15 février : mercredi 6° semaine ordinaire. Vienne, vienne la colombe et son rameau d’olivier !

Ça y est les larmes de Dieu ont enfin pu s’arrêter de couler ! Mais je vous signale quand même que c’était un très très gros chagrin puisqu’il a duré 150 jours, c’est-à-dire 5 mois ! Il nous est bon d’entendre cela pour réaliser l’impact du mal que nous commettons sur le cœur de Dieu. 150 jours, 5 mois de larmes ininterrompues et il a tellement pleuré qu’il faudra 7 mois et 10 jours ensuite pour que ces larmes s’évacuent !

Et, dans le récit d’aujourd’hui, nous assistons à la fin de cette catastrophe. Le récit est très beau avec ce lâcher des oiseaux. D’abord un corbeau parce que c’est un animal moins noble, s’il est perdu, c’est moins grave. Et puis une colombe, mais qui revient dans l’arche car elle ne sait pas où se poser. Une semaine après, il recommence et la colombe revient avec un rameau d’olivier, signe que la végétation commence à sortir de l’eau. Mais elle est quand même revenue dans l’arche car l’eau était encore trop présente. Je veux faire deux remarques sur ce point

  • 1° remarque : S’il y avait de la végétation sous les eaux, c’est donc le signe que la végétation n’était pas morte. C’est le signe que les eaux du déluge n’ont pas tout détruit, donc que Dieu n’a pas tout détruit. J’ai été content de découvrir cela parce que ça vient comme renforcer mon interprétation du déluge comme un déluge de larmes. En effet, les larmes ne sont jamais destructrices, elles sont plutôt bienfaisantes. C’est vrai pour nos larmes, mais c’est encore plus vrai pour les larmes de Dieu. On peut même imaginer que, fécondée par les larmes de Dieu, la végétation a été encore plus belle, plus luxuriante.
  • 2° remarque : Cette colombe qui revient avec son brin d’olivier, vous le savez, c’est le symbole de la paix. Alors peut-être est-ce intéressant de comprendre pourquoi cette colombe avec son rameau d’olivier est devenue le symbole de la paix.
    • Commençons par la colombe. Bien sûr, sa blancheur évoque la pureté, mais figurez-vous que la colombe a une autre particularité. C’est un des rares animaux monogames, c’est-à-dire qu’elle ne choisit qu’un seul partenaire et, ensuite, elle reste fidèle à son conjoint toute sa vie. Elle est donc un animal qui préfigure un nouvel ordre dans lequel il n’y a plus de rapport de domination. Rappelons-nous que le déluge de larmes avait été déclenché par ces rapports de domination qui ont tellement attristé le cœur de Dieu. Et, nous le savons, pour nous les chrétiens, cette colombe est aussi le symbole qui représente l’Esprit-Saint, l’amour fidèle qui unit le Père et le Fils et qui est déversé dans le cœur des hommes.
    • Venons-en maintenant à l’olivier dont la colombe tient un rameau dans son bec. L’olivier est un arbre extraordinaire parce que si vous le coupez, mais en laissant une souche, eh bien, il sera capable de repousser. L’olivier ne se laisse jamais vraiment détruire : beau symbole. Et puis, le fruit de l’olivier, c’est l’olive qui, une fois pressée, donne l’huile dont on va se servir pour éclairer, c’est-à-dire chasser les ténèbres. Mais on s’en servira aussi pour chasser le mal, la douleur avec des massages.

Cette colombe qui revient avec son brin d’olivier, elle est donc annonciatrice d’une ère nouvelle pour l’histoire de l’humanité et c’est pour cela qu’elle a été choisie comme symbole de la paix. Et ce qui est très beau, c’est que ce symbole vient de la Bible. Même les pires anticléricaux reconnaissent dans ce symbole biblique la paix. Sans doute est-ce le signe qu’il ne peut y avoir de paix durable, de paix profonde sans Dieu, sans l’Esprit-Saint qui vient travailler le cœur des hommes comme le dit si bien la Préface de la 2° Prière Eucharistique pour la Réconciliation que nous ne prenons sans doute pas assez souvent, je la cite, elle est très belle : Au sein de notre humanité encore désunie et déchirée, nous savons et nous proclamons que tu ne cesses d’agir et que tu es à l’origine de tout effort vers la paix. Ton Esprit travaille au cœur des hommes : et les ennemis enfin se parlent, les adversaires se tendent la main, des peuples qui s’opposaient acceptent de faire ensemble une partie du chemin. Oui, c’est à toi, Seigneur, que nous le devons, si le désir de s’entendre l’emporte sur la guerre, si la soif de vengeance fait place au pardon, et si l’amour triomphe de la haine.

Après avoir médité sur le début de la lecture, je voudrais m’arrêter sur la fin de cette 1° lecture.

