13 novembre Samedi 32° semaine Quand Dieu se fait mendiant d’amour !

J’imagine que vous le savez, le mot Évangile est un mot tiré du grec et il signifie Bonne Nouvelle. En grec, l’Evangile n’est pas un livre, c’est une bonne nouvelle ! Donc si on a donné ce nom d’Evangile au livre qui recueille les écrits de Matthieu, Marc, Luc et Jean, c’est parce qu’ils sont pleins de bonnes nouvelles. Ce que Jésus dit, ce que Jésus fait, c’est toujours une bonne nouvelle pour les hommes parce qu’il parle et agit toujours en faveur de notre Salut, même quand il nous bouscule un peu. Un bon réflexe à avoir quand on lit un passage d’Evangile, c’est donc de se demander : quelle Bonne Nouvelle y a-t-il dans ce texte ? Alors, appliquons la question à ce texte que nous venons d’entendre ! 

Je vous avoue que c’est un texte qui m’a longtemps résisté parce que je ne pouvais pas me résoudre à croire que la bonne nouvelle c’était que Dieu serait tellement lassé par nos prières insistantes qu’il finirait bien par répondre un jour et si ce n’était pas par amour, ça serait au moins pour qu’on arrête de lui casser les oreilles ! Si c’est ça que veut dire la parabole, tu parles d’une bonne nouvelle !

Pour comprendre cette parabole, du moins pour vous faire partager la manière dont j’ai fini par la comprendre, je crois qu’il faut renverser complètement la manière dont nous la lisons habituellement. Je crois pouvoir dire que c’est le St Esprit qui me l’a inspiré. Dans cette parabole, Dieu, il n’a pas la figure du juge inique, il ne manquerait plus que ça que Dieu soit un juge inique ! Non ! Dieu, dans ce texte, il a la figure de la veuve. Oui, Dieu est pauvre, comme le sont les veuves, Dieu est pauvre, parce que, comme cette veuve, il est en manque d’amour. Cette veuve, elle a perdu l’amour de sa vie. Eh bien, c’est ce qui arrive constamment à Dieu, chacun d’entre nous est l’amour de sa vie et Dieu nous perd sans arrêt, nous qui choisissons si souvent de le quitter, au moins pour un temps, de l’ignorer, nous qui refusons de répondre à ses demandes de rendez-vous. Alors, comme tous les pauvres, Dieu se fait mendiant d’amour parce que, comme cette veuve, il souffre trop de nous avoir perdu. Lui qui est amour, lui qui n’est qu’amour, il a tellement soif d’aimer, d’être aimé. La bonne nouvelle, c’est donc que Dieu ne lâchera pas le morceau comme ça ! Celui qui insiste, c’est donc Lui, Dieu et il insistera, totalement respectueux de notre liberté, certes, mais sans se lasser, tant que nous n’aurons pas ouvert la porte de notre cœur.

Écoutons-le nous dire et c’est poignant : rends-moi justice contre l’Adversaire ! Oui, écoutons-le nous dire avec des sanglots dans la voix : c’est l’Adversaire ou c’est moi qui te rends heureux ? Rends-moi justice contre l’Adversaire c’est à dire fais ce qui est juste. Ecoutons-le nous dire : je t’en supplie, regarde avec lucidité ce que tu deviens à chaque fois que tu suis les suggestions de l’Adversaire, à chaque fois que tu te laisses prendre dans les mailles de son filet. Et regarde ce que tu deviens quand tu acceptes de marcher avec moi. Oui, rends-moi justice contre l’Adversaire, fais ce qui est vraiment juste. Du coup, nous comprenons que le juge inique, c’est nous, c’est vous, c’est moi. C’est bien à nous de juger ce qu’il faut faire. Mais, de fait, nous sommes souvent iniques, nous ne faisons pas ce qui est juste. Reconnaissons-le : trop souvent, nous faisons la sourde oreille aux appels du Seigneur et c’est l’Adversaire que nous choisissons. Quand nous médisons, quand nous jugeons, quand nous refusons le pardon, quand nous entretenons des conflits inutiles, quand nous nous barricadons dans l’indifférence, quand nous ne donnons plus assez de temps au Seigneur, je ne continue pas la liste car chacun connait bien ses péchés et s’il n’arrive pas à les voir qu’il demande à celui, celle ou ceux qui vivent avec lui de les lui révéler car eux les connaissent parfaitement bien ! Oui, dans tous ces moments où nous sommes sinon lamentables au moins médiocres, c’est en en faveur de l’Adversaire que nous h-jugeons et, pour nous qui avons l’expérience de la douce bonté du Seigneur, ce n’est vraiment pas juste d’agir ainsi.

