21 décembre Marie l’évangélisatrice

C’est encore la figure de Marie qui vient éclairer le chemin qui permet à nos cœurs de se préparer à Noël. Aujourd’hui, c’est sa rencontre avec Elisabeth qu’il nous est donné de méditer. Et, dans cette rencontre, Marie nous est présentée sous les traits de l’évangélisatrice. Et ça nous fait du bien d’accueillir cet Evangile qui vient nous soutenir dans notre propre mission d’évangélisation. 

Car, j’espère que nous en sommes persuadés, nous avons tous, et tout le temps à évangéliser, si ce n’est plus desune évangélisation directe au contact des jeunes, nous avons encore à nous évangéliser mutuellement. Alors, évidemment, entre nous, il ne s’agit pas d’une première évangélisation ! Mais il s’agit de mener une vie qui témoigne que nous sommes habités par la Bonne Nouvelle. 

Dans le cadre de la vie communautaire, c’est ce cadeau que nous devons nous offrir mutuellement pour nous soutenir, nous encourager et nous relancer quand c’est nécessaire. Je décide d’offrir aux autres un visage, un regard, des paroles, des attentions de quelqu’un qui vit encore et toujours de la Bonne Nouvelle. Je décide d’offrir aux autres un visage, un regard, des paroles, des attentions de quelqu’un qui se laisse encore réjouir et transformer par la Bonne Nouvelle. Je vous propose que nous nous arrêtions sur 3 versets qui peuvent nous rejoindre de manière toute particulière.

Le 1° verset que je retiens, c’est celui qu’on peut considérer comme l’introduction du texte : « En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement. » En ces jours-là, c’est-à-dire quelques jours après l’annonciation. Il a sûrement fallu que Marie et Joseph prennent un peu de temps pour se mettre ensemble sous le regard du Seigneur qui, jusque-là, leur avait parlé séparément. Il a sûrement été bon qu’ils puissent échanger pour se partager comment ils avaient reçu ce que l’ange leur avait dit à chacun et où ils en étaient de leur ajustement au projet de Dieu. Mais, sans tarder, Marie se met en route devenant la première évangélisatrice et ouvrant la voie pour tous les futurs évangélisateurs qui mettront en œuvre ce que Saint Jean-Paul II avait écrit dans sa lettre pour l’entrée dans le 3° millénaire : « Celui qui a vraiment rencontré le Christ ne peut le garder pour lui-même, il doit l’annoncer. »

Et ce qui va être intéressant c’est de voir comment Marie se met en route. Le texte nous dit « avec empressement. » La nouvelle traduction est meilleure que l’ancienne qui disait rapidement. Parce que faire les choses rapidement, ce n’est pas une qualité ! Il y a tellement de choses que je fais trop rapidement que je ne dois pas en être fier ! En grec, il est dit « meta spoudès » dont la traduction la plus juste serait « bien volontiers. » L’évangélisateur, ce qui le caractérise, c’est qu’il fait tout « bien volontiers » du lever quand le réveil sonne jusqu’au coucher. Il ne fait pas tout « bien volontiers » parce que tout l’enchante à priori, mais il fait tout « bien volontiers » parce qu’il sait que dans chaque occupation, dans chaque rencontre, il peut transmettre quelque chose de ce qui l’habite si profondément.

Le 2° verset : C’est Jean-Baptiste qui tressaille dans le sein d’Elisabeth. D’abord le verbe grec utilisé ici, il est très beau, c’est le verbe sirtakô qui a donné son nom à la danse du sirtaki ! Et pourquoi Jean-Baptiste se met-il à danser le sirtaki dans le ventre d’Elisabeth ? Parce que Marie est venue lui porte Jésus. Quand nous rencontrons quelqu’un, peu importe les raisons pour lesquelles nous le rencontrons, si nous sommes vraiment habités par la présence de Jésus, il y a quelque chose qui va se mettre à danser le sirtaki dans celui que nous rencontrons. Dans le cas présent, nous savons que Jean-Baptiste a dansé le sirtaki dans le sein d’Elisabeth car elle l’a dit, mais elle aurait très bien pu ne pas le dire et on ne l’aurait pas su … oui, mais ça n’aurait pas empêché Jean-Baptiste de danser !  Ce que je veux dire, c’est que ce n’est pas parce que nous n’avons pas de retours sur ce qui se passe en l’autre qu’il ne se passe rien. Maintenant tout cela est livré à la liberté de celui qui reçoit et qui peut décider de mettre rapidement fin à la danse qui commence en lui parce qu’il n’a pas envie de se laisser envahir. Sa réponse lui appartient, mais le fait qu’il ne réponde pas ne veut pas dire qu’il n’a pas été rejoint. Et si, la plupart du temps, le Seigneur permet que nous ne sachions rien des effets de nos démarches, c’est pour nous garder dans l’humilité !

Enfin, le 3° verset sur lequel je m’arrête, c’est la conclusion : Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. C’est la béatitude de Marie, c’est la béatitude des évangélisateurs. Quand Marie s’est mise en route, peut-être que, elle, elle percevait les premiers signes de sa grossesse, qui ne sont d’ailleurs pas très agréables, mais les autres ne voyaient rien. Et elle part quand même annoncer qu’elle porte un enfant, qui vient de Dieu et qui sera le Sauveur de l’humanité. Quelle foi pour oser cette démarche alors qu’elle ne peut avancer aucune preuve de ce qu’elle va dire. Oui, vraiment, Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur !

Pour évangéliser, il faut la foi, mais pas une petite foi bien installée qui nous fait mener une vie bien réglée dans laquelle nous ne pouvons imaginer aucun imprévu ! On ne peut mesurer la foi, quand j’étais au séminaire, un prof nous disait qu’il n’existait pas de « pistéomètre » pistis, en grec, c’est la foi ! Toutefois, notre ardeur à évangéliser est le thermomètre le plus fiable pour mesurer la passion, la foi qui nous animent. Saint Jean-Paul II avait écrit dans son encyclique Redemptoris Missio : « Dans l’histoire de l’Eglise, le dynamisme missionnaire a toujours été un signe de vitalité, de même que son affaiblissement est le signe d’une crise de la foi. »

Alors, en ce jour, demandons que soit renouvelée notre ardeur pour évangéliser, y compris dans le quotidien de la vie communautaire. Une ardeur qui nous fera tout faire meta spoudès, une ardeur qui fera danser le sirtaki autour de nous, une ardeur qui sera alimentée par notre foi.

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