2 décembre : le Salut comme un festin !

Aujourd’hui, dans le livre d’Isaïe que j’ai qualifié, hier, de livre des promesses, c’est une belle promesse qui nous est offerte, le Seigneur nous annonce qu’il va préparer « un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés. » Mais attention, ne nous trompons pas ! Je ne pense pas qu’avec cette promesse le Seigneur nous annonce qu’il est déjà en cuisine, en train de nous préparer un magnifique plat composé de groins, d’oreilles et de pieds de cochons ! La suite du texte nous invite plutôt à lire cette promesse comme l’annonce que le Seigneur nous fait d’un don qui va nous combler totalement, qui va nous établir dans une allégresse sans fin : plus de deuil, plus de mort, plus de larmes, plus d’humiliation, il va nous apporter ce à quoi nous aspirons le plus, c’est-à-dire le Salut. Et pour garder l’image du festin, on pourrait dire que le Seigneur nous annonce qu’il va nous livrer le Salut sur un plateau et qu’avec ce don, qui surpasse tous les dons, nous ne manquerons plus jamais de l’essentiel.

Evidemment, derrière cette promesse, nous, les chrétiens, nous lisons l’annonce à peine voilée de la venue de Jésus, le Sauveur du monde. Mais nous pourrions quand même nous poser une question : pourquoi comparer le don du Salut à un festin ? Je pense qu’on peut l’expliquer de trois manières complémentaires.

1/ La première consiste à dire que manger, c’est l’un des besoins fondamentaux de tous les êtres vivants. Et c’est bien pour cela que la faim dans le monde est un scandale si terrible. Arrêter de parler 11 secondes … Je viens de m’arrêter de parler pendant 11 secondes et un enfant de moins de 5 ans vient de mourir. Ce sont les chiffres donnés par le Programme Alimentaire Mondial : toutes les 11 secondes, un enfant de moins de 5 ans meurt de faim. Quel scandale quand on voit à quoi ressemble le contenu des poubelles en Occident ! Manger, c’est absolument fondamental et celui qui n’a pas les moyens de se procurer de la nourriture n’a qu’une obsession : dès qu’il se réveille, si la faim ne l’a pas empêché de dormir, c’est de trouver quelque chose à manger. J’avais lu le témoignage d’un SDF, comme on dit chez nous, un Sans Domicile Fixe, un clochard qui avait pu, grâce aux attentions si bienveillantes d’une association se sortir de cette situation infernale. Il racontait qu’il s’était retrouvé réduit au rang de bête avec une seule préoccupation : qu’est-ce que je vais trouver à manger ? Et pour trouver, il raconte qu’il était prêt à tout : manger des choses complètement pourries, voler et même voler d’autres pauvres qui n’auraient pas assez bien surveillé ce qu’ils avaient pu récupérer. 

Bref, je pourrais continuer encore longtemps à développer ce point : manger, c’est un besoin fondamental. Eh bien, dans sa promesse, en comparant le Salut à un festin, le Seigneur nous fait prendre conscience que le Salut est, pour l’homme, un besoin aussi fondamental que se nourrir. 

2/ Cette image du festin pour parler du Salut, elle nous laisse deviner que le Salut que le Seigneur veut nous offrir, non seulement, il va répondre à un besoin vital comme celui de se nourrir, mais il va être succulent. On peut se nourrir pour ne pas mourir et c’est déjà bien, mais quand on peut se nourrir en dégustant les saveurs extraordinaires de ce qu’on mange, alors c’est encore beaucoup mieux ! Le Seigneur nous laisse pressentir que le Salut qu’il va offrir va nous faire un bien extraordinaire comme un bon festin dans lequel on ne mange pas trop, mais uniquement de très bonnes choses, très bien préparées et réjouissant ceux qui les mangent et qui les partagent.

