19 novembre : samedi 33° semaine ordinaire Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur « la Bête » sans jamais oser le demander !

Si on faisait un petit sondage demandant à des gens, plutôt chrétiens, s’ils connaissent l’Apocalypse, je ne sais pas combien pourraient dire oui ! Et si dans ceux qui disent oui, on leur demandait : de quel animal parle souvent ce livre ? Là, je suis à peu près sûr qu’ils diraient : la Bête ! Elle est quand même étonnante cette quasi-fascination pour la Bête et le nombre 666 qui la caractérise. Ce nombre, il est très connu, particulièrement dans les milieux sataniques, certains méfaits horribles sont signés par ce nombre de 666. Oui, elle est étonnante cette fascination pour la Bête alors qu’elle n’apparait qu’au chapitre 11 du livre, dans la lecture d’aujourd’hui et qu’au chapitre 19, elle est vaincue. C’est donc une notoriété bien éphémère que la Bête reçoit dans le livre de l’Apocalypse contrairement à l’Agneau qui est présent presque depuis le début et jusqu’à la fin, il est cité 27 fois. Mais c’est ainsi le bien ne fait pas de bruit alors que, même si on sait que le bruit ne fait pas de bien, beaucoup sont attirés le bruit, le mal. Pour que nous ayons quelques idées claires sur le sujet, je voudrais donc donner quelques éléments de réflexion pour mieux comprendre cette figure de la Bête, ou plutôt des Bêtes car il y en a deux.

Mais auparavant, je dis quand même quelques mots sur le début de la lecture qui nous parle de ces deux témoins chargés de prophétiser et qui sont comme deux oliviers, deux chandeliers. Ils doivent être importants ces témoins pour être comparés à des oliviers, des chandeliers, ce qui est finalement la même image. En effet, l’olivier fournit l’huile pour éclairer et, à l’époque, la lampe à huile était le moyen le plus courant d’éclairage. Ces deux témoins sont donc comme 2 phares chargés d’éclairer la route des chrétiens, particulièrement quand ils doivent traverser les ténèbres des temps difficiles. Qui sont-ils ? Il s’agit de Moïse et d’Elie et nous avons deux indices qui nous permettent de facilement les identifier !

  • Il est dit qu’ils ont le pouvoir de fermer le ciel, pour que la pluie ne tombe pas. Là nous reconnaissons Elie qui a bloqué la pluie pendant tant de jours.
  • Il est dit ensuite qu’ils ont aussi le pouvoir de changer l’eau en sang et de frapper la terre de toutes sortes de fléaux. Là, nous reconnaissons Moïse accomplissant des prodiges, les plaies d’Egypte pour convaincre Pharaon de laisser partir le peuple.

Moïse et Elie, ils récapitulent la Loi et les prophètes. Moïse et Elie, ainsi que tous ceux qui leur succèdent et qui annoncent la Parole au Nom du Seigneur, sont donc des phares parce qu’ils éclairent la route de ceux qui veulent vivre avec un cœur tourné vers le Seigneur et vers leurs frères. Ils sont des phares, mais, vous le savez, les phares attirent les moustiques et l’Apocalypse nous révèle qu’ils attirent bien plus que les moustiques ! La Bête, elle-même s’attaquera à eux et ils traverseront une grande épreuve. Ces deux témoins peuvent aussi évoquer Pierre et Paul qui ont aussi donné leur vie. Rappelons-nous que Jean écrit pour des Eglises persécutées, il n’annonce rien, il constate. Les historiens le montrent, la persécution de Domitien, directement visée dans le livre de l’Apocalypse, a fait pas mal de morts. Et le plus dramatique, c’est que beaucoup de braves gens s’en réjouiront, pensant que la mort des prophètes, entendez les chrétiens, les soulagera d’un grand poids puisqu’ils n’entendront plus leurs reproches ! Quelle méprise ! 

