21 mars : 5° dimanche carême : Mais où sont donc passés les grecs ?

Je vous rappelle le début de l’Evangile parce qu’avec le discours de Jésus qui a été un peu long et touffu, on risque bien d’avoir perdu de vue ce qui a été à l’origine de cette longue prise de parole de Jésus. Des grecs venus à Jérusalem pour la fête de la Pâque ont envie de voir Jésus. Ils en parlent à Philippe, ils sont sûrement plus à l’aise pour s’adresser à lui puisque son nom est à consonance grecque. Philippe va en parler à André parce que André sait bien faire l’intermédiaire, rappelez-vous c’était déjà lui qui avait présenté son frère Simon à Jésus, c’était encore lui qui avait présenté à Jésus le garçon qui avait les 5 pains et les poissons qui serviront à la multiplication. Bref, le charisme d’André, c’est vraiment de faire l’intermédiaire pour présenter des personnes à Jésus. C’est pour cela que, lorsque Philippe entend la demande des grecs qui veulent voir Jésus, il s’adresse tout de suite à André, parce qu’il est sûr qu’André saura comment faire pour les présenter à Jésus. 

Philippe et André vont donc voir Jésus pour lui expliquer que des grecs demandent à le voir. Et c’est en entendant cette demande que Jésus raconte l’histoire du grain de blé tombé en terre, qu’il parle de gloire, celle de Dieu, la sienne aussi qui doit être manifestée ce qui provoque une intervention de Dieu dont la voix se fait entendre et enfin, il annonce en des termes bien mystérieux ce qui va lui arriver. En entendant ce long discours de Jésus, on se pose quand même une question : et les grecs, qu’est-ce qu’ils deviennent là-dedans. Si on était à l’école, je vous donnerais une interrogation écrite : à partir du discours de Jésus, imaginez ce que Philippe et André disent aux grecs qui avaient demandé à voir Jésus. Et je rajouterai : dans 10 minutes, je ramasse les copies puisque 10 minutes, c’est le temps dont dispose un prédicateur pour expliquer les textes du dimanche. J’imagine que vous vous dites : heureusement qu’on n’est pas à l’école parce que je ne sais pas bien ce que j’aurais pu dire sur le sujet ! Je vous comprends, mais je vous demande de compatir parce que moi, il faut bien que je vous dise quelque chose sur ce sujet ! Oh je vous avoue que j’ai été tenté de prêcher sur la 1° lecture qui est belle et simple et de ne faire qu’une allusion à l’Evangile en commentant la parabole du grain de blé tombé en terre. J’ai eu la tentation, mais à force de le lui demander, le Seigneur ne m’a pas laissé entrer dans la tentation ! Et c’est tant mieux parce que les homélies doivent aussi servir à expliquer ce qui est un peu compliqué !

Aussi, je vais vous proposer ma réponse à la question que je posais : Philippe et André, qu’ont-ils bien pu dire aux grecs qui avaient formulé la demande de voir Jésus ? Leur réponse, je l’imagine en 3 points.

1° point de leur réponse. J’imagine Philippe et André disant aux grecs : Ce n’est pas qu’il ne veut pas vous voir, mais notre maitre, il est très humble. Quand on cherche à le voir, il ne prend pas tout de suite la grosse tête en disant : super, ma réputation dépasse les frontières d’Israël, je me retrouve à la tête d’une affaire qui commence à bien marcher ! Il se méfie toujours de ceux qui veulent le voir parce qu’ils ont entendu parler des merveilles qu’il pouvait accomplir. Alors, avant de le rencontrer, il faudra un peu clarifier votre demande. Votre démarche est-elle dictée par de la curiosité ? Votre démarche est-elle intéressée, est-ce que vous voulez le voir parce que vous avez quelque chose à lui demander ? C’est vrai qu’il n’y a aucun élément objectif dans cet Evangile sur lequel je pourrais m’appuyer pour imaginer cette réponse. Mais il faut quand même rendre compte du fait que Jésus semble ne pas répondre à la demande qui lui est faite ou du moins qu’il ne répond pas du tout comme on aurait pu s’y attendre en disant à Philippe et André : faites-les venir à moi ! C’est donc ce que j’ai imaginé, mais vous allez voir que la suite de mon développement pourrait valider cette réponse de Philippe et André. Je dis ça pour que vous me suiviez jusqu’au bout !

