On peut dire, finalement, que chacune des deux lectures nous a donné à entendre une parabole, la parabole du potier chez Jérémie et la parabole du filet dans l’Evangile de Matthieu.
Commençons par la parabole du potier que Jérémie nous a fait entendre. Jérémie traverse un nouveau moment de découragement, il faut dire que son ministère a été très compliqué, je l’ai souligné ces derniers jours. Quand on est fatigué, découragé, on pense assez vite que tout est foutu, d’ailleurs, dans ces moments-là, on manque singulièrement de nuances : TOUT est foutu, les autres sont TOUS contre moi, ça n’ira JAMAIS, c’est TOUT le temps la même histoire ! J’arrête la litanie, mais nous la connaissons bien soit pour l’entendre régulièrement de la part de ceux qui viennent se confier à nous, soit pour la réciter également de temps en temps ! Jérémie devait donc, lui aussi, répéter en boucle, ces TOUS, JAMAIS, TOUJOURS.
Dieu qui est un fin psychologue sait que, dans ces moments-là, il est inutile d’essayer de raisonner la personne. L’intensité de son découragement provoqué par sa souffrance la rend hermétique à tous les raisonnements. Alors, en le conduisant chez le potier, c’est comme si Dieu prenait Jérémie par la main pour lui proposer une « leçon de choses. »
Dans cette leçon de choses, le 1° point qui me frappe, c’est le réalisme de Dieu. Chez le potier, Jérémie voit que tout ne se passe pas forcément aussi bien que le potier le souhaiterait puisque la réussite n’est pas toujours là. Malgré toute l’attention du potier, malgré tout son savoir-faire, il y a des échecs. Une petite imperfection dans l’argile aura de graves conséquences. C’est donc comme si Dieu commençait par dire à Jérémie, je comprends bien tes difficultés, je ne les nie pas et je veux te dire que ce n’est pas toi qui es en cause ou du moins, il n’y a pas que toi qui es en cause. Tu vois, moi aussi, je ne réussis pas tout avec tout le monde ; s’il y en a qui me résistent, ne t’étonnent pas qu’il y en ait qui te résistent à toi aussi !
Le 2° point qui me frappe dans cette parabole du potier, c’est la proximité que Dieu veut exprimer. S’il y en a un qui est désolé de ce qui se passe quand le vase est raté, c’est bien le potier. Il a mis le meilleur de lui-même et ça ne marche pas. Le Seigneur veut montrer à Jérémie qu’il partage sa souffrance, il ne regarde pas les choses de loin. Aujourd’hui, on aime parle d’empathie pour désigner ce mouvement d’une personne qui se fait proche de celui qui souffre et qui partage cette souffrance parce qu’il se laisse atteindre. Bien plus que d’être sympathique, ce qui compte c’est de découvrir que Dieu est empathique.
Enfin le 3° point qui me frappe dans cette parabole, c’est l’affirmation que la principale qualité de Dieu, c’est son entêtement. Il ne lâchera jamais ; toujours, il reprendra l’argile pour le refaçonner. J’imagine qu’en ressortant de chez le potier, Jérémie devait prier en disant : Seigneur, rends mon cœur semblable au tien, rends mon espérance et ma persévérance semblables aux tiennes.
Venons-en à la parabole de l’Evangile, la parabole du filet. J’aime bien la question que Jésus pose à la fin : « Avez-vous compris tout cela ? » Et j’admire comment tous lui répondent sans hésiter : « Oui ». J’ai envie de dire : ils ont bien de la chance ! En effet, cette parabole qui parle d’un tri que Dieu fera est un texte redoutable, comme l’enseignement du chapitre 25 de ce même évangile de Matthieu dans lequel Jésus parle du tri qui sera fait au jugement dernier. Ces textes évoquant le tri sont redoutables parce qu’inévitablement, nous nous posons la question : de quel côté je serai, de quel côté seront ceux que j’aime ? Dans les paniers avec les bons ou rejetés avec les mauvais ?
Je voudrais faire trois remarques pour nous aider à accueillir la bonne nouvelle contenue dans ces textes car il ne faut jamais oublier que le mot Evangile signifie bonne nouvelle.
La 1° bonne nouvelle, c’est que c’est le Seigneur qui fera le tri. Moi, ça me rassure plutôt parce que je ne verrai pas d’un très bon œil de devoir accepter d’être trié par certaines personnes ! Nous en connaissons tous de ces personnes entre les mains de qui nous ne souhaiterions pas forcément tomber ! Dans le cœur du Seigneur, justice et miséricorde se conjuguent de manière parfaitement harmonieuse et c’est ce qui nous permet de vivre dans la confiance, la confiance, pas l’insouciance !
La 2° bonne nouvelle, c’est que Jésus n’est pas pressé de faire le tri. Le tri ne se fait pas au cours de la pêche, de même, l’ivraie n’est pas enlevée dès qu’elle pousse. Ça signifie donc que la vie n’est pas un permis à points ! Le Seigneur ne nous a pas donné, à notre naissance, un capital de points qu’il faudrait gérer au mieux et malheur à celui qui aurait trop vite dilapidé son capital ! Dans le cœur du Seigneur, patience et espérance se conjuguent parfaitement !
La 3° bonne nouvelle, c’est que le tri se fera d’abord en nous. Je ne sais pas ce qu’il en sera du tri entre les hommes, et ça, c’est le problème du Seigneur et je lui laisse bien volontiers le soin de régler ce problème. Mais, vous le savez bien, il n’y a que dans les westerns qu’il y a des bons et des méchants clairement identifiés. Dans la vie, c’est très différent et nous sommes bien placés pour le savoir. Le bien et le mal s’affrontent en chacun d’entre nous ! A notre mort, le Seigneur fera en nous ce tri pour que nous soyons à tout jamais débarrassés du mal. Quelle Bonne Nouvelle de savoir que nous ne serons pas infirmes pour l’éternité, que le mal n’entrera pas dans l’éternité.
Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la grâce d’accueillir toutes ces bonnes nouvelles que ces textes nous apportent.
Merci Seigneur , merci Roger de me rejoindre dans ce moment de solitude caniculaire … quoi de mieux que ces paroles d’Espérance !
Avec un nageur Marchand sur l’eau, la moisson sera forcément or du commun. Jésus qui a aussi vécu cette expérience, peut également dire que cela marche.