19 juillet : conclusion de la retraite

Vous me permettrez de m’adresser plus spécialement aux retraitants avec qui nous finissons cette retraite sur le thème : « Avec le Saint Esprit, tout devient possible ! » Cette retraite nous a permis de vivre ensemble une très belle expérience de Pentecôte. Et le Seigneur fait bien toute chose en nous proposant ce texte d’Evangile au moment où nous apprêtons à quitter le Cénacle. C’est évident, pour vous les retraitants, vous vous allez partir, rentrer chez vous, vous quittez donc le Foyer de Chateauneuf qui aura été, tout au long de la semaine, comme un cénacle vous permettant d’attendre le renouvellement de toutes vos vies en accueillant cette visite du Saint-Esprit. Mais, c’est aussi vrai pour nous-mêmes les membres de Foyer qui restons, nous quittons aussi le Cénacle, la page retraite se tourne et c’est la vie quotidienne recommence, mais une vie quotidienne où plus rien ne sera comme avant puisque nous avons été visités par le Saint-Esprit. Vous comme nous, il ne nous reste plus qu’à demander la grâce que ça se voit que nous avons été visités et que ça se voit au long terme ! C’est dans cette perspective que le texte d’Evangile est un beau cadeau.

Il fait suite à celui que nous avons entendu dimanche dernier, le texte si connu du semeur. Tout au long de cette semaine, nous nous sommes laissé travailler pour devenir une bonne terre. La grâce du Seigneur a bien labouré nos cœurs, nous avons accepté qu’il nous montre les pierres qu’il faudrait enlever et nous l’avons fait, nous avons jeté dans le feu de sa miséricorde toutes les ronces de nos péchés… il ne fait donc aucun doute que le Saint-Esprit qui est venu nous visiter a été accueilli dans une bonne terre. Puisque nous sommes devenus des femmes et des hommes de foi, puisque nous ne croyons plus que nous croyons, mais que nous croyons vraiment au point de prendre Jésus au mot, sa promesse doit donc s’accomplir, va donc s’accomplir et c’est une très belle moisson qui se profile, nous n’en doutons plus !

Oui, mais voilà, si nous avons bien travaillé cette semaine ou plutôt si nous nous sommes bien laissé travailler cette semaine, il y en a un qui se prépare à perturber ces beaux projets et c’est de lui, de son action que l’Evangile nous parle. Jésus le désigne clairement en utilisant le mot d’ennemi. Il est ennemi de Dieu, il est ennemi de l’homme particulièrement de l’homme qui aime Dieu, qui se rapproche de Dieu. Plus que jamais, nous sommes donc une cible pour son action. Cet évangile va donc devenir extrêmement précieux en nous donnant trois conseils essentiels :

1/ Si dans les jours, les semaines ou les mois qui viennent, vous vous rendez compte que vos vieilles mauvaises habitudes reviennent et qu’il y en a même de nouvelles largement aussi terribles qui apparaissent n’aller surtout pas penser que cette retraite a juste été un bon temps de douce illusion et que les sommets de la vie chrétienne ne sont pas pour vous ! N’allez surtout pas penser cela, vous feriez le jeu de l’ennemi. L’Evangile de cette semaine lu dans la continuité de celui de la semaine dernière nous donne une belle certitude de foi : la retraite ne peut que porter du fruit, du beau fruit, du fruit en abondance 30, 60, 110 pour un. S’il y a des problèmes qui surgissent ou resurgissent, ça ne remet pas en cause ce qui s’est passé dans la retraite, c’est tout simplement que nous avons laissé l’ennemi s’introduire la nuit, c’est-à-dire que nous avons relâché notre vigilance et qu’il en a profité pour faire un travail de sape. Luther avait une très belle expression pour nous aider à comprendre cela. Il parlait du Baptême d’eau, mais on peut en dire autant du Baptême dans le Saint-Esprit. Il disait le Baptême a noyé le vieil homme, mais le bougre, il savait nager ! Et Luther utilisait un autre mot que bougre que je n’ose pas utiliser parce que j’essaie d’être bien élevé ! Mais cet autre mot désigne bien l’ennemi ! 