2° point de leur réponse. J’imagine que Philippe et André ont dit aux grecs : pour notre maître, le plus important, ce n’est pas de chercher à le voir, d’ailleurs, il semble dire que dans quelques jours, ce qu’il y aura à voir de lui ne sera pas très beau à voir ! Non, pour notre maître, l’essentiel, ce n’est pas de le voir, mais d’être avec lui. « Là où je suis, là sera mon serviteur. »C’est pour cela que lorsqu’on lui a dit que vous vouliez le voir, il nous a parlé de la relation unique qui l’unissait à Dieu qu’il ose appeler son Père et dont il partage la même gloire. Mais attention, pour Dieu, comme pour Jésus, la gloire n’a rien à voir avec la recherche d’un succès éphémère et tape à l’œil ! Non, la gloire, c’est la qualité de leur présence, c’est le poids d’amour qu’ils mettent dans leur présence. Jésus est venu pour nous parler de Dieu que nous connaissions si mal, sur lequel nous avions tellement d’idées tordues. Il a passé ses journées pour nous expliquer que Dieu était un Père qui aimait chacun d’entre nous comme une mère. Il a dévoilé la miséricorde infinie de Dieu, son Père et, tel Père, tel Fils, il a fait miséricorde à tous ceux qui étaient blessés dans leur âme, dans leur cœur et dans leur corps. On a bien compris que le grand désir de Jésus, c’est de nous conduire à Dieu, son Père qu’il nous a dit être aussi notre Père, d’ailleurs, il nous a appris à le prier en osant l’appeler ainsi. Alors, si vous êtes simplement venus pour voir un phénomène, ça ne l’intéresse pas, par contre, si au fond de votre cœur, vous entendez la douce voix du Saint-Esprit qui vous murmure : « viens te jeter dans les bras de ton Père du ciel », là, il va répondre à votre demande parce qu’il nous l’a dit, il est le chemin. Si vous acceptez de vous mettre en chemin avec lui, écoutez bien la suite parce qu’il nous a expliqué comment on pouvait accéder à la Vie, la vie de communion avec Dieu, la vie qui s’épanouit en vie éternelle.

3° point de leur réponse … ce qui suppose que les grecs étaient prêts à faire ce chemin. Pour nous expliquer comment accéder à cette vie, il nous a raconté une petite histoire, une de ces histoires toutes simples dont il a le secret. C’est l’histoire d’un grain de blé qui, pour donner du fruit, doit accepter d’être planté dans la terre et y mourir. On a bien compris qu’il était en train de nous annoncer ce qui allait lui arriver, ça fait des jours et des semaines qu’il nous y prépare, on sent bien que c’est imminent : il va être mis à mort mais, sa vie, personne ne la lui prendra parce qu’il l’a déjà donnée depuis toujours ; ce n’est donc pas au dernier moment, qu’il va la reprendre ! Nous avons compris aussi que cette histoire ne parlait pas que de lui, mais aussi de nous. Il nous a souvent expliqué que le disciple n’était pas au-dessus de son maître et que là où le maitre passerait, le disciple devrait aussi passer. Il ne voulait pas forcément dire que nous allions tous mourir de manière violente et injuste, mais il voulait dire que, nous aussi, il nous fallait donner notre vie et que nous pourrions nous appuyer sur le don qu’il a lui-même fait de sa vie pour devenir capables de donner la nôtre. Notre maître, il est convaincu que tout ce qui n’est pas donné est perdu, que tout ce qui n’est pas vécu dans l’amour finit par être oublié.

C’est donc à vous que j’ai rendu ma copie dans laquelle j’ai essayé d’imaginer la réponse de Philippe et André aux grecs qui avaient demandé à voir Jésus. Au passage, vous aurez pu remarquer que le discours de Jésus n’était pas aussi décalé qu’il y parait à première lecture. Mais j’espère surtout que dans l’un ou l’autre aspect de cette réponse que j’ai développée avec mes mots, avec mon imagination et ma compréhension du texte, vous avez pu aussi glaner l’une ou l’autre parole qui pourra nourrir votre méditation et vous donner quelques pistes pour vivre en croyant cette semaine qui va nous préparer à entrer dans la grande semaine sainte. J’espère aussi que ces paroles vous aideront à formuler votre propre réponse quand quelqu’un vous dira : je voudrais voir Jésus. Juste une précision, la parole que j’ai citée : Tout ce qui n’est pas donné est perdu, c’est une parole que mère Térésa avait fait inscrire sur le fronton de la maison dans laquelle elle accueillait les plus pauvres à Calcutta. Tout ce qui n’est pas donné est perdu, voilà des mots qui peuvent devenir la devise de tous ceux qui ne se contentent pas de vouloir voir Jésus mais qui veulent vivre avec lui, vivre de lui.

Cet article a 2 commentaires

  1. wilhelm richard

    Arrêtez vos salades …. grecques !!! elles sont bien épicées et assaisonnées.

    1. Père Roger Hébert

      Richard obtient le césar du commentaire !

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