Hier, nous avons commencé la lecture du livre de l’Apocalypse et nous avons entendu la 1° des 7 lettres aux Eglise, c’était celle destinée à l’Eglise d’Ephèse. Aujourd’hui, nous voulons nous laisser réveiller par le message à l’Eglise de Sardes et à l’Eglise de Laodicée. Vous avez remarqué que chaque lettre se termine par cette petite phrase : « Celui qui a des oreilles, qu’il entende ce que l’Esprit dit aux Églises. » Bien sûr, la lettre est adressée à une Eglise particulière d’une époque, mais, à travers cette Eglise particulière, l’Esprit veut parler aux Eglises, c’est un pluriel, il s’adresse donc à toutes les Eglises, y compris à nos Eglises d’aujourd’hui. Vous avez aussi remarqué qu’il est dit que l’Esprit parle aux Eglises, c’est au présent, il n’est pas dit : « Celui qui a des oreilles, qu’il entende ce que l’Esprit disait à l’Église d’Ephèse, de Sardes ou Laodicée. » Ça signifie donc clairement que l’Esprit continue à nous parler quand nous lisons ces lettres.
Le reproche principal qui est fait à l’Eglise de Sardes, c’est le suivant : « Je connais ta conduite, je sais que ton nom est celui d’un vivant, mais tu es mort. » Tu es mort ! Le Seigneur aimerait avoir de la compassion pour cette Eglise où les chrétiens sont comme morts, il aimerait leur témoigner la même compassion qu’il avait témoignée à son ami Lazare qui était mort. Il aimerait les aider à sortir de leurs tombeaux pour retrouver la vie, mais il ne le peut pas. Pourquoi ? Parce que les chrétiens de Sardes ne veulent pas reconnaître leur problème, ils essaient de sauver les apparences : « Je connais ta conduite, je sais que ton nom est celui d’un vivant, mais tu es mort. » Autant le Seigneur peut faire beaucoup pour ceux qui osent reconnaître leurs problèmes, à l’image de Zachée dans l’Evangile, autant il ne peut rien faire pour ceux qui ne veulent pas se montrer à lui tels qu’ils sont.
Ce que l’Esprit nous dit, aujourd’hui encore, à nous qui écoutons cette lettre à l’Eglise de Sardes, c’est donc l’interpellation suivante : est-ce que nous osons nous présenter devant le Seigneur tels que nous sommes ? Est-ce qu’il n’y a pas des moments où nous cherchons à sauver les apparences ? A ceux qui lui présentent leur misère, le Seigneur fera toujours miséricorde, mais que peut-il faire pour ceux qui lui cachent leur misère ?
Venons-en maintenant au message adressé à l’Eglise de Laodicée, qui, lui aussi, nous rejoint par-delà les siècles. Pour bien comprendre le message de cette lettre, il faut savoir que la ville de Laodicée ne possédait pas de sources d’eau, alors, comme, cette ville était très riche, elle avait fait construire deux aqueducs qui amenaient l’eau depuis les villes des alentours. Pourquoi deux aqueducs ? Eh bien, tenez-vous bien, parce qu’il y en avait un qui amenait de l’eau chaude et un qui amenait de l’eau froide… puisqu’il y avait de l’argent, on ne se refusait rien !
Dans la lettre qu’il adresse à cette Eglise de Laodicée, le Seigneur va donc utiliser l’image de ces deux aqueducs qui étaient la particularité et la fierté de la ville. Le problème, on l’imagine bien, c’est que sur les kilomètres de transport, l’eau chaude devenait moins chaude et l’eau froide devenait moins froide : tout arrivait en étant pratiquement tiède ! Or l’eau chaude est intéressante quand elle est chaude et l’eau froide quand elle est froide, mais l’eau tiède n’a pas beaucoup d’intérêt, si on en veut, il suffit de mélanger les deux. Mais quand l’eau froide est tiède et quand l’eau chaude est aussi tiède, c’est la catastrophe !
C’est comme si le Seigneur leur disait : regardez, vous avez fait d’énormes travaux, dépensé beaucoup d’argent pour un résultat bien décevant ! Eh bien, cette image va lui servir à parler de la situation de cette Eglise de Laodicée en lui reprochant d’être devenue une communauté de tièdes. Les chrétiens sont devenus moyens et ils finissent par s’en satisfaire. Du moment que ce n’est pas catastrophique, du moment qu’ils ne sont pas dans la médiocrité, la « moyenneté » leur convient !
Mais le Seigneur ne veut pas que nous nous contentions de vivre dans la « moyenneté » avec, forcément, des résultats moyens ! S’il déploie la puissance de son Esprit-Saint dans nos vies, ce n’est pas pour que nous nous contentions d’être dans la moyenne.
Ce que le Seigneur veut pour nous, pour chacun de nous et pour son Eglise, c’est l’excellence ! Attention, pas l’excellence pour épater la galerie, ni une excellence qui laisserait de côté les plus faibles, non ! C’est l’excellence de l’amour qu’il nous demande de viser. C’est ainsi que nous sortirons de la « moyenneté », de la tiédeur. Ceux qui se contentent de la moyenneté, les tièdes, le Seigneur ne peut pas les supporter. L’avertissement est rude, mais il a le mérite d’être clair !
Heureusement, la lettre se termine avec un extraordinaire message d’espérance. Si nous nous rendons compte que nous sommes devenus moyens et que nous voulons vraiment sortir de cette tiédeur, écoutons-le, il est déjà à la porte de notre cœur et il frappe pour nous rendre, par sa présence, notre ferveur première. « Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » Le mot de repas qui est utilisé ici, en grec, c’est le même mot que le repas de l’Eucharistie. Cela signifie qu’à chaque fois que nous participons à la messe, nous pouvons retrouver l’ardeur qui nous manque. Mais le Seigneur ne pourra nous la redonner que si nous commençons par reconnaître que cette ardeur nous manque, que nous sommes trop installés dans la tiédeur. Si nous décidons de réagir, de lui ouvrir totalement notre cœur pour qu’il vienne tout visiter et tout restaurer, du sol au plafond, il le fera !
Alors, dans cette messe, ouvrons-lui, pour de bon, la porte de notre cœur, il se passera quelque chose pour nous, car j’aime rappeler cette belle parole de St Ephrem, un diacre de Syrie du 4° siècle : Celui qui le mange le pain de l’Eucharistie avec foi mange le Feu et l’Esprit. Pour sortir de la tiédeur, le remède est simple : mangeons le pain de l’Eucharistie, mangeons-le avec foi, alors nous mangerons le feu, qui nous fera sortir de la tiédeur.
Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la grâce d’oser reconnaître notre misère pour que le Seigneur puisse nous prodiguer sa miséricorde, demandons-lui aussi la grâce de ne jamais nous installer dans la moyenneté.