Il n’était pas tout à fait mort, il a récupéré et nous a rattrapé et s’il nous a rattrapé, c’est que nous avons ralenti dans notre vie spirituelle. Nous paierons cache tout relâchement, le bougre nous rattrapera, l’ennemi profitera de notre vigilance qui s’assoupit pour venir semer des trucs pas sympas dans notre cœur. Mais ne désespérons pas, tout repartira très vite si nous ne nous laissons pas gagner par le découragement, si nous acceptons de nous jeter dans les bras du Seigneur à la manière du curé d’Ars en lui disant avec humilité et humour : « voilà, mon Dieu, je viens encore de te jouer un petit tour à ma façon. »

2/ Jésus nous prévient que ce qu’il sème avec le plus de délectation, c’est l’ivraie. Ce mot en grec, il se dit « zizanon » qui, bien sûr a donné zizanie en français. Voilà comment il vient empoisonner nos vies, nos relations, c’est en semant la zizanie. Certes, il a en réserve pas mal de mauvaises graines, on en a parlé, mais celle-là est tellement abondante et elle marche tellement bien que c’est celle qu’il préfère semer au 1° relâchement. Dès que nous pouvons percevoir que la zizanie est en train de s’installer dans n’importe quelle relation, ne nous trompons pas d’adversaire : n’allons pas ferrailler contre notre époux, épouse, enfant, membre de la famille, collègue de travail, voisin, membre de la communauté. Ne nous trompons pas d’adversaire, l’adversaire, c’est celui qui a semé la zizanie, c’est l’ennemi. A chaque fois, que nous entrons dans la zizanie, que nous l’alimentons, nous faisons son jeu. Ou mieux, nous décidons de jouer contre notre camp et de jouer dans l’équipe de l’ennemi. Ne nous laissons plus avoir et aidons-nous en couple, en famille en communauté à être clairvoyants en usant avaec douceur et détermination de la correction fraternelle.

3/ Ne nous focalisons pas sur le travail de l’ennemi mais sur ce que le Seigneur a donné et qui porte du fruit. C’est pour cela que Jésus dit qu’il ne faut pas arracher l’ivraie. Evidemment, il ne veut pas dire qu’il ne faut pas lutter contre l’ennemi. Rappelons-nous la méditation sur cette phrase du Veni Crator : l’ennemi repousse loin au loin ! Ce que Jésus veut nous dire, c’est qu’il ne faut pas tomber dans le piège de prêter trop d’importance à l’ennemi. On risque de s’épuiser, de se décourager en voulant enlever chaque mauvaise herbe. Jésus nous dit : occupez-vous plutôt de favoriser la croissance de ce qui a été semé par le Seigneur dans vos cœurs. Soit, vous devenez obsédés par la moindre de vos imperfections et cette obsession orgueilleuse finira par étouffer les charismes reçus. Soit, vous n’êtes préoccupés que de développer les charismes reçus et leur développement finira par étouffer les mauvaises herbes. C’est à nous de choisir !

Je termine avec les 2 petites paraboles que Jésus raconte, celle de la graine de moutarde que nous connaissons bien et que nous lisons souvent en disant : ce qui a été semé petit finira par devenir grand. Peut-être, mais ce n’est pas sûr que ça soit la bonne leçon. Parce que, si Jésus avait voulu dire cela, il aurait sûrement pris comme exemple la graine de cèdre. Elle est peut-être un peu plus grosse que la graine de moutarde, mais quelle disproportion entre la graine et l’arbre. Alors qu’en parlant de la graine de moutarde, ça marche moins bien, l’arbre est vraiment bien plus modeste qu’un cèdre ! Moi, je crois plutôt que Jésus veut nous dire que ce qui a été semé petit comme une graine de moutarde reste petit comme un arbre à moutarde, mais que c’est ça que Dieu aime puisqu’il envoie les oiseaux du ciel y faire leur nid. Ce que vous avez reçu dans cette retraite est peut-être très discret, aussi discret qu’une graine de moutarde mais, sans vous faire réaliser des prouesses extraordinairement tape-à-l’œil, ça va donner un sacré goût à votre vie, comme la moutarde vient donner du goût aux plats et aux sauces. Si c’est ce que vous étiez venus chercher, vous ne serez pas déçus, votre vie deviendra savoureuse !