Quand on continue à lire la parabole de cette manière, ça marche encore. C’est vrai, ce n’est pas Dieu qui se lassera de nos prières et qui finira par répondre. Non, c’est nous qui finissons par craquer. Comme des parents qui ont puni leur enfant et qui font semblant de ne plus l’écouter finissent par craquer devant ses demandes insistantes : je veux un bisou ! Oui, nous finirons par craquer devant les demazndes insistantes de notre Dieu qui le veut ce bisou et qui l’attendra le temps qu’il faut ! 

Je continue le texte pour en arriver à sa conclusion : « Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit ? Est-ce qu’il les fera attendre ? Je vous le déclare : sans tarder, il leur fera justice. » Alors là vous pourriez me dire que cette lecture inversée de la parabole ne marche plus. Je n’en suis pas sûr ! Les élus dont il est question, ça ne vise pas forcément les hommes qui crient vers Dieu sans cesse. Ça pourrait désigner aussi les saints du ciel, St Brice que nous fêtons aujourd’hui, nos saints patrons, les anges, nos anges gardiens, les mémés et tous les frères parvenus au ciel qui crient vers le Seigneur jour et nuit en notre faveur ! Devant une prière si insistante, Jésus nous dit qu’on peut être tranquille : Dieu ne baissera jamais les bras. Il leur fera justice, c’est à dire qu’il fera ce qui est juste pour répondre à leur prière si insistante : il continuera à se proposer à nous avec insistance sans que la lassitude ne vienne le gagner à cause de tous nos refus. 

Et si Dieu est si insistant, c’est parce qu’il y a un enjeu formidable. Dieu ne peut pas faire autrement que passer par nous pour répandre le feu de son amour sur la terre. Alors il frappe et refrappe sans cesse à la porte de notre cœur. Il attend notre réponse, il espère notre réponse. Car, il le sait, si la porte de notre cœur reste fermée, le feu de l’amour sur la terre risque de perdre de la vigueur et à force de perdre de la vigueur, le fils de l’homme pourrait bien ne plus trouver de foi sur la terre quand il viendra. C’était la redoutable question qui était posée à la fin de l’Evangile.

Je termine en devançant trois objections :

1- Il y en a qui peuvent se dire : il en a de bonnes, lui ! Moi je n’ai jamais entendu le Seigneur qui faisait le siège devant la porte de mon cœur. 

Vous savez, il y a des personnes, vous pouvez bien frapper à leur porte, jamais elles ne vous ouvriront. Oh ! ce n’est pas qu’elles ne veulent pas, mais elles ne sont jamais chez elles ! Peut-être que nous vivons tout tellement superficiellement que nous ne sommes pas souvent au fond de notre cœur ! Pour ce week-end que vous passez ici, c’est donc une invitation à entendre cette parole de Marthe Robin que nous aimons bien dans les Foyers de Charité et qui aimait dire : ne restez pas au seuil de votre âme. Si vous voulez entendre le Seigneur qui frappe, ne restez pas au seuil de votre âme. Il y en a d’autres, vous ne pouvez jamais les avoir au téléphone, parce qu’ils sont toujours en train de passer un coup de fil, vous appelez, mais c’est toujours occupé. Peut-être que nous sommes de ceux-là ! Nous nous étourdissons dans le bruit, les activités. Profitez de ce week-end pour rentrer chez vous, dans votre cœur, dans votre couple et faites taire tout ce qui, d’habitude, vous empêche d’être vraiment à l’écoute du Seigneur ou de votre conjoint.

