3 septembre mercredi 22° semaine ordinaire Le Christ, véritable icône acheiropoïete !

Je ne sais pas si vous avez déjà entendu parler des icônes « acheiropoïete » ? Ce terme est utilisé pour parler d’images qui n’auraient pas été faites par les hommes, mais qui seraient un cadeau du ciel. Le suaire de Turin et la vierge de Notre Dame de Guadalupe sont sans doute les plus célèbres. Dans la tradition byzantine qui donne une place si importante à l’icône, on peut se douter que ce genre d’icône tient une place très importante. Je ne veux pas m’y arrêter trop longtemps car je n’y connais pas grand-chose, mais cette expression d’icône acheiropoïéte me semble la mieux choisie pour résumer cette hymne christologique de l’épître aux Colossiens que nous venons d’entendre. « Le Christ est l’image du Dieu invisible. » Avant d’entrer dans le commentaire de l’hymne, un simple rappel du contexte.

Vous vous rappelez qu’Epaphras qui avait fondé cette communauté était venu trouver Paul dans sa prison pour lui partager ses soucis. Un certain nombre de membres de sa communauté étaient attirés par des révélations données par les anges, les esprits célestes et pensaient qu’on entrait dans la véritable connaissance du mystère de Dieu en devenant des initiés de tous ces mystères. C’est pour leur répondre que Paul écrit cette hymne qui va recentrer leur foi sur le Christ, principe et fin de toutes choses. Avec ce portrait grandiose du Christ, la réponse est claire et lumineuse : pourquoi chercher dans des révélations fumeuses ce que Dieu a révélé de manière si sûre et si forte en Christ ?

Alors bien sûr, comme cette hymne est écrite sous l’inspiration du Saint-Esprit, elle sera bien plus qu’un écrit de circonstance. Oui, elle répond bien au problème des Colossiens, mais elle va bien au-delà d’une simple réponse de circonstance et c’est pour cela qu’elle est devenue « une pièce liturgique » que nous prions à l’office. Cette hymne est d’ailleurs bien plus un texte qui se prie, qui alimente note méditation qu’un texte qui se dissèque et se commente. Cette méditation a nourri mon temps d’adoration hier soir, je vous invite fortement à la méditer régulièrement et particulièrement devant le Saint-Sacrement puisque, là, nous avons comme une illustration de ce que dit l’hymne : « Le Christ est l’image du Dieu invisible, » le Christ est l’icône du Dieu invisible, cette icône « acheiropoïete » et quand le Saint-Sacrement est exposé, nous sommes devant l’icône la plus parfaite de cette icône acheiropoïete. C’est-à-dire que nous pouvons répéter avec émerveillement : je suis devant l’icône la plus parfaite de Dieu, l’icône la plus parfaite du Dieu invisible se donne à contempler, c’est un cadeau somptueux qui est fait à mes yeux de pécheur ! Et c’est surtout cet aspect que j’aimerais développer dans mon commentaire, voir comment cette hymne peut nourrir notre méditation devant le Saint-Sacrement.

Il y a comme ça un certain nombre de paroles de l’Ecriture qui peuvent remonter à notre cœur et nourri notre méditation quand nous sommes devant l’icône eucharistique du Saint-Sacrement et qui sont comme un développement de cette première affirmation de l’hymne aux Colossiens. Jésus dire dira à Philippe : qui me voit, voit le Père. Jn 14,9 Tu aimeras savoir ce que Dieu pense de toi quand tu es tombé, regarde l’attitude de Jésus dans l’Evangile et comment il se comporte quand il rencontre quelqu’un qui est tombé. Et, toi, quand tu te tiens devant le Saint-Sacrement, laisse-toi regarder par lui car nous le savons, dans la théologie de l’icône, nous nous laissons plus regarder par l’icône que nous ne la regardons. Eh bien, quand tu es devant le Saint-Sacrement, l’icône eucharistique du Christ, parfaite image du Dieu invisible, mange-le des yeux, mais surtout, laisse-toi regarder par lui, expose-toi à son regard bienveillant qui t’espère toujours.

