15 mai : débat en Eglise, mode d’emploi !

La 1° lecture nous a fait entendre les résultats des délibérations de l’Assemblée de Jérusalem que l’on reconnait comme le 1° concile de l’Eglise. En raison, de la fête de ST Matthias, nous n’avons pas pu entendre le compte-rendu de cette Assemblée. Je me permets donc de donner quelques éléments pour que vous et aussi les lecteurs et auditeurs du blog puissent bien raccrocher les wagons !

Ce qui a rendu nécessaire cette assemblée, c’était l’inédite question de l’accueil des païens dans l’Eglise. Parce que, au début, il n’y a que des juifs qui se sont convertis. Vous pourriez m’objecter que les premiers convertis sont les auditeurs du discours de Pierre à la Pentecôte et qu’on nous dresse une belle liste de peuples étrangers. Oui, mais ce sont quand même des juifs, ces juifs dispersés dans le monde connu de l’époque, ceux qu’on appelle les juifs de la diaspora. C’est avec l’évangélisation que les premiers cas de païens qui veulent se convertir vont se poser. Et nous le savons, le tout premier, c’est Corneille, le centurion romain qui sera baptisé par Pierre. L’Esprit-Saint avait devancé Pierre, dans toute cette histoire pour lui montrer qu’il ne devait pas hésiter à accueillir ce païen sans le faire passer par les rites du judaïsme. Mais, à son retour, Pierre, pris à parti, va faire du rétropédalage et s’éloigner des païens. Voyant cela, des membres de l’Eglise de Jérusalem pas très partisan d’une Eglise largement ouverte vont aller à Antioche semer le trouble dans la tête des chrétiens.

Au retour de leur premier voyage missionnaire, Barnabé et Paul apprennent que tout est remis en cause, ils ne devaient pas en être très contents, mais vous voyez que leur manière de procéder est très belle, ils ne tapent pas du poing sur la table en disant : c’est nous qui avons raison, nous ne changerons rien et ce ne sont pas ceux de Jérusalem qui vont dicter leur loi ! Non, quand on est chrétien, on n’agit pas ainsi et la raison est très simple : les chrétiens ne sont pas là pour défendre leurs idées et chercher à les faire triompher à tout prix, un chrétien, il est au service de l’œuvre de Dieu. Ce qui lui importe le plus, c’est que la parole de cette prière fondamentale donnée par Jésus puisse s’accomplir : que ta volonté soit faite ! Du coup, Barnabé et Paul décident d’aller à Jérusalem, non pas pour remonter les bretelles des apôtres, mais pour que l’Eglise puisse se prononcer et que sa décision permette aux chrétiens de rester dans l’unité.

Et ce qui va être très intéressant, c’est de voir comment vont se passer les débats, c’est la lecture qu’on aurait dû avoir hier s’il n’y avait pas eu la fête de St Matthias. On commence par donner la parole à chacun pour qu’il puisse exprimer sa position et la défendre en alignant de bons arguments. Mais évidemment, c’est une impasse car personne ne veut changer d’avis. Alors on se rappelle que ce qui comptre, ce n’est pas l’avis d’untel ou d’untel, ce qui compte c’est de chercher et d’accomplir la volonté de Dieu. Du coup, on va opérer en deux temps.

