Hier, nous avons entendu le message que le Seigneur adressait, il y a 2000 ans, à l’Eglise d’Ephèse, aujourd’hui, nous voulons nous laisser réveiller par le message à l’Eglise de Sardes et à l’Eglise de Laodicée. Ces messages, en effet, comme tous les textes de la Parole de Dieu, ils ont été écrits pour traverser les siècles. Vous avez remarqué que chaque lettre se termine par cette petite phrase : « Celui qui a des oreilles, qu’il entende ce que l’Esprit dit aux Églises. » Bien sûr, la lettre est adressée à une Eglise particulière, mais, par cette lettre particulière, l’Esprit parle aux Eglises, c’est un pluriel, il s’adresse donc à toutes les Eglises, y compris nos Eglises d’aujourd’hui. Et, vous avez aussi remarqué qu’il est dit que l’Esprit parle aux Eglises, c’est au présent, il n’est pas dit : « Celui qui a des oreilles, qu’il entende ce que l’Esprit disait à l’Église d’Ephèse, de Sardes ou Laodicée. » Ça signifie donc clairement que l’Esprit continue à nous parler quand nous lisons ces lettres.
Hier, je vous disais que ces lettres étaient comme le compte-rendu de la visite pastorale du Seigneur et que, comme il se doit, le pasteur qui a fini sa visite pastorale, dans le compte-rendu qu’il envoie, commence par souligner les points positifs. Eh bien, les deux lettres que nous lisons aujourd’hui font exception : rien de positif n’est souligné, les lettres pointent immédiatement de gros problèmes. C’est comme si le Seigneur disait : pour vous, je ne soulignerai pas de points positifs qui risqueraient de vous endormir ! En entendant ces points positifs, vous pourriez vous y arrêter, ça vous rassurerait, mais ça vous endormirait, un peu comme une douce anesthésie ! Et, moi, dit le Seigneur, je veux que vous entendiez mon invitation à la conversion parce que ça urge. Du coup, dans ces deux lettres, le Seigneur y va franchement. Regardons chacun de ces reproches et écoutons ce que l’Esprit veut nous dire, à nous, aujourd’hui.
Le reproche principal qui est fait à l’Eglise de Sardes, c’est le suivant : « Je connais ta conduite, je sais que ton nom est celui d’un vivant, mais tu es mort. » Tu es mort ! Le Seigneur aimerait avoir de la compassion pour cette Eglise où les chrétiens sont comme morts, il aimerait leur témoigner la même compassion qu’il avait témoignée à son ami Lazare qui était mort. Il aimerait les aider à sortir de leurs tombeaux pour retrouver la vie, mais il ne le peut pas. Pourquoi ? Parce que les chrétiens de Sardes ne veulent pas reconnaître leur problème, ils essaient de sauver les apparences : « Je connais ta conduite, je sais que ton nom est celui d’un vivant, mais tu es mort. » Autant le Seigneur peut faire beaucoup pour ceux qui, tels Zachée, dans l’Evangile, osent reconnaître leurs problèmes, autant il ne peut rien faire pour ceux qui ne veulent pas se montrer à lui tels qu’ils sont. Et c’est le problème des chrétiens de Sardes, ils vont mal, leur communauté va mal, mais ils essaient de sauver les apparences pour que personne ne se rende compte du problème.
Ce que l’Esprit nous dit, aujourd’hui encore, à nous qui écoutons cette lettre à l’Eglise de Sardes, c’est donc le message suivant : est-ce que tu oses te présenter devant le Seigneur, vraiment comme tu es ? Est-ce qu’il n’y a pas des moments où tu cherches à sauver les apparences parce que tu ne veux pas que les autres se rendent compte de tes problèmes, parce que tu ne veux pas que le Seigneur voie le désert de ton âme ? A ceux qui lui présentent leur misère, le Seigneur fera toujours miséricorde, mais que peut-il faire pour ceux qui lui cachent leur misère ? Quand nous allons chez le médecin, ce n’est pas pour lui dire que nous allons bien ! Et si nous avons mal dans telle partie du corps, nous ne lui parlons pas d’une autre partie du corps parce que nous n’avons pas envie de lui dévoiler notre vrai problème ! Oui, vraiment, à tous ceux qui lui présentent leur misère, le Seigneur fera toujours miséricorde, l’évangile de Zachée est bien trop clair à ce sujet, mais que peut-il faire pour ceux qui lui cachent leur misère, ceux qui font semblant, ceux qui veulent sauver les apparences, ceux qui repeignent souvent la devanture sans jamais nettoyer l’arrière-boutique ?
Venons-en maintenant au message adressé hier à l’Eglise de Laodicée et qui, lui aussi, nous rejoint par-delà les siècles. Pour bien comprendre le message de cette lettre, il faut savoir que la ville de Laodicée ne possédait pas de sources d’eau, alors, comme, cette ville était très riche, elle avait fait construire deux aqueducs qui amenaient l’eau depuis les villes des alentours. Pourquoi deux aqueducs ? Eh bien, tenez-vous bien, parce qu’il y en avait un qui amenait de l’eau chaude et un qui amenait de l’eau froide… puisqu’il y avait de l’argent, on ne se refusait rien !
