18 novembre … apostasie !

Nous commençons la lecture des différents livres des Martyrs d’Israël qui nous racontent une histoire assez tragique dont la 1° lecture d’aujourd’hui plante bien le décor. Permettez-moi de faire un peu d’histoire pour que nous puissions bien situer ce qui se passe.

Dans les années 330-320 avant JC, l’empereur grec, Alexandre le Grand, grâce à ses conquêtes, est devenu le maître du monde. Mais, à sa mort, il y a un gros problème de succession puisqu’il n’a pas eu d’enfants … enfin, il y en a un qui est déjà mort et un autre qui va naître après sa mort. Il y a donc des luttes de pouvoir acharnées qui vont conduire à la division de ce vaste royaume.

Pour la région qui nous intéresse dans la Bible, c’est la dynastie des Séleucides qui a pris le pouvoir, et qui règne sur la Syrie de l’époque dont la Judée est une province. Très vite, dans un désir d’autonomie, ils vont se démarquer de l’emprise grecque. Mais voilà que, le temps passant, ils constatent que ce choix politique n’a pas été très payant, alors ils décident de faire à nouveau alliance avec ceux dont ils s’étaient éloignés.

C’est ce que nous expliquait le début de la lecture d’aujourd’hui. Dans cette province de Syrie qui retourne sa veste, normalement, la Judée aurait dû résister et refuser que les coutumes grecques s’installent à Jérusalem. Mais il n’en est rien ! 

C’est ainsi que la lecture nous parlait de l’installation d’un gymnase à Jérusalem, mais on sait ce que ça veut dire car, à l’époque, les gymnastes pratiquaient leurs sports complètement nus, or la nudité chez les juifs doit être cachée, la pudeur respectée.

Et la lecture détaillait d’autres décisions prises pour vivre au gout du jour : abandon de la circoncision, abandon des règles alimentaires et de la grande loi du sabbat. Et comme si ça ne suffisait pas, les gens se mettent à offrir des sacrifices aux idoles et tolèrent ce que le livre va appeler « l’abomination de la désolation » c’est-à-dire l’installation d’une statue de Zeus sur l’autel des sacrifices, c’est clairement l’aboutissement d’une décision : on change de dieu ! Et, comme si ça ne suffisait encore pas, on brûle tous les exemplaires de la Torah.

C’est donc à une véritable apostasie qu’on assiste et tout a été déclenché par cette idée : si ça va mal aujourd’hui, c’est parce qu’on n’a pas trouvé les bons alliés. Le slogan, c’est : Tournons-nous vers les grecs et nous serons sauvés ! A aucun moment, les responsables de la Judée ne se sont élevés contre cette analyse en disant que peut-être, il y aurait une autre analyse possible : si ça va mal, c’est parce que nous sommes en train de nous éloigner de Dieu.

Heureusement, un petit groupe de juifs pieux, mené par Judas Maccabée, va se révolter et obtiendra gain de cause mais en payant leur résistance par la mort de milliers de Martyrs. Nous lirons l’histoire de cette résistance dans les jours qui viennent.

Si j’ai tant insisté, ce n’est pas tant parce qu’une petite formation historico-biblique ne fait jamais de mal, mais c’est parce que nous devrions réfléchir sur ce qui se passe chez nous actuellement … parce que nous sommes en train de vivre le même processus.

Rappelez-vous, à l’origine de ce mouvement qui a conduit à l’apostasie, il y a ce constat : ça va mal et puisque ça va mal, on va chercher une alliance avec des puissants qui pourront nous aider tant pis s’il faut le payer cher en renonçant à toutes nos convictions de croyants, en tournant le dos à Dieu pour servir de nouvelles idoles.

Chez nous aussi, ça va mal, on ne cesse de l’entendre, bien sûr tout ne va pas mal, mais hier, puisque c’était la journée des pauvres, le Secours Catholique a tiré la sonnette d’alarme : il y a de plus en plus de pauvres, de personnes en grande précarité et, en même temps, il y a de plus en plus de riches, de fortunes colossales, bâtissant des empires financiers qui imposent la loi du plus fort.

Devant ce constat, on n’écoute pas ceux qui disent : mais peut-être que ça va mal parce qu’on a tourné le dos au Seigneur et que s’installe ce qu’on appelle de plus en plus souvent une apostasie silencieuse, pas de grandes déclarations contre la foi, mais un éloignement progressif qui finit dans un désintérêt total. Je donne juste un exemple : On développait le culte du corps dans les gymnases grecs, eh bien, chez nous aussi le culte du corps a remplacé la messe, on va courir le dimanche matin, faire du vélo. Et on dépense beaucoup pour soigner ce corps qu’on maltraite par ailleurs et pour lequel on a de moins en moins de respect en votant toutes sortes de lois qui le réduisent à l’état d’objet, ou en ayant des pratiques bien peu dignes du corps de l’autre ou de soi.

Vous savez comme la nature a horreur du vide, quand on chasse Dieu, ce sont les idoles qui prennent la place et, ces idoles, elles font payer cher, même très cher les services qu’elles proposent et qu’elles sont de toutes façons incapables d’accomplir.

Seigneur, dans l’Evangile, tu as guéri Bartimée, alors, puisque tu n’as rien perdu de ta puissance, viens guérir tous les aveugles d’aujourd’hui ! Toi qui as suscité des croyants à l’âme de résistants pour lutter contre l’apostasie, viens susciter des croyants au cœur de feu qui puissent, par leur enthousiasme, résister et combattre l’apostasie silencieuse à laquelle nous assistons et à laquelle parfois nous pouvons même participer quand nous ne te mettons pas à la 1° place.

En cette fête de la dédicace des basiliques St Pierre et Paul demandons leur intercession pour que nous soit donné le feu qui les a animés et qui leur a permis de préférer le Christ à leur propre vie, après qu’ils aient fait, eux aussi, des mauvais choix.

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