2° dimanche de Pâques : dimanche de la miséricorde

On dirait que ces lectures ont été écrites pour nous ! Une lecture de confinement et une de déconfinement, c’est parfait ! Je vais bien sûr commencer par la lecture de confinement puisque c’est notre situation actuelle. Vous avez entendu le début du texte d’Evangile : « Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs. »  Comme nous, les apôtres sont donc confinés… mais nous avons un grand avantage sur eux, c’est que nous, il y a une date de déconfinement qui nous a été donnée, ok, ça ne sera pas simple, ça sera progressif, mais on entrevoit le bout du tunnel. Les apôtres, eux, sont confinés à cause de la peur, c’est bien plus terrible ! Que faudra-t-il, en effet, pour les déconfiner puisque même la venue de Jésus n’a pas suffi à faire sauter les verrous de cette peur ? Il est venu, il leur a donné un acompte d’Esprit-Saint, il les a envoyés en mission et 8 jours après, ils sont toujours confinés, les portes sont toujours verrouillées.

Mais voyez-vous, comme pour nous, cette situation de confinement ne va pas avoir que des effets négatifs puisque Jésus va les visiter deux fois … chez eux, là où ils sont confinés. Nous qui sommes confinés dans des conditions particulières et privilégiées, nous ne nous en rendons peut-être pas compte, mais ceux qui sont confinés chez eux, se rendent bien compte que la présence de Jésus, chez eux, n’aura jamais été aussi forte. Dans bien des maisons, on a installé un coin prière dans lequel on s’installe pour s’unir à une messe que l’on regarde par internet, pour vivre des temps de prière. Je comprends bien que la messe « en direct » manque et que la communion de désir n’est quand même pas comme la communion réelle, je comprends que l’absence de vie communautaire et de relations fraternelles soit une blessure, mais je suis sûr que Jésus visite toutes les maisons de ceux qui, confinés chez eux, désirent tant sa venue.

Ce temps de confinement va même être l’occasion, pour l’un des disciples, de faire une expérience extraordinaire et je suis sûr, qu’à sa suite, tous les apôtres ont bénéficié des retombées de cette expérience. Quand Jésus vient la 1° fois, Thomas n’est pas là, il devait en avoir marre du confinement, avec ou sans autorisation dérogatoire, il est sorti, peut-être pour retrouver son jumeau, peut-être aussi qu’il n’en pouvait plus de cette ambiance plombée ! Toujours est-il qu’il n’est pas là. Quand les autres lui racontent la venue de Jésus, il a du mal à croire. Moi, je le comprends et cela pour deux raisons, une mineure et une majeure. Je vais donc me faire l’avocat de Thomas !

La raison mineure qui explique son impossibilité de croire, c’est qu’il voit bien que cette venue de Jésus n’a rien changé dans la vie des apôtres, ils étaient confinés par la peur, ils le restent. On a légitimement le droit de remettre en cause la réalité d’une rencontre qui ne change pas une vie. Et c’est pour cela qu’aujourd’hui, il y en a tant qui ont du mal à croire, c’est qu’ils ne voient pas bien ce que la rencontre avec Jésus a changé dans la vie de bien des chrétiens. C’est pour cela que le pape François avait commencé sa grande exhortation Evangelii Gaudium par cette invitation à faire ou à refaire une vraie rencontre avec le Christ. Ce qui changera notre vie, ce ne sont pas nos résolutions de carême, ni toutes nos autres bonnes résolutions qui durent ce que durent nos bonnes intentions ! Il n’y a qu’une vraie rencontre avec le Christ qui a ce pouvoir de nous changer durablement, de nous réorienter. Thomas ne voit pas cela chez les apôtres, il doute donc de la vérité de la rencontre et il a raison ! On lui fait souvent dire : je ne crois que ce que je vois, dans le cas présent, il ne voit rien, donc il doute. Je trouve que c’est tout à fait normal !

Mais il y a une raison plus déterminante qui empêche de Thomas de croire. Et cette raison que j’approuve encore, on peut la découvrir dans la raison que Thomas avance pour justifier son incapacité à croire. Il dit : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » Il ne demande pas des preuves comme beaucoup le disent bêtement, il ne dit pas, je veux voir Jésus et je veux qu’il fasse un miracle devant nous, non, ce n’est pas ce qu’il demande ! Il dit qu’il veut toucher la marque des clous et la plaie du côté, autrement dit, il veut voir et même plus, il veut toucher les marques de la miséricorde de Jésus pour lui. Parce que la marque des clous, la plaie du côté, ce sont les signes de ce que Jésus a souffert pour nous, pour lui. Dans la semaine sainte, j’ai souvent cité cette parole de Paul : le Christ m’a aimé et s’est livré pour moi et, ces marques des clous, cette plaie du côté, Thomas a bien compris qu’elles étaient les signes du grand amour miséricordieux de Jésus pour lui.