Il reste enfin la parabole du levain dans la farine et qui fait lever la pâte, qui fait gonfler la pâte. Voilà l’œuvre du Saint-Esprit : lui, personne ne pourra le voir en vous, mais par contre, on devrait pouvoir constater son travail : vous allez devenir gonflés, vous ne serez plus jamais dégonflés comme une pâte raplapla ! Nous avons commencé la retraite avec cette histoire qui nous a permis de demander au Seigneur que ça puisse enfin se voir que nous sommes habités par l’Esprit, avec cette parabole, Jésus nous promet que ça va se voir et que le signe qui se verra le plus, c’est que nous ne serons plus des dégonflés, des peureux parce que nous ne compterons plus su notre dé à coudre d’amour pour distribuer de l’amour, nous puiserons sans crainte et sans retenue dans l’héritage d’amour du Père, le distribuant généreusement autour de nous et nous en délectant pour nous-mêmes.

Mais rappelez-vous ce que j’ai dit hier : vite, vite, posez des actes de foi, des actes d’audace qui montrent que vous croyez que la transformation a eu lieu sinon vous laissez l’ennemi faire tranquillement son œuvre et l’ivraie, la zizanie étouffera vite les charismes reçus et cette retraite, une fois de plus, n’aura été qu’un pétard mouillé !

Cet article a 2 commentaires

  1. Maeva Cuennet

    Merci mon père pour vos homélies ! J’aime les lire toutes parce qu’elles me donnent toutes un éclairage précis, l’explication qui m’est nécessaire.
    Hélas, j’ai pris du retard dans les lectures : les lire me prend plus de temps que les écouter…
    C’est pourquoi j’ai tant apprécié vos homélies audio pendant le confinement. Grâce à vous, j’ai découvert les Actes.
    L’année dernière, j’ai suivi l’enseignement que vous avez donné sur les fruits de l’Esprit aux Houches. Et je souhaite ardemment vous écouter encore sinon aux Houches, plus probablement à Château-Neuf- de Galaure.
    C’est curieux : j’ai lu votre homélie d’hier sur le travail du Malin pour saper le bon labourage des coeurs après la retraite que vous avez animée. Ce week-end, nous avons assisté à une session « Paray-le-Monial à Gex ». Et je sens que l’Adversaire va s’attaquer aux bonnes résolutions que nous avons prises…

  2. Maeva Cuennet

    Merci mon père pour vos homélies ! J’aime les lire toutes parce qu’elles me donnent toutes un éclairage précis, l’explication qui m’est nécessaire.
    Hélas, j’ai pris du retard dans les lectures : les lire me prend plus de temps que les écouter…
    C’est pourquoi j’ai tant apprécié vos homélies audio pendant le confinement. Grâce à vous, j’ai découvert les Actes.
    L’année dernière, j’ai suivi l’enseignement que vous avez donné sur les fruits de l’Esprit aux Houches. Et je souhaite ardemment vous écouter encore sinon aux Houches, plus probablement à Château-Neuf- de Galaure.
    C’est curieux : j’ai lu votre homélie d’hier sur le travail du Malin pour saper le bon labourage des coeurs après la retraite que vous avez animée. Ce week-end, nous avons assisté à une session « Paray-le-Monial à Gex ». Et je sens que l’Adversaire va s’attaquer aux bonnes résolutions que nous avons prises…

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