3/ Enfin, en comparant le Salut à un festin, le Seigneur nous invite aussi à faire comme un examen de conscience : est-ce que ce que nous désirons, c’est toujours vraiment bon, vraiment essentiel ? Nous connaissons tous cette belle parole, toujours dans le prophète Isaïe : « Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ? Écoutez-moi bien, et vous mangerez de bonnes choses, vous vous régalerez de viandes savoureuses ! » Is 55,2 Nous le voyons bien, tant d’hommes et de femmes, dans le monde, s’épuisent à courir après ce qui ne rassasie pas. Les gens dépensent beaucoup d’argent en pensant qu’ils seront heureux dès qu’ils posséderont le dernier truc à la mode et dès qu’ils l’ont, ils en sont vite fatigués et veulent immédiatement autre chose en pensant qu’avec ça, ils seront heureux et c’est ainsi que tant de personnes dépensent leur argent pour ce qui ne nourrit pas, se fatiguent pour ce qui ne rassasie pas. Avec le Salut, comparé à un festin, le Seigneur nous promet que ce qu’il nous offrira viendra combler nos désirs les plus profonds.

Et tout cela, nous voyons bien que ce n’est pas du vent. Quand on regarde, par exemple, la vie des moines qui ont fait un choix si radical, ils n’ont rien en propre ou presque et pourtant la paix et la joie qui illuminent leur visage manifestent bien qu’ils ont l’essentiel !

L’Evangile reprendra cette même image du repas. Jésus s’est occupé de tous ceux qui sont venus à lui qui avaient faim d’être guéris, faim d’écouter sa Parole, mais il a compris qu’ils n’étaient pas que des êtres spirituels et il va multiplier les pains pour eux. Ainsi, il manifestait que celui qui le suit, qui lui fait vraiment confiance ne manquera jamais de l’essentiel. Il annonçait déjà que le Salut qu’il offrira aux hommes sera pour leur âme, mais aussi pour leurs corps. C’est l’homme tout entier qu’il est venu sauver.

Et alors, ce que je trouve très beau, c’est de voir à quel point ces promesses vont trouver le début de leur accomplissement à Bethléem. Bien sûr Bethléem ne suffira pas, il faudra le Golgotha, le jardin de la résurrection et le cénacle, lieu du don du Saint-Esprit pour que le Salut soit accompli, mené à sa perfection. Le Salut, c’est la totalité de ce mouvement : Incarnation, Rédemption, Résurrection et Don du Saint-Esprit. Mais revenons à Bethléem puisque le temps de l’Avent nous préparer à ce qui va s’y passer. Je disais que ces promesses commencent à s’accomplir à Bethléem, le Salut offert comme un festin trouve le début de son accomplissement à Bethléem. Oui, le Sauveur est né là-bas à cause de cette décision de l’empereur de recenser son peuple, mais Dieu sait toujours intégrer à son projet de Salut, même les événements les plus tordus. En effet, vous savez sans doute que Bethléem, en hébreu, signifie la maison du pain. En plus, à Bethléem, la maison du pain, Jésus est né dans une mangeoire. Comment mieux dire que l’histoire du Salut est en marche et que ce Salut a les allures d’un festin ? Plus tard, celui qui fut l’enfant né à Bethléem, la maison du pain, dans une mangeoire se donnera en nourriture dans l’Eucharistie, aliment de notre Salut.

Bénissons donc le Seigneur qui nous donne de pouvoir chaque jour participer à l’Eucharistie et ainsi recevoir la nourriture qui nous permet de ne pas dépenser notre argent pour ce qui ne nourrit pas, de ne pas nous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas. 

Cet article a 4 commentaires

  1. Adéline

    Amen !!!
    Je pense quant à moi à un verser supplémentaire: « cherchez le Royaume de Dieu et sa Justice, et tout vous sera donné par surcroît » !
    Alléluia!

    1. Adéline

      * verset

    2. Wilhelm Richard

      Je crois que le chercher D’ABORD le Royaume de Dieu…..
      Il ne faut pas oublier d’abord car d’abord me semble primordial.
      CQFD

  2. Wilhelm Richard

    M’enfaim. !!!!
    Ce n’est pas la peine dent rajouter car j’en ai assez pour aujourd’hui.

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