  • Premier temps, une relecture des événements parce que Dieu parle dans les événements, par les événements. Barnabé et Paul avaient fait le récit de ce qu’ils avaient vécu dans leur voyage missionnaire et Pierre va raconter à nouveau ce qui s’est passé chez Corneille. Du coup, il devient manifeste que Dieu par les initiatives de Barnabé et Paul ou par celles de Pierre encourage un accueil inconditionnel des païens. C’était très clair, mais ça ne suffit pas. L’Esprit-Saint parce que, nous le verrons, c’est lui qui a mené les débats, inspirent qu’il ne faut pas se contenter de la relecture des événements, il pousse à chercher une confirmation dans les Ecritures.
  • Et c’est le 2° temps. Je trouve ce processus magnifique, oui, Dieu parle par les événements, mais parfois, on peut faire une lecture divergente des événements, alors on cherche confirmation dans les Ecritures parce que Dieu ne peut pas se contredire, il doit y avoir cohérence entre ce qu’il dit dans les événements et dans les Ecritures. S’il n’y a pas cette cohérence, c’est qu’on s’est trompé quelque part ! Et alors, ce qui est très beau, c’est que c’est l’apôtre Jacques qui va faire cette relecture des Ecritures. Jacques, on le sait, il faisait partie de ceux qui n’étaient pas très chauds pour l’accueil inconditionnel des païens. En cherchant, dans les Ecritures, ce que Dieu veut, Jacques ne cherche pas à tirer la couverture à lui, il reconnait que les décisions de Barnabé, Paul et Pierre, même si, à priori, elles ne lui plaisent pas, sont conformes à ce que Dieu veut. 

Cette manière de fonctionner est vraiment un modèle. La décision est donc prise, et vous voyez qu’elle pourra être reçue facilement puisqu’aucun camp n’a l’impression que l’autre lui a dicté sa loi, c’est au service de la volonté de Dieu scrutée ensemble que tous vont se mettre. Et, quand la décision est prise, ils envoient une lettre à l’Eglise d’Antioche qui a été au cœur de la tempête. Cette lettre sera portée par 4 personnes : Barnabé et Paul parce qu’ils ont été témoins du problème et qu’ils sont profondément liés à cette communauté d’Antioche, Jude et Silas qui ne sont pas des personnes en vue, mais ils sont délégués de l’Eglise et ça suffit à leur donner une vraie légitimité. Que contient cette lettre ? Je la résumerai en 5 points.

  • 1/ La reconnaissance du problème. L’Eglise ne cherche pas à camoufler la défaillance de ceux qui ont troublé la communauté par des agissements pour le moins inappropriés.
  • 2/ La reconnaissance de la place prépondérante de Barnabé et Paul qui sont particulièrement mis à l’honneur en reconnaissant « qu’ils ont fait don de leur vie pour le nom de notre Seigneur Jésus Christ. » Cette reconnaissance est très belle car il faut savoir lire entre les lignes ! Le compte-rendu de l’Assemblée de Jérusalem dans les Actes est assez lisse, mais quand on va lire la manière dont Paul en rend compte dans l’épitre aux Galates, on voit bien que ça a été tendu entre Pierre et Paul. Mais cette lettre nous montre qu’au terme de l’Assemblée puisqu’on n’a cherché qu’à se mettre au service de la volonté de Dieu, il n’y a plus de questions de personnes. Pierre qui a forcément eu un rôle de premier plan dans la rédaction de la lettre met en valeur le ministère de Paul. Magnifique !
  • 3/ Dans la lettre, il y a cette formule qui nous semble extrêmement audacieuse : « l’Esprit-Saint et nous-mêmes avons décidé. » Mais c’est bien la réalité ! Le processus d’une double relecture sur lequel j’ai insisté montre bien qu’on a voulu se mettre à l’écoute du Saint Esprit du début à la fin.
  • 4/ La manière dont la lettre présente les décisions qui ont été prises ne laisse aucun doute : il ne s’agit pas du résultat d’un compromis dans lequel on aurait essayé de ne froisser personne. Non, manifestement, ce qui a été décidé, c’est ce qui s’impose au terme de ce chemin parcouru dans la fidélité à l’Esprit-Saint. Les compromis ne sont jamais très bons, si la décision n’est pas mûre, il vaut mieux attendre, travailler, prier que de prendre une décision boiteuse.
  • 5/ Une parole d’encouragement : « Vous agirez bien, si vous vous gardez de tout cela. Bon courage ! »

Le signe que tout cela est bien le fruit d’un véritable chemin synodal éclairé par l’Esprit-Saint, c’est que la lecture de cette lettre suscite réconfort et joie qui sont de beaux fruits permettant de vérifier l’action du Saint Esprit. Inspirons-nous largement de ce processus !

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