Eh bien, je prends encore la défense de Thomas en dénonçant le fait que la tradition populaire ait fait de lui le patron des sceptiques … il est plutôt le patron et le modèle des croyants. Personne ne peut croire sans avoir vu, expérimenté, touché du doigt la miséricorde de Jésus pour lui. Seule l’expérience de la rencontre avec Jésus miséricordieux peut nous établir dans la foi, une vraie foi, pas une foi qui soit la mise en œuvre d’un ensemble de convictions morales plus ou moins rigides. Thomas veut voir, il veut toucher, il a raison, il y a droit comme tous les croyants ! Demandons la grâce, là où nous sommes confinés de pouvoir faire ou refaire cette expérience particulièrement en ce dimanche de la miséricorde. Thomas a tellement désiré cette expérience que Jésus est revenu juste pour lui, parce qu’il est le même aujourd’hui qu’hier, là où tu es, Jésus viendra pour toi aussi, si tu le désires avec la même intensité !

Mais vous allez me dire que cette manière de lire pose une grosse question, oui Jésus revient pour Thomas, mais il n’a pas l’air très content, la preuve, il dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » C’est là qu’on en revient aux problèmes d’intonation ! Je ne pense pas une seconde que cette remarque soit une remontrance de Jésus à l’égard de Thomas. Du reste, je vous ai expliqué que tout l’évangile de St Jean était articulé autour de 3 verbes : venir, voir et croire. La foi, elle vient au terme d’un processus qui commence par les pieds, il y a toujours une démarche à faire qui m’obligera à quitter, à bouger. Ensuite, il me faudra voir et c’est pour cela qu’on appelle l’évangile de St Jean, l’évangile des signes, il y a 7 grands signes à voir qui pourront susciter la foi. Et enfin, parce que je me suis bougé, parce que j’ai vu, je peux croire. Donc, la remarque de Jésus, si on y met la bonne intonation est comme une remarque de bon sens : croire, sans voir, c’est vraiment exceptionnel, heureux sont-ils ceux qui y arrivent, mais toi, Thomas, comme tout le monde et c’est bien normal parce que c’est le chemin habituel de la foi, tu as eu besoin de voir pour croire. 

Encore une fois, c’est parce qu’ils ne voient pas grand-chose que tant de personnes n’arrivent pas à croire. Les grands témoins, ceux chez qui on VOIT la foi à l’œuvre, ont toujours suscité l’admiration, ont toujours entrainé dans leur sillage. Peut-être avons-nous trop réfléchi sur la visibilité de l’Eglise, des chrétiens, mais le problème majeur n’est pas là ! Parce qu’il ne s’agit pas de chercher à nous faire voir, d’ailleurs, souvent, c’est circulez, y’a rien à voir ! 

Non, la question n’est pas de nous faire voir mais de faire voir la puissance du Ressuscité. Pour croire, aujourd’hui comme hier, le monde a besoin de VOIR, mettons-nous vraiment au service du Ressuscité pour qu’il accomplisse, par nous, ces signes qui, manifesteront aux hommes la puissance de sa miséricorde infinie.

Quant au texte pour la sortie du confinement, rassurez-vous, je ne vais faire que l’évoquer parce que nous allons avoir l’occasion d’y réfléchir dans les semaines qui viennent puisque nous commençons une lecture suivie du livre des Actes des Apôtres. La première lecture nous faisait le portrait d’une vraie communauté chrétienne. Bien sûr, les exégètes nous disent que c’est un portrait idyllique et que c’était moins glorieux que ça ! C’est vrai ! Mais c’est comme nous, quand nous envoyons une photo de nous à quelqu’un, nous ne nous photographions pas au lever du lit, en pyjama, les yeux à peine ouverts, les cheveux ébouriffés … pourtant c’est bien nous ! Nous envoyons une photo un peu plus soignée sachant que nous ne sommes pas toujours comme ça, mais que nous aimerions être plus souvent comme ça ! Ainsi en est-il de la photo de la 1° communauté chrétienne, ce n’est pas une photo prise au réveil, mais c’est ainsi qu’elle aimerait être le plus souvent possible. Nous aurons donc l’occasion de revenir plus en détail sur les repères qui nous sont donnés. Mais, je termine en soulignant le lien avec ce que je viens de dire : si nos communautés ressemblaient plus à cette photo, ce qu’elles donneraient à VOIR aiderait à CROIRE. Qui pourrait avoir envie de rejoindre une communauté qui se donne à voir en permanence en pyjama, les yeux à peine ouverts, les cheveux ébouriffés ?!

Cet article a 2 commentaires

  1. Wilhelm Richard

    Jésus avait-il une dérogation speciale pour sortir en ce temps de confinement et pour se rendre chez les disciples ? Quelle case avait-il cochée ? Avait-il respecte la durée ? J’en doute. Et les barrières de sécurité ?
    Quant à Thomas, s’est-il lave les mains avant de toucher Jésus ?
    Apres la partie face de l’homelie, le cote pile, les bonnes résolutions Duracell ou celui sont-elles vraiment faites pour être tenues longtemps ?
    Pour être REcharge, rien ne REmplace une vraie REncontre REnouvelée.
    C’est ce que j’appelle la vérité pour être heuREREREREux.

  2. chantal Ogier

    c’est super , incarnée, dans la vie, pour vivre le quotidien merci

    pourriez vous m’ envoyer à mon adresse mail ci- dessous

    merci

Laisser un commentaire