Mais au milieu de cette catastrophe, il y a un signe d’espérance qui est annoncé dans ces versets, rappelons-nous toujours que l’Apocalypse est écrite pour soutenir la foi et l’espérance des communautés persécutées. Et ce signe d’espérance, il est énoncé par le temps que doit durer le spectacle morbide auquel tous sont conviés pour admirer les cadavres des prophètes, des chrétiens. Le texte nous dit qu’ils seront exposés 3 jours ½ cette durée revient plusieurs fois dans le livre de l’Apocalypse. Essayons de comprendre, j’espère que vous aimez les maths ! 7, c’est le chiffre de la perfection, de la durée infinie, 3 et ½, c’est la moitié, c’est donc long mais ça ne durera pas toujours, il y aura une fin et quelle fin puisqu’au terme des ces 3 jours ½ le texte nous dit : un souffle de vie venu de Dieu entrera en eux, ils se dresseront sur leurs pieds, et une grande crainte tombera sur ceux qui les regardaient. La victoire finale reviendra bien à Dieu. C’est ce que proclame le livre de bout en bout. Ce n’est pas la Bête qui aura le dernier mot, cette Bête dont j’aimerais parler maintenant parce que le livre en parlera plus en détail au chapitre 13, mais comme nous ne le lirons pas et comme elle apparait déjà dans cet extrait, je veux en dire quelques mots.

J’ai déjà évoqué qu’il n’y avait pas une seule Bête mais deux Bêtes. Si vous lisez le chapitre 13 dans la TOB, le titre est clair : les deux Bêtes. Et, comme si ce n’était déjà pas assez compliqué comme ça, il faut rajouter à ces deux Bêtes le dragon qui veut s’en prendre à la femme, prête à accoucher et contre lequel Michel, le chef des anges va combattre. Pour nous aider à y voir plus clair, le mieux est sans doute que je cite le père Yves Saoût qui, dans son livre, fait parler St Jean, l’auteur de l’Apocalypse. Voilà ce qu’il écrit : Il y a beaucoup de confusion autour de la bête de l’Apocalypse et ce n’est pas récent. Beaucoup en parlent et en ont parlé sans regarder le texte de près et ils la confondent avec Satan. Or, je le dis clairement : c’est le dragon, et non la bête, que j’utilise comme symbole lorsque je veux parler de Satan, de son action et de sa défaite. Pour justifier ce qu’il écrit, le père Yves Saoût cite le verset 9 du chapitre 12 : Oui, il fut rejeté, le grand Dragon, le Serpent des origines, celui qu’on nomme Diable et Satan, le séducteur du monde entier. C’est donc clair la Bête n’est pas le Satan, c’est le Dragon qui le représente. Pourtant il y a un lien entre le Dragon, le Satan et la Bête puisqu’il est écrit au verset 2 du chapitre 13 : Le Dragon lui donna sa puissance et son trône, et un grand pouvoir. La Bête n’est donc pas le Satan, mais elle tient de lui son pouvoir. Nous voyons donc que les sectes sataniques se trompent complètement en signant du chiffre 666 qui caractérise la Bête et non Satan ! Mais on n’est pas obligé de les détromper, laissons-les dans l’erreur, c’est mieux comme ça !

Alors que représente cette Bête ? Pour le savoir, il faut lire la description qu’en fait Jean toujours au chapitre 13, au début du verset 2 : la Bête que j’ai vue ressemblait à une panthère ; ses pattes étaient comme celles d’un ours, et sa gueule, comme celle d’un lion. Vous allez me dire qu’avec une telle description, on est bien avancé ! Eh bien, oui, on est bien avancé, mais, à condition de bien connaitre les Ecritures parce que cette description de la Bête est une reprise, presque mot pour mot, d’un passage du livre de Daniel qu’on trouve au chapitre 7. Daniel décrit 4 bêtes aux apparences assez étonnantes, vous irez lire si ça vous intéresse. Mais ce qui est très important, c’est de savoir que, pour Daniel, ces 4 bêtes représentent les 4 grands Empires qui vont se succéder et étendre leur domination sur le monde : les Babyloniens, les Perses, les Mèdes et les gréco-Macédoniens. Jean a concentré ces 4 Bêtes sur une seule, qui représente donc elle aussi un Empire et on n’a donc plus de peine à comprendre qu’il s’agit de l’Empire Romain qui, à lui seul fera autant de mal que les 4 autres qui se sont succédé avant lui. On comprend que Jean ait écrit en langage codé car, si les Romains avaient eu accès au sens de ce qu’il écrivait, il aurait passé un mauvais ¼ d’heure ! Mais ses auditeurs, eux, comprenaient et ils comprenaient donc pourquoi ils traversaient de si grandes difficultés, c’est parce que l’Empire dominateur concentrait le Mal et que sa puissance, il la recevait de Satan, lui-même. 