Les romains étaient très forts en architecture et en forage, ils pouvaient capter des sources et conduire l’eau sur des kilomètres, sans avoir des ordinateurs pour calculer la pente et des lasers pour s’assurer qu’ils respectaient bien les calculs ! Dans la lettre qu’il adresse à cette Eglise de Laodicée, le Seigneur va donc utiliser l’image de ces deux aqueducs qui étaient la particularité et la fierté de la ville. Le problème, on l’imagine bien, c’est que sur les kilomètres de transport, l’eau chaude devenait moins chaude et l’eau froide devenait moins froide : tout arrivait en étant pratiquement tiède ! Or l’eau chaude est intéressante, l’eau froide aussi, mais l’eau tiède n’a pas beaucoup d’intérêt, si on en veut, il suffit de mélanger les deux !
C’est comme si le Seigneur leur disait : regardez, vous avez fait d’énormes travaux, dépenser beaucoup d’argent pour un résultat bien décevant ! Eh bien, cette image va lui servir à parler de la situation de cette Eglise de Laodicée en lui reprochant d’être devenue une communauté de tièdes. Les chrétiens sont devenus moyens et ils finissent par s’en satisfaire. Du moment que ce n’est pas catastrophique, du moment qu’ils ne sont pas dans la médiocrité, la « moyenneté » leur convient. Oui, de fait, ce qui se vit dans cette communauté n’est pas extraordinaire, le travail apostolique donne des résultats moyens, mais tout le monde finit par s’en contenter en pensant que c’est déjà mieux que rien et qu’ailleurs ça peut être pire ! Mais le Seigneur a une autre ambition pour les communautés chrétiennes et c’est pour cela qu’il déclenche cette visite pastorale virtuelle que nous pouvons tout à fait accueillir pour nous, aujourd’hui.
Il ne veut pas que nous nous contentions de vivre tout dans la « moyenneté » avec, forcément, des résultats moyens ! S’il déploie la puissance de son Esprit-Saint dans nos vies, ce n’est pas pour que nous nous contentions d’être dans la moyenne. Ce que le Seigneur veut pour nous, pour chacun de nous et pour son Eglise, c’est l’excellence ! Attention, pas l’excellence pour épater la galerie, ni une excellence qui laisserait de côté les plus faibles, non ! C’est l’excellence de l’amourr qu’il nous demande de viser et, là, les plus faibles, les plus petits, peuvent souvent devenir nos maîtres, nous empêchant de nous glorifier de quoique ce soit. Il nous demande de viser l’excellence de l’amour en nous rappelant que c’est pour cela qu’il ne cesse de nous donner son Esprit-Saint. C’est ainsi que nous sortirons de la « moyenneté », de la tiédeur. Ceux qui se contentent de la moyenneté, les tièdes, le Seigneur ne peut pas les supporter. Ceux qui sont froids et qui le reconnaissent, comme je le soulignais dans la lettre précédente, il peut s’en occuper. Mais ceux qui se contentent d’être moyens, tièdes, il ne peut rien faire pour eux, alors il préfère les vomir. L’avertissement est rude, mais il a le mérite d’être clair !
Heureusement, la lettre se termine avec un extraordinaire message d’espérance. Si nous nous rendons compte que nous sommes devenus moyens et que nous voulons vraiment sortir de cette tiédeur, écoutons-le, il est déjà à la porte de notre cœur et il frappe pour nous rendre, par sa présence, notre ferveur première. « Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » Le mot de repas qui est utilisé ici, en grec, c’est le même mot que le repas de l’Eucharistie. Cela signifie qu’à chaque fois que nous participons à la messe, nous pouvons retrouver l’ardeur qui nous manque. Mais le Seigneur ne pourra nous la redonner que si nous commençons par reconnaître que cette ardeur nous manque, que nous sommes trop installés dans la tiédeur. Si nous décidons de réagir, de lui ouvrir totalement notre cœur pour qu’il vienne tout visiter et tout restaurer, du sol au plafond, il le fera !
C’est à chacun de nous que le Seigneur dit ce qu’il disait à Zachée : « descends vite, aujourd’hui il faut que j’aille demeurer chez toi. » Descends vite, arrête de vouloir sauver les apparences, ose te montrer tel que tu es. Si, dans cette messe, nous lui ouvrons, pour de bon, la porte de notre cœur, il se passera quelque chose pour nous, car j’aime rappeler cette belle parole de St Ephrem, un diacre de Syrie du 4° siècle : Celui qui le mange le pain de l’Eucharistie avec foi mange le Feu et l’Esprit. Si tu veux sortir de la tiédeur, mange le pain de l’Eucharistie avec foi, c’est-à-dire comme un pauvre qui sait qu’il ne s’en sortira pas par lui-même mais qui veut vraiment s’en sortir !
Si l’on regarde bien la gravure représentant jésus qui frappe à la porte avec une lanterne il y a une anomalie… Pas de poignée de porte à l’extérieure..