16 mars : confiance !

C’est d’une maladie contagieuse, la lèpre, que traite la 1° lecture ! On peut dire que la liturgie est vraiment puissante pour venir rencontrer notre quotidien et sans doute nous aider à ne pas nous laisser enfermer dans ces préoccupations qui peuvent nous envahir. A partir de ces lectures, je voudrais souligner 4 points :

1/ En reprenant le contexte de cette histoire contagieuse, je me suis posé une question que je vous soumets. Si la contagion du corona-virus nous échappe en partie, mais en partie seulement puisque nous savons que le respect des règles d’hygiène peut ralentir sa propagation, nous pouvons nous interroger sur la propagation d’un autre virus qui pourrait lui être lié et dans lequel le diable se serait glissé … c’est le virus de la peur. Peut-être devrions-nous surveiller nos conversations. Si nous abordons le sujet à table, est-ce parce que nous avons une information essentielle à partager ? Cette information est-elle vérifiée ? Ce que nous allons dire, est-ce pour aider ou pour rajouter une couche d’inquiétude ?  Faisons juste un petit effort de mémoire pour nous rappeler de quoi nous parlions entre nous avant la pandémie et reprenons nos conversations, là où nous les avions laissées ! Le Seigneur nous rend responsable de répandre la contagion de la confiance, j’ai bien dit la confiance, pas de l’insouciance. Entrer dans cette attitude de confiance, c’est redire cet acte de Foi : Seigneur nous sommes dans ta main et de savoir cela nous suffit pour affronter toutes les difficultés qui se présentent à nous. 

2/ Vivre dans la confiance, renouveler notre foi ça tombe bien parce que c’est finalement l’appel fondamental de cette 1° lecture. Et nous avons besoin de nous aider parce que la foi, finalement, ce n’est pas toujours évident. On le voit bien dans ce texte. La plupart des personnages qui nous sont présentés ont bien du mal à entrer dans cette démarche de foi :

  • C’est d’abord le roi d’Aram qui veut payer la guérison de son général en couvrant le roi d’Israël d’or, d’argent et de cadeaux. Bien sûr, c’est une belle marque d’estime à l’égard de son général, il montre ainsi qu’il est prêt à tout pour obtenir sa guérison. Mais la guérison ne résultera jamais du prix qu’on est prêt à payer, mais de la foi qui habite celui qui la demande. Et si celui qui demande, demande avec foi, jamais il ne posera d’ultimatum à Dieu, jamais il ne fera du chantage : avec ce que j’ai fait pour toi, tu peux faire ça pour moi ! La foi, c’est vraiment la confiance, c’est-à-dire l’abandon confiant : je suis dans ta main et je te fais confiance.
  • Après le roi d’Aram, il y a aussi le roi d’Israel qui peine à entrer dans une attitude de foi. Au lieu de se réjouir de voir que la réputation du Seigneur a passé les frontières, il estime que cette demande de son collègue est une provocation ! Finalement, il ne croit pas en la puissance de Dieu
  • Enfin, il y a Naaman qui, en refusant de faire ce que le prophète lui demande manifeste un esprit de résistance bien contraire à la foi.

L’attitude des principaux acteurs de cette histoire nous montre que la foi n’est pas évidente. Il est possible que la foi ne devienne pas évidente à cause de ce que nous allons vivre. Parce que, dire qu’on a la foi quand on n’est pas confronté à de sérieux problèmes, c’est finalement assez facile ! Mais c’est dans la nuit qu’il est bon et nécessaire de croire en la lumière. Alors, profitons du temps qui se libèrent pour nous exercer à la foi, posons des actes de foi qui nous entraineront les uns après les autres à vivre établis dans la confiance. Par exemple, passons une partie du temps qui se libère devant le Saint-Sacrement en acceptant de ne pas en voir immédiatement les fruits. C’est un bel acte de foi ! Profitons de ce temps pour lire quelques témoignages qui nous encouragerons à vivre dans la confiance. Autre proposition, relisons chaque jour une page du journal de Marthe en essayant d’imaginer ce qu’elle était en train de vivre concrètement quand elle écrivait ces lignes toutes empruntes de confiance. Qu’elle nous accompagne.

3/ Il y a un petit détail du début du texte qui a aussi attiré mon attention, c’est le fait que le prodige que constitue la guérison de Naaman a été rendu possible par une petite esclave, une jeune fille d’Israël qui avait été vendue. La situation de cette jeune fille est un drame … mais de ce drame, Dieu, comme il en a l’habitude va être capable de tirer un bien. Rappelez-vous c’était déjà le cas avec l’histoire de Joseph qui était proposée à notre méditation vendredi. Mais attention, il n’y a rien d’automatique, Dieu peut tirer un bien d’un mal quand ceux qui subissent le mal acceptent de ne pas s’enfermer dans le ressentiment. Cette jeune fille va pouvoir être à l’origine de la guérison de Naaman parce qu’elle n’a pas pensé : il a ce qu’il mérite, il paie le fait de me garder comme esclave au service de sa femme ! Non, cette jeune fille, n’écoutant que son cœur va tout de suite proposer une solution pour que le mari de sa maitresse puisse guérir. Il en sera de même pour Joseph qui ne fera pas payer à ses frères le fait de l’avoir vendu. Quand une personne refuse de s’enfermer dans le ressentiment et accepte d’offrir sa vie, le Seigneur a tout le champ libre pour faire surgir du bien à partir d’un mal. Là encore l’exemple de Marthe peut nous encourager et sa prière nous soutenir pour entrer dans cette dynamique.

4/ Enfin, je termine en évoquant juste la fameuse parole de Jésus dans l’évangile : « Nul n’est prophète en son pays. » Pour moi, cette parole est une formidable parole d’espérance : ok, ta parole, ton témoignage risque de ne pas toujours être bien accueilli dans ta famille, dans ton entourage, mais dis-toi bien que si là, ça risque bien de ne pas être possible et fécond, partout ailleurs, ça peut être possible et fécond ! Cette parole peut nous ouvrir de larges horizons quand nous retrouverons une liberté de mouvement ! Je pense particulièrement aux retraitants que nous accueillons : eux, ils ne sont pas de notre parenté, de notre voisinage, donc avec eux, c’est possible … mais encore faut-il que nous décidions de quitter un certain confort pour les rejoindre dans les temps qu’on nous propose de vivre avec eux. C’est quand on est privé qu’on redécouvre la valeur de ce dont nous sommes privés, étant privés de retraitants, peut-être allons-nous redécouvrir la richesse qu’ils représentent et nous rappeler qu’ils nous sont confiés pour que, au Nom du Seigneur, nous prenions soin d’eux.

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