25 juin : fête du coeur immaculé de Marie. A l’école du Saint Curé d’Ars pour prier la Vierge Marie.

Hier, en la fête du Sacré Cœur de Jésus, nous avons prié en demandant à Jésus de rendre nos cœurs semblables au sien. Aujourd’hui, nous pourrions transposer cette demande en l’adressant à Marie, la vierge au cœur immaculé : oui, Marie, nous te le demandons, intercède pour nous afin que nos cœurs soient rendus semblables au tien. Mais un cœur rendu semblable au sien, à son cœur immaculé, est-ce possible ? En tout cas, ce n’est pas plus compliqué que de demander à Jésus de rendre nos cœurs semblables au sien ! Bien sûr, notre cœur ne sera jamais immaculé comme le cœur de Marie puisque nous, à la différence de Marie, nous n’avons pas été préservés des séquelles du premier péché et nous nous en rendons bien compte en constatant nos complicités quotidiennes avec le péché. 

Cette fête du Cœur immaculée de Marie est aussi, pour nous tous, une invitation à puiser dans son cœur. Et, puisque la spiritualité mariale est une dimension constitutive de nos Foyers de Charité, il m’a semblé que je pourrais, en cette fête, vous partager quelques belles paroles du Saint Curé d’Ars sur Marie qui nous aideront à alimenter cette spiritualité mariale. Evidemment, on aurait pu faire le même exercice avec Marthe Robin ou encore avec Louis-Marie Grignon de Montfort, le spécialiste de la spiritualité mariale, cher au cœur des bretons, mais vous me pardonnerez ce chauvinisme qui m’a fait choisir le Saint Curé d’Ars ! Lui, il n’était pas un spécialiste de spiritualité mariale car il n’était spécialiste de rien, mais il aimait dire, à propos de la Vierge Marie : c’est ma plus vieille affection car je crois bien que je l’ai aimée avant de la connaître ! Avec ces paroles, nous comprenons que nous pouvons, sans crainte, nous mettre à son école.

Nous le savons, son ministère n’aura pas été facile. Il a payé cher son audace et sa pugnacité à vouloir arracher au Grappin les âmes sur lesquelles il avait déjà fait une O.P.A. Il y a eu des moments où le combat était très difficile, même épuisant et il y avait aussi des moments où lui-même se retrouvait dans un état de terrible désolation, j’aime citer cette parole qui est une confidence faite à l’un des frères sacristains : il y a des moments où j’entrais dans mon église avec le dégoût de la prière. Il ne dit pas où je n’avais pas envie de prier, mais j’avais le dégoût de la prière ! Comme il est important que nous ayons quelques échos de ces terribles combats qu’ont eu à mener les grands saints, ça nous encourage à ne pas nous croire anormaux quand nous-mêmes, nous sommes dans la désolation ! 

En plus de tout cela, il devait faire avec sa psychologie tourmentée. Je crois l’avoir déjà évoqué, mais comme c’est un fait rarement souligné par les commentateurs, il n’est pas mauvais d’y revenir. Il y a eu cet épisode assez flou dans sa vie où il s’est retrouvé déserteur, je n’ai pas le temps d’évoquer comment il en est arrivé là d’autant plus que nous n’avons pas de certitudes absolues sur les événements qui l’ont conduit à cette situation. Mais toujours est-il qu’il est déserteur, caché dans une ferme de la région de Roanne. Les gendarmes viennent presque tous les jours chez les Vianney et menacent le père Vianney de lui prendre jusqu’à son dernier sous en représailles. Le père Vianney qui était très près de ses sous et qui n’avait pas été enthousiaste à l’annonce de la vocation de son fils, ça le mettait dans un état pas possible. Il fallait calmer la situation familiale car Jean-Marie s’entêtait à ne pas se présenter aux autorités militaires alors qu’un décret d’amnistie aurait pu lui permettre de faire son service sans représailles. Le père Vianney avait accepté de payer un jeune qui pourrait partir à la place de Jean-Marie pour faire cesser ces tracasseries, mais le jeune n’a pas tenu parole et ne s’est pas présenté. La situation devenait tellement tendue à la maison que son frère François, le cadet, décide de partir à sa place. Hélas, il ne reviendra jamais, victime de ces guerres à répétition lancées tous azimuts par les rêves de grandeur de Napoléon. Quand la maman réalisera que son fils ne reviendrait plus car il n’y a eu aucune annonce officielle, elle en est morte de chagrin. Quand Jean-Marie sortira de sa cachette, il avait donc ces deux morts sur la conscience, on peut facilement imaginer qu’aucun repas de fête n’a été organisé pour le retour du fils prodigue ! On comprend avec tout ça qu’il ait pu avoir une psychologie tourmentée et c’est très beau de voir que la grâce peut se frayer des chemins même dans les psychologies les plus tourmentées. C’est pour cela qu’il est important de ne pas faire une hagiographie à l’eau de roses !

