 

Si par miracle, car il fallait un miracle, la lèpre à cette époque ne se guérissait pas, le lépreux retrouvait la santé, seuls les prêtres, ayant examiné l’ancien malade, pouvaient accepter sa réintégration dans la communauté. 

C’est pour cela que Jésus envoie ces lépreux se présenter aux prêtres … oui, mais quand il les envoie, ils ne sont pas encore guéris ! Il leur demande de poser un acte de foi extraordinaire et ils acceptent … Admirable, non ? Ils auraient pu dire à Jésus : maître, guéris-nous d’abord et après on ira se montrer aux prêtres. Non, ils acceptent de faire confiance à Jésus. Ils n’ont encore rien vu comme signe de leur guérison, et pourtant ils acceptent de partir. Quelle foi ! 

Alors, oui, c’est vrai, il n’y en a qu’un qui revient pour remercier. Mais, peut-être les 9 autres allaient-ils venir ensuite ! Parce que, quand même, il faut les comprendre : ayant obtenu des prêtres leur réintégration, j’imagine que leur 1° réflexe a été de courir vers leurs femmes et leurs enfants pour les serrer dans leurs bras. Ils n’ont pas pu attendre, ils sont allés chez eux en premier faire partager leur joie. 

Vraiment, je ne peux pas imaginer un seul instant que Jésus blâme les 9 qui ne sont pas revenus, mais par contre, c’est sûr, il a une l’admiration sans limite devant l’attitude du samaritain qui, lui, est revenu avant d’aller embrasser les siens. Les autres ne sont pas à blâmer, mais lui, il a eu une attitude particulièrement extraordinaire. Et je crois que ce qui lui a permis d’avoir cette attitude si extraordinaire, c’est que, comme Samaritain, il avait bien conscience, encore plus que les 9 juifs, de ne pas mériter ce qu’il venait d’obtenir. Les 9 juifs étaient sûrement des juifs pieux, ils pouvaient donc penser que leur guérison était méritée car leur maladie avait été injuste, ils ne méritaient pas une telle punition. Le samaritain, cet étranger hérétique, il avait forcément conscience de ne rien mériter venant de la part de Jésus, ce maître juif. 

Alors, Seigneur, puisque tu nous donnes en exemple ce samaritain, nous te demandons de nous faire la grâce de réaliser que nous non plus, nous ne méritons rien de tout ce que nous recevons de toi. Donne-nous un cœur aussi large que le sien pour nous tenir dans une action de grâce permanente parce que, même si nous ne méritons rien, tu nous donnes tout puisque, une fois de plus dans cette Eucharistie, tu te donnes à nous.

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