J’espère ne pas vous avoir perdu parce que, maintenant, il faut parler de la 2° Bête ! Elle nous est décrite toujours au chapitre 13. Evidemment, pour comprendre, ça serait plus simple si vous aviez un Nouveau Testament à la main ! Je cite le verset 11 : j’ai vu monter de la terre une autre Bête ; elle avait deux cornes comme un agneau, et elle parlait comme un dragon. On se rend vite compte qu’il y a un problème, cette 2° Bête, elle ressemble à un agneau, mais elle parle comme un dragon. C’est un remake du petit chaperon rouge ! La personne qui est dans le lit de la grand-mère a bien le bonnet de nuit de la grand-mère, mais elle a de grandes dents et une voix très grave ! Manifestement, il y a un problème, la 2° Bête veut se faire passer pour un agneau qu’elle n’est pas du tout ! Je donne la solution sans faire toute la démonstration, cette 2° Bête, elle symbolise le culte impérial, le culte que l’empereur romain Domitien exige qu’on lui rende. Il veut se faire passer pour Dieu, mais il est plutôt un suppôt de Satan avec sa voix de Dragon. Le seul point positif, c’est qu’il n’a que 2 cornes, sa puissance est donc très limitée par rapport à celle de l’Agneau de Dieu qui, lui, a 7 cornes, donc la totalité de la puissance. Mais, il faut se méfier parce qu’elle est rusée cette Bête et cherche à égarer en accomplissant des actes de puissance. C’est ce qui est dit au verset 13 : Elle produit de grands signes, jusqu’à faire descendre le feu du ciel sur la terre aux yeux des hommes. La production de merveilleux n’est donc pas le signe de discernement le plus sûr !

Vous me permettrez de déborder un peu pour vous parler du fameux chiffre de la Bête, 666. Je cite le père Yves Saoût en arrangeant pour une lecture plus facile ! Puisque le chiffre 7 est le chiffre parfait dans la Bible, j’ai voulu dire à mes lecteurs que l’Empereur ou l’Empire avaient beau se laisser diviniser, Domitien avait beau signer l’un de ses décrets en ajoutant « seigneur et dieu » jamais il n’atteindrait la perfection divine. Ils avaient beau chercher à atteindre les 777, ils plafonnaient à 666 ce qui est un signe d’échec. Jean écrit d’ailleurs que ce chiffre est un chiffre d’hommes (13,18) qui n’a donc pas la puissance divine. Pour prouver ce qu’il avance, le père Yves Saoût cite deux passages bibliques où l’on voit que le 6 est bien le chiffre de la puissance, mais d’une puissance très imparfaite. Quand Nabuchodonosor se fit faire une statue d’or elle était haute de 60 coudées et large de 6 coudées. La taille de Goliath était de 6 coudées, la pointe de sa lance pesait 600 sicles de fer. Eh bien, Nabuchodonosor et Goliath, même s’ils étaient puissants seront vaincus par Dieu ou son représentant. Les lecteurs avertis comprennent donc que la défaite de la Bête, entendez de l’empire romain et de son empereur Domitien est déjà programmée.

Nous comprenons un peu mieux pourquoi le père Yves Saoût a intitulé son livre : Je n’ai pas écrit l’Apocalypse pour vous faire peur … je rajouterai volontiers : mais pour nourrir votre espérance !

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