Pas étonnant donc que la vie de Jean-Marie Vianney ait été compliquée. Eh bien, dans les moments difficiles qu’il traversait, il dira que c’est le recours à la Vierge Marie qui lui donnait la force de tenir le coup. Voilà l’une de ces belles paroles : « J’ai si souvent puisé à cette source qu’il n’y resterait plus rien si elle n’était pas inépuisable ! » Il osait dire de Marie : « Elle est meilleure que la meilleure des mères » … « Le cœur de Marie est si tendre pour nous que ceux de toutes les mères réunies ne sont qu’un morceau de glace auprès du sien ! » Quand on sait l’estime qu’il avait pour sa mère qui a été si admirable pour le soutenir dans sa vocation et le chagrin causée par sa mort dont il se sentait responsable, on comprend la portée de cette parole. « Le cœur de Marie est si tendre que ceux de toutes les mères réunies ne sont qu’un morceau de glace auprès du sien ! »

Alors, il aimera parler de l’intercession de la Vierge Marie comme l’action d’une mère aimante à l’égard de ses enfants. Je le cite : « Je pense qu’à la fin du monde, la sainte Vierge sera bien tranquille, mais tant que le monde dure, on la tire de tous les côtés. La sainte Vierge est comme une mère qui a beaucoup d’enfants. Elle est continuellement occupée à aller de l’un à l’autre. On imagine facilement la scène : une mère de famille nombreuse, elle a toujours un enfant qui la tire par la manche en l’appelant : maman, maman et en lui faisant part de sa demande. Eh bien, ainsi en va-t-il pour la Vierge Marie et comme c’est une mère de famille très nombreuse, le curé d’Ars en venait à souhaiter le plus vite possible la fin du monde pour que notre Bonne Mère du Ciel puisse avoir un peu de repos ! Mais en attendant que ce moment vienne, n’hésitons pas à la tirer par la manche pour solliciter son intercession.

Il développait encore une autre image et ça sera la dernière que j’évoque même s’il y en aurait encore beaucoup d’autres ! Il aimait dire que la Sainte Vierge était celle qui nous tenait l’échelle permettant de monter vers le Bon Dieu. Il avait vu ça quand il était enfant : celui qui montait à l’échelle dans un endroit pas très sûr, il fallait que quelqu’un lui tienne l’échelle pour qu’il ne tombe pas, d’autant plus qu’à l’époque les échelles étaient de fabrication très artisanale sans une large assise comme aujourd’hui avec de quoi s’amarrer si c’est nécessaire. Peut-être aussi avait-il entendu parler d’un accident arrivé à un ouvrier imprudent qui serait monté à l’échelle sans que personne ne la lui tienne ! Eh bien, dans ce langage imagé qu’il préférait aux définitions dogmatiques, il aimait donc dire que la Sainte Vierge était celle qui nous tenait l’échelle pour nous permettre de monter vers le Bon Dieu.Il savait bien qu’on ne monte pas comme ça, les mains dans les poches, vers le Bon Dieu, l’ascension spirituelle comporte ses risques, ses découragements, c’est pourquoi il est bon d’avoir la Sainte Vierge qui nous rassure et nous encourage. 

Mais la Sainte Vierge a une manière particulière de tenir l’échelle, ça ce n’est pas le curé d’Ars qui le dit, c’est moi ! Mais je le dis après avoir médité sur cette image. La Sainte Vierge tient l’échelle non pas depuis le bas, mais depuis le haut puisqu’elle est au ciel. Ça veut dire qu’elle peut surveiller notre ascension en nous regardant dans les yeux. En effet, celui qui grimpe fixe habituellement de son regard l’objectif à atteindre et c’est ainsi que levant les yeux vers l’objectif, nous croisons le regard de Marie qui ne nous lâche pas des yeux pour nous rassurer et nous encourager. De plus, comme elle tient l’échelle depuis le haut, elle a la capacité de l’incliner un peu plus quand elle sent que la pente est trop raide et que nous avons besoin d’un peu de répit. C’est vraiment une belle image que cette image de Marie qui nous tient l’échelle.

En conclusion, je vais réhabiliter l’un de mes précédents évêques, celui qui pensait que le mot qui résumait toute la foi chrétienne était le devoir, il s’est bien racheté par la suite avec les études qu’il a menées sur le curé d’Ars, notamment, cette belle plaquette sur le lien qui unissait le curé d’Ars à la Vierge Marie. Si vous pouvez la trouver, c’est un régal ! A la suite du Saint Curé d’Ars, puisons donc à la source du cœur immaculé de Marie et rappelons-nous que nous ne pourrons ni la fatiguer par nos demandes ni épuiser son cœur. Partageons cette conviction du curé d’Ars qui disait : « J’ai si souvent puisé à cette source qu’il n’y resterait plus rien si elle n’était pas inépuisable ! »

Cette publication a un commentaire

  1. Adéline

    La grâce peut se frayer des chemins même dans les psychologies les plus tourmentées…

    Alléluia !

    Merci

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