C’est vraiment étonnant d’entendre ce texte d’Evangile juste après cette semaine de retraite où on a quand même pas mal demandé des signes … au moins le signe que ça se voit que nous sommes remplis du Saint Esprit ! Et puis, il y a eu tous les signes demandés et donnés vendredi soir. Ça me permet de vous dire que la dame pour qui une parole de connaissance a été donnée en lui disant qu’elle se reconnaitrait parce qu’elle avait un tricycle rouge quand elle était enfant est venue me voir. Elle m’a dit qu’elle avait eu un tricycle rouge et que cette parole et tout ce qui a suivi lui a fait tellement de bien… même si, au début, elle ne voulait pas croire que c’était pour elle et même plus car elle ne voulait pas reconnaître ni accepter la fragilité que dévoilait cette parole. Mais quand elle osé s’abandonner, le Saint Esprit a agi dans sa douce puissance.
Alors est-ce que nous nous sommes fourvoyés en demandant ces signes ? Est-ce que Jésus remet tout ça en cause et nous réprimande en nous disant comme il disait à ses auditeurs du moment : « Cette génération mauvaise et adultère réclame un signe, mais, en fait de signe, il ne lui sera donné que le signe du prophète Jonas. » Manifestement, Jésus ne semble pas aimer cette demande de signes … quant au signe de Jonas, qui sera le seul signe qu’il semble accepter de donner, nous en reparlerons. Mais, auparavant cherchons à comprendre quand même si cette réticence de Jésus à donner des signes nous concerne.
Je réponds, non, et vraiment, je le fais sans difficulté ! Car la réponse que Jésus apporte est une réponse circonstanciée. C’est dans un contexte extrêmement polémique que Jésus adresse cette réponse aux scribes et pharisiens qui sont venus l’interroger. Vous regarderez ce qui précède, quelques versets auparavant, les mêmes détracteurs l’accusent d’expulser les démons en utilisant la puissance de Béelzéboul ! En fait, on se rend compte que les scribes et les pharisiens sont terriblement gênés, ils entendent des paroles et voient des signes qui les bousculent parce que tout ce qu’ils entendent et tout ce qu’il voit semble bien accréditer le fait que Jésus est le Messie, mais ils ne veulent pas le reconnaître, ils ne veulent pas croire … à moins que Jésus fasse un signe extraordinaire qui permettrait de ne plus douter. C’est se signe qu’ils demandent et c’est contre cette demande que Jésus va réagir si vivement.
Je pense que, du coup, vous voyez la différence avec nous. Eux ils ont demandé un signe pour croire et nous, nous avons demandé des signes parce que nous croyons, ça change tout ! Aujourd’hui encore, il y en a, à la suite des scribes et des pharisiens qui demandent des signes pour croire. Ils sont très rarement satisfaits et de toutes façons, même quand ils en voient, ils ne croient pas ! Parce que c’est la foi qui ouvre les yeux du cœur et qui permet de reconnaître la puissance, la portée et l’origine des signes. Nous connaissons cette parole des prophètes reprise par Jésus (Mc 4,12) : qui parle de personnes qui auront beau « regarder de tous leurs yeux, mais ne verront jamais ; qui auront beau écouter de toutes leurs oreilles, mais ne comprendront jamais. » Cette parole vise tous ceux qui refusent de croire. C’est la foi qui débloque tout, le regard, l’écoute, la compréhension.
Ceux qui refusent de croire, par définition, ils doutent de tout, alors que, pour ceux qui ont la foi, plus leur foi augmente plus ce qu’ils voient devient lumineux, plus ce qu’ils entendent devient clair et leur permet de contempler la puissance de Dieu à l’œuvre.