Une autre parole remonte souvent à mon cœur quand je suis devant le Saint-Sacrement et qui est une autre explicitation de cette affirmation de Paul au début de l’hymne. Cette expression, on la trouve un peu plus loin dans l’épitre aux Colossiens (2,9) : « en Christ habite corporellement la plénitude de la divinité. » 

Vous vous rendez compte : Le Christ est la plus parfaite image du Dieu invisible et, en Christ, habite corporellement la plénitude de la divinité. Si vous vous ennuyez devant le Saint-Sacrement, redites-vous cela. Le plus important, ce n’est pas ce que vous direz mais, vous vous tenez devant celui qui est la plus parfaite image du Dieu invisible et en lui habite corporellement la plénitude de la divinité. Quelle meilleure définition donner de ce grand mystère de la présence réelle dans l’Eucharistie ? 

Je ne sais peut-être pas bien que te dire, mais je suis là devant toi, Jésus, parfaite image du Dieu invisible, toi, présent en cette hostie, toi en qui habite corporellement la plénitude de la divinité. Je suis devant toi et j’en reste baba de pouvoir me tenir devant Toi. Les entrées sont filtrées sévèrement pour rencontrer les grands de ce monde, mais, toi, Seigneur tu es en libre accès alors que pourtant, tu es l’image parfaite du Dieu invisible et qu’habite en toi la plénitude de la divinité. Vous comprenez qu’il y a de quoi alimenter notre méditation, une méditation qui se fera assez vite silence contemplatif devant la grandeur de ce mystère. 

Mais évidemment, ce n’est pas seulement dans le temps de l’adoration eucharistique que je peux me dire tout cela. A chaque fois que je participe à l’Eucharistie et que je communie, c’est ce Christ que je reçois, parfaite image du Dieu invisible. Le Christ que je reçois, c’est Celui en qui habite la plénitude de la divinité. Vous vous rendez compte, la plénitude de la divinité se met en action en moi à chaque communion. Si nous nous mettions à y croire vraiment, c’est sûr que nos vies changeraient. Cette hymne de l’épitre aux Colossiens redonne au Christ et à la foi en Christ un caractère absolument central. Les Colossiens attirés par des dévotions secondaires avaient besoin de l’entendre et nous avons aussi besoin de l’entendre pour redonner à notre participation à l’Eucharistie et à notre présence devant le Saint Sacrement toute sa force. Je vous laisserai continuer vous-mêmes la méditation de cette hymne pour que chacun puisse accueillir ce que le Saint-Esprit veut lui donner à entendre pour recentrer sa foi sur le Christ.

Accueillir et vivre une telle foi demande évidemment un profond renouvellement intérieur. Et c’est à ce renouvellement que Jésus nous invite dans l’Evangile. D’abord un mot sur la polémique alimentée par la remarque des scribes et des pharisiens. Nous sommes dans les débuts de l’Evangile de Luc, il n’y en a pas encore eu beaucoup, mais cette polémique lue après l’hymne aux Colossiens nous fait rager. Les scribes et les pharisiens ont devant eux l’image parfaite du Dieu invisible, Celui en qui habite corporellement la plénitude de la divinité et de quoi ils lui parlent ? Du respect des normes concernant le jeûne ! C’est affligeant ! C’est comme si vous, vous aviez la chance de pouvoir manger en tête à tête avec le pape et que les seules questions que vous auriez à lui poser concerneraient le tissu avec lequel sont fabriquées ses soutanes ou la provenance de tous les boutons de cette soutane ! Ça serait affligeant ! Eh bien, le niveau de discussion entre les scribes et les pharisiens avec Jésus, parfaite image du Dieu invisible est souvent affligeant. Mais du coup, nous pouvons nous interroger pour savoir s’il n’est pas également affligeant notre niveau de discussion avec Jésus quand nous venons de le recevoir dans l’Eucharistie, quand nous l’adorons dans le Saint-Sacrement.

Nous ressentons vraiment cette impérieuse nécessité d’un profond renouvellement de notre foi pour que nous puissions accueillir et nous laisser transformer par la grandeur de ce Mystère de la Foi. Seigneur, les vieilles outres que nous sommes ont bien du mal à contenir le vin nouveau de ta révélation et pourtant nous en avons soif, alors viens Saint-Esprit et accomplis cette œuvre de renouvellement.

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