14 octobre : 3° homélie pour la retraite des prêtres. Laissez-vous conduire par l’Esprit.

C’est notre dernier jour avec l’épitre aux Galates, alors profitons-en ! Et, pour ce dernier jour, nous sommes gâtés puisque nous avons ce si beau texte et si stimulant des fruits de la chair et des fruits de l’Esprit.

L’Ecriture aime bien ces tableaux en noir et blanc. Vois, je mets devant toi la vie et la mort, le bonheur et le malheur, choisis ! Avec des choses aussi carrées, on comprend mieux que tous nos choix, même les plus petits, ont des conséquences. Ce que tu fais, ce que tu décides de faire ou de ne pas faire te permet d’avancer soit sur le chemin du bonheur et de la vie, soit sur le chemin du malheur et de la mort. Et bien évidemment, il ne faut pas en faire uniquement une interprétation individualiste ce que tu fais te fais avancer et entraine avec toi sur le chemin de la vie ou le chemin de la mort. L’Ecriture est claire : tout ce que nous faisons a des conséquences et il n’y a pas de voie moyenne ! Mais vous connaissez le texte du Deutéronome, je le trouve tellement beau, ce que je viens de dire, c’est l’énoncé de la règle, ça marche comme ça et il faut en être conscient, mais immédiatement après l’énoncé de la règle, il y a la petite voix de Dieu qui se rajoute et qui intervient en suppliant : mais, choisis donc la vie !

Avec ce texte de l’épitre aux Galates, nous sommes dans la même logique. Mais là, c’est l’opposition chair et Esprit qui est mise en avant. La chair, nous le savons, c’est l’homme livré à lui-même, c’est l’homme qui n’agit qu’en tenant compte de ses instincts qui souvent le tirent vers le bas. C’est pourquoi il y a cette liste impressionnante d’œuvres mauvaises, dans laquelle nous pouvons puiser si nous sommes en mal d’inspiration quand nous allons nous confesser ! A l’opposé, il y a cette liste des fruits de l’Esprit, une corbeille de fruits dans lesquels les fruits sont tous plus désirables les uns que les autres. Ayant posé ce principe général, je voudrais faire maintenant 3 remarques.

1/ La présentation que je viens de faire a un inconvénient, c’est qu’elle laisse croire que nous sommes perpétuellement devant un choix à faire. Ce n’est pas ainsi que Paul voit les choses. Le début et la fin de la lecture nous aident à le comprendre. « Si vous vous laissez conduire par l’Esprit, vous n’êtes pas soumis à la Loi. » Ça c’était le début et la fin : « Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit. » C’est-à-dire que pour Paul, il est clair qu’à notre Baptême, il y a eu quelque chose de définitif qui s’est produit : nous appartenons à Christ et nous avons été revêtus de l’Esprit qui nous garde dans la communion avec le Père en nous tournant vers les frères pour leur partager cette agapê que nous ne cessons de recevoir. Nous n’avons pas à choisir en permanence, le choix a été fait, nous n’avons qu’à nous laisser conduire, le mot revient au début et à la fin. Naturellement, nous n’avons qu’à consentir à l’Esprit qui habite en nous et qui nous conduis. Depuis notre baptême, le bien, l’amour du bien est inscrit en nous. Il n’y a pas à constamment choisir, c’est fait ! Seulement voilà, nous ne nous laissons pas toujours conduire par l’Esprit, il y a des moments où nous choisissons de ne pas nous laisser conduire, c’est là que nous posons un choix. En disant cela, je n’oublie pas ce que Paul disait dans l’épitre aux Romains, constatant cette douloureuse réalité : le bien que je voudrais faire, trop souvent, je ne le fais pas et le mal que je ne voudrais pas faire, hélas, trop souvent, je le fais. Par cette formule, il nous donne une bonne définition du péché originel ou du moins de ses conséquences, il y a une faille en nous qui nous fait trop souvent choisir de ne pas nous laisser conduire par l’Esprit. Du coup, on peut comprendre que le plus simple, le moins fatiguant et évidemment le plus fécond, c’est de se laisser conduire par l’Esprit. Ce qui nous fatigue le plus, c’est de choisir ce pour quoi nous ne sommes pas faits ou ce pour quoi nous ne sommes plus faits depuis la marque imprimée en nous par notre Baptême.