Pour ceux qui ont la foi, tout devient un signe clair et parlant, pour les autres, puisqu’ils refusent de croire, ils ont beau « regarder de tous leurs yeux, ils ne verront jamais ; ils auront beau écouter de toutes leurs oreilles, jamais ils ne comprendront. » Vous comprenez que, finalement, ce n’est pas Dieu ni Jésus qui leur refusent les signes qu’ils demandent, ce sont eux qui refusent de voir et comprendre. Du coup, avec cette explication que je viens de donner, on peut comprendre une autre parole énigmatique de l’Evangile (Mt 13,12) quand Jésus dit : « à celui qui a, on donnera, et il sera dans l’abondance ; à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il a. » Oui, celui qui a la foi, il a toujours davantage, sa foi grandit grâce à tout ce qu’il voit et qu’il entend parce que ce sont autant de signes qui nourrissent sa foi. Mais celui qui refuse de croire, les quelques certitudes qu’il avait réussi à se forger partiront en fumée puisqu’elles reposent sur du vent !
Nous avons donc bien fait de demander des signes puisque nous ne les demandions pas pour croire mais parce que nous croyons ! Et le Seigneur a répondu très généreusement à notre demande puisqu’elle était bonne ! Venons-en maintenant à ce fameux signe de Jonas qui semble être le seul signe que Jésus acceptera de donner à ceux qui ne croient pas. Il me semble que ce signe comporte une double signification. Il est important de les repérer toutes les deux car j’ai beaucoup parlé de l’endurcissement de ceux qui ne veulent pas voir, mais il y a aussi l’endurcissement de ceux qui ne veulent pas entendre.
- Jésus nous aide à comprendre l’une des significations quand il parle des 3 jours de Jonas dans la baleine et qu’il explique que ça préfigure ce qu’il va vivre dans son mystère pascal. Pour Jésus, il est donc clair que le mystère pascal sera un signe qui ouvrira à la foi un certain nombre de ceux qui refusent de croire. Et il a raison quand on pense au cri de foi du Centurion au Golgotha.
- Mais il y a une autre signification dans ce signe de Jonas. Finalement, qu’est-ce qui a permis aux habitants de Ninive de se convertir ? C’est étonnant, mais c’est seulement la prédication de Jonas, il n’a rien fait de plus qu’appeler à la conversion, il n’a fait aucun miracle ! Et sa prédication a été féconde, Ninive s’est convertie. On comprend la souffrance de Jésus devant l’endurcissement du cœur des scribes et des pharisiens, cette souffrance, on l’entend quand il précise qu’avec lui, il y a bien plus que Jonas.
Pour résumer, ce n’est pas le signe qui conduit à la foi, mais la foi qui permet d’accueillir et de comprendre la portée des signes qu’on voit et des paroles qu’on entend. Je termine en faisant un lieu rapide avec la 1° lecture. Finalement le signe que le Seigneur nous demande de donner, le signe le plus clair, ce n’est pas la capacité à faire des miracles qui en jettent plein la vue, mais c’est la capacité à vivre au quotidien « en faisant ce qui est bien, en respectant le droit, en aimant la fidélité, en s’appliquant à marcher avec le Seigneur. » Vivre ainsi, c’est le signe le plus manifeste de la puissance de Dieu à l’œuvre dans une vie car, finalement, faire un miracle un jour, ce n’est pas si compliqué, mais vivre dans l’amour toujours, ça l’est beaucoup plus ! Seuls ceux qui se laissent habiter en permanence par la puissance transformante du St Esprit y parviendront et leur vie fera signe.
Amen ! Fais-moi signe Seigneur ! Aujourd’hui et tous les autres jours… Ouvre mes yeux, mes oreilles et mon coeur à Ta Parole!
Un GRAND merci au St Esprit de vous avoir rempli, mais aussi déborder de sa présence en vous père Roger lors de cette retraite. Car on ne peut donner que ce qui déborde.
On pourrait dire aussi : qui a des yeux qu’il voit.
Durant cette retraite j’ai vu et entendu que l’homme n’est pas fait (seulement) pour produire du PIB mais surtout pour découvrir et vivre du BIB ( bonheur intérieur brut).
Merci Seigneur pour ces clins Dieu de cette retraite et de tous les jours.
Que Dieu vous bénisse encore et encore cher père Roger. Par votre foi et la façon de la vivre et de l’exprimer J’en suis abondamment nourri.