Vous avez entendu : Noé bâtit un autel au Seigneur ; il prit, parmi tous les animaux purs et tous les oiseaux purs, des victimes qu’il offrit en holocauste sur l’autel. Nous sommes témoins du premier sacrifice religieux de l’histoire de l’humanité. Caïn et Abel avait apporté une offrande au Seigneur, il n’était pas question de sacrifice. Mais, là, c’est clair, il s’agit d’un sacrifice d’holocauste dans lequel on brûle l’animal qui a été égorgé au préalable. Noé ne sait pas quoi faire pour remercier le Seigneur pour cette vie qui va enfin pouvoir reprendre. Parce que vous l’avouerez être confiné pendant un an et 10 jours avec des éléphants, des girafes, des singes et autres animaux, ça devait finir par être éprouvant. Moi, je n’ai pas été confiné avec toute cette ménagerie puisque j’étais confiné à Chateauneuf ! Mais j’étais aussi content que ça se termine et, Dieu soit loué, pour nous, ça n’avait pas duré un an et 10 jours. Donc Noé, parce qu’il veut remercier Dieu, a l’idée d’offrir ces animaux en sacrifice. Et Dieu est bon, le texte dit : le Seigneur respira l’agréable odeur. Dieu a fait croire à Noé qu’il était content, mais, en fait, il s’en fichait des sacrifices d’animaux, ce qui lui faisait plaisir, c’était de voir que Noé avait un cœur reconnaissant. Au long de l’histoire, Dieu en recevra tellement de ces sacrifices d’animaux qu’il fera savoir par la bouche des prophètes que ça finit par lui donner la nausée tourte cette odeur de viande grillée ! Peu à peu, les hommes découvriront ce que dit le psaume 50,19 : le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un coeur brisé et broyé. C’est-à-dire que le plus beau de tous les sacrifices que nous puissions offrir à Dieu, c’est de revenir vers lui quand nous nous rendons compte que nous avons péché, de reconnaître humblement notre péché et de mendier son pardon. Voilà ce qui plait à Dieu bien plus que tout !

Et puis il y a la toute fin du texte dont il faut encore dire un mot ! Jamais plus je ne maudirai le sol à cause de l’homme : le cœur de l’homme est enclin au mal dès sa jeunesse, mais jamais plus je ne frapperai tous les vivants comme je l’ai fait. Dieu promet donc de contenir ses larmes à l’avenir pour qu’une telle catastrophe ne soit pas déclenchée à chaque fois que prolifère le mal. Et le mal n’a pas fini de proliférer puisque Dieu dit : le cœur de l’homme est enclin au mal dès sa jeunesse. Avec Noé, Dieu avait trouvé un juste dont le cœur était harmonisé à son cœur, un juste qui refusait tout rapport de domination, un juste capable de consoler son cœur. Mais Dieu comprend qu’il y aura plus d’injustes que de justes et que, quoiqu’il en soit, les justes resteront des pécheurs. Alors, c’est comme si Dieu décidait désormais les hommes tels qu’ils sont sans attendre qu’ils deviennent ce qu’il souhaite. Dieu ne fixera plus d’objectifs impossibles à atteindre. Attention, ça ne veut pas dire que Dieu a pris son parti du mal, non ! Mais il ira à la rencontre des hommes tels qu’ils sont, là où ils en sont pour les inviter à faire un chemin qui les rende meilleur. C’est une vraie bonne nouvelle pour nous et cela pour deux raisons.

  • 1° raison : nous sommes nous aussi empêtrés dans nos péchés. A la suite de St Paul, nous constatons que le mal que nous ne voudrions pas faire, nous le faisons trop souvent et que le bien que nous aimerions faire, nous ne le faisons pas assez souvent. Eh bien, au cœur de nos combats, mais aussi de nos chutes et rechutes, le Seigneur promet de nous aimer tels que nous sommes, là où nous en sommes. Il promet de venir nous chercher là où nous sommes tombés pour nous tendre sa main miséricordieuse qui nous permettra de nous relever sans nous décourager.
  • 2° raison : Dieu se donne en modèle pour l’amour fraternel en nous invitant à nous aimer les uns les autres comme des pauvres que nous sommes tous. Le Seigneur nous invite à nous aimer comme il nous aime, c’est à dire tels que nous sommes, sans attendre que nous devenions meilleurs, en croyant que c’est l’amour plus que les reproches qui fait progresser. 

L’Evangile peut être lu comme une belle illustration de ce que je viens de dire. Jésus prend cet homme, là où il en est. Et ça ne va pas être facile de lui ouvrir les yeux, il doit s’y reprendre à deux fois. Avec nous, le Seigneur doit s’y reprendre plus que deux fois chaque jour, mais jamais il ne se découragera pour que, jamais, nous, nous nous découragions. Merci Seigneur pour ta patience et ta persévérance à mon égard, donne-moi cette même patience et persévérance à l’égard de mes frères.

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