2/ Dans cette deuxième remarque, je veux juste compléter ce que je viens de dire pour que ce soit bien clair. Il y a une expression qui revient plusieurs fois chez Paul et qui est assez étonnante, c’est celle de Loi de l’Esprit. C’est étonnant parce qu’à plusieurs reprises, Paul dit que l’Esprit nous libère de la Loi et nous l’avons entendu au début de la lecture. « Si vous vous laissez conduire par l’Esprit, vous n’êtes pas soumis à la Loi. » Cette expression de loi de l’Esprit, je la comprends justement comme un engrenage. Vous savez, un engrenage puissant, si vous y mettez les doigts, il va vous happer complètement. Eh bien, c’est ça la loi de l’Esprit. Quand on commence à se laisser conduire par l’Esprit mais à se laisser vraiment conduire par l’Esprit, il finit par nous prendre tout entier et nous entrainer dans une vie qui nous fait porter tous ces beaux fruits. Ça ne veut pas dire que notre vie sera parfaitement rectiligne qu’il n’y aura plus jamais des sorties de piste. Mais cette loi de l’Esprit, elle imprime une trajectoire à nos vies. Il peut y avoir encore des hauts et des bas, mais ça n’empêche pas l’Esprit d’imprimer une trajectoire qui nous tire vers le haut. Quand il y a une sortie de piste, nous ne repartons pas de zéro, nous repartons de là où l’Esprit nous avait conduit. C’est ainsi que je comprends la loi de l’Esprit et elle correspond à toutes les promesses du Premier Testament quand Dieu promettait une loi qui serait inscrite dans les cœurs qui n’agirait plus par contrainte extérieure mais par attirance intérieure.

3/ Enfin, dernière remarque, vous avez remarqué le singulier si étonnant qui ouvre la liste des fruits de l’Esprit : LE fruit de l’Esprit, c’est l’amour. Les autres fruits ne sont que la déclinaison de ce fruit unique, une déclinaison que le Saint Esprit offre de manière variée à chacun selon les circonstances de sa vie et ses besoins relationnels et missionnaires. Nous ne devons pas nous étonner d’entendre que LE fruit de l’Esprit, c’est l’amour. Nous connaissons tous cette belle affirmation de Paul en Rm 5,5 : « c’est l’amour qui a été répandu dans nos cœurs quand l’Esprit-Saint nous a été donné. » Et finalement, on retrouve, dans ce passage de la lettre aux Galates, le même mouvement que dans l’hymne à l’agapê de l’épitre aux Corinthiens qui va décliner toutes les qualités de l’amour. Ce que nous appelons donc peut-être un peu trop rapidement LES fruits de l’Esprit ne serait en fait que la déclinaison de cet unique fruit en une multitude de charismes, c’est-à-dire de dons qui sont faits à chacun pour l’accompagner dans le moment présent et lui permettre de vivre en disciple-missionnaire. En clair, ça signifie que nous n’avons pas à choisir dans la corbeille de fruits celui ou ceux qui nous intéresseraient. Nous avons à choisir de nous laisser conduire par l’Esprit et lui répandra l’amour en nous cœurs, un amour qui prendra certaines qualités à tel moment et d’autres qualités à d’autres moments.

Se laisser conduire par l’Esprit, c’est sans doute ce qui manquait aux pharisiens et aux docteurs de la Loi que Jésus va déclarer malheureux. Il ne les condamne pas, Jésus ne condamne jamais, il est, au contraire, plein de compassion, il pleure devant leur malheur. Et cet évangile apporte une note qui complète ce que je viens de dire. Quand on ne se laisse pas conduire par l’Esprit, on ne fait pas forcément de mal. En payant la dîme sur toutes les plantes du jardin, comme la menthe et la rue, ils ne font rien de mal. Mais ne pas faire de mal, ce n’est pas suffisant, ce n’est pas encore faire du bien ! Il y a une manière minimaliste de vivre dans les clous par rapport à la Loi qui est tellement loin des sommets de l’agapê sur lesquels l’Esprit veut nous entrainer si nous nous laissons conduire par Lui. Alors, répondons à l’invitation pressante de de Paul : puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit !

Cet article a 2 commentaires

  1. Adéline

    Amen ! 🙂

  2. wilhelm richard

    Cette semaine est plutôt musicale. C’est la dernière ligne de la lettres aux Galates et c’est le répertoire de Pierre Vassiliu qui interprète « qui c’est celui-là » qui m’a inspiré.
    Voici un remix de sa chanson :

    Qu’est-ce qu’il fait, qu’est-ce qu’il a, qui c’est ce Galate ?
    Complètement toqué, ce mec-là, complètement gaga
    Avec ses enseignements, il nous embête ce mec-là
    Et ses guérisons, il nous emmerde, ce type-là,
    Sans oublier ses pardons, complètement gaga
    Qu’est-ce qu’il fait, qu’est-ce qu’il a.
    Non mais ça va pas mon petit gars
    Il ne peut pas vivre comme nous, ce type-là ?
    Qu’est-ce qu’il fait, qu’est-ce qu’il a, qui c’est celui-là?
    Ca ne se passera pas comme cela, mon petit gars !
    Il faut le mettre en prison, ce mec-là !
    Et puis, il a une drôle de tête ce type-là
    Avec sa couronne d’épines comme couvre-chef, celui-là ;
    On ne va pas tarder à lui faire peau, ce mec là.
    Pour finalement le clouer sur la croix, ce mec si sympa.
    Ça se passera pas comme ça.
    Ça se passera pas comme ça.
    Ce mec était pourtant si sympa…..

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