2- Deuxième objection, certains pourront dire : non seulement, je n’entends pas le Seigneur frapper à la porte de mon cœur, mais c’est surtout lui qui ne m’entend pas quand je frappe à la porte de son cœur ! J’ai fait le siège devant la porte de son cœur et jamais, il ne m’a ouvert ! J’ai crié jour et nuit et il ne m’a jamais répondu. Quand sera-t-il assez fatigué pour me répondre ? Je ne suis pas Dieu, je ne sais pas pourquoi il ne t’a pas donné ce que tu lui as demandé. Mais ce que je sais c’est que dans l’Evangile, il est dit : demandez et vous recevrez et je crois que l’Evangile dit toujours vrai ! Mais tu as bien entendu, il est juste dit : demandez et vous recevrez, il n’est pas dit demandez et vous recevrez ce que vous aviez demandé ! Alors ouvre les yeux parce que, même si le Seigneur ne t’a pas donné ce que tu lui as demandé, il est impossible qu’il ne t’ait rien donné. Il a dit : demandez et vous recevrez et tu peux lui faire confiance, contrairement aux hommes, Lui, il tient toujours parole ! Demande au St Esprit qu’il te donne de voir ce qu’il t’a donné ou ce qu’il veut te donner et que tu n’as encore pas su accueillir.

3- Troisième objection qui peut-être n’en est pas une, mais un simple constat : moi, je n’ai pas de problème parce que je lui ai ouvert la porte de mon cœur. J’ai vécu une belle rencontre avec le Seigneur, il y a 6 mois, 3 ans, 15 ans ou peut-être plus. Ok, tu lui as ouvert ta porte, mais j’ai quand même envie de te poser 2 questions et rassure-toi, je me les pose à moi-même en même temps.

  • 1° question : Tu lui as ouvert grand la porte de ton cœur et ce fut ta conversion. Es-tu sûr depuis d’avoir laissée grande ouverte la porte de ton coeur ? Avec le temps n’est-elle pas simplement entrebâillée ? Oh tu ne mets pas le Seigneur dehors, mais tu la laisses à moitié ouverte en disant : s’il veut entrer, il la poussera. Or tu sais bien qu’il ne la poussera pas, car Dieu ne force jamais le passage, il attend d’être le bienvenu et quand il voit une porte entrebâillée, il devine qu’il n’est pas le bienvenu, alors il reste dehors. Par contre, il y en a un qui aime forcer les portes entrebâillées, c’est justement l’Adversaire. Es-tu sûr d’avoir assez veillé à la porte de ton cœur ?
  • 2° question : Tu lui as ouvert grand la porte de ton cœur et depuis tu ne l’as jamais refermée, du moins à chaque fois que tu te rendais compte qu’elle se refermait, par le sacrement du pardon tu as voulu la rouvrir. Très bien ! Mais as-tu ouvert toutes les portes de ton coeur ? N’y aurait-il pas une dernière porte que tu as cachée derrière un rideau pour être sûr que le Seigneur ne puisse pas la voir et ne demande pas d’y entrer parce que derrière cette porte, il y a ce que tu ne veux pas qu’il voit, qu’il prenne ? C’est peut-être à cette porte que le Seigneur frappe depuis un moment, pas pour te dépouiller totalement mais pour te libérer entièrement. Voici que je me tiens à la porte et que je frappe : si tu m’ouvres ton cœur, j’entrerai. 

Et surtout ne te fais pas de souci pour savoir ce qu’il faudra lui dire, comment tu pourras justifier ton entêtement à le laisser dehors. Ne prépare rien, quand tu ouvriras, il n’y aura rien à dire, il te prendra dans ses bras et il y aura beaucoup de larmes : les tiennes, des larmes de regret, de repentir, mais surtout les siennes, il attendait ce moment depuis si longtemps ! 

Jésus dit une parabole pour expliquer pourquoi Dieu continuera à nous prier d’ouvrir la porte de notre cœur et il continuera à nous prier sans se lasser. Si tu n’ouvres pas aujourd’hui ce n’est pas grave, il ne se lassera pas. Ce n’est pas grave, mais c’est dommage parce que tu le sais bien, un jour près de Lui en vaut plus que 1000 ailleurs, alors ouvre vite, ne perds plus de temps, c’est pour ton Bonheur qu’il frappe sans se lasser.

Cette publication a un commentaire

  1. wilhelm richard

    Voilà que je l’ouvre à nouveau :
    si j’ai bien tout compris, Dieu est porte-bonheur !!!!!

    Alors ne la fermons pas … pour L’accueillir et se convertir Avent (c’est pour bientôt) que cela ne soit trottoir (ou trop tard) et se retrouver donc au bord du chemin de la Vie.

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