22 décembre : mercredi semaine préparatoire à Noël. Deux modèles d’un amour parfaitement chaste, amour que nous avons tous à vivre !

On a l’habitude de dire, et c’est une bonne habitude, que Noël est la fête de l’Amour. Toute naissance est un miracle de l’amour, mais la naissance de Jésus l’est encore bien plus puisqu’il est le Fils de Celui qui n’est qu’amour. Les textes d’aujourd’hui nous aideront à méditer sur une qualité essentielle de l’amour, la chasteté qui, hélas, est trop souvent confondue avec la continence sexuelle. Les prêtres, les religieuses et les religieux ainsi que tous ceux qui prononcent un engagement au célibat consacré promettent de vivre dans la continence sexuelle et bien sûr dans la chasteté, mais là, ils ne sont pas les seuls à s’y engager. Nous sommes tous, quel que soit notre état de vie, appelés à vivre l’amour dans la chasteté. La chasteté, c’est cette belle qualité de l’amour qui ne met pas la main sur l’autre. Mais une fois que j’ai dit ça, nous pouvons tous mesurer le défi que cela peut représenter d’aimer ceux qui nous entourent sans mettre la main sur eux. Nous sommes tous tentés, plus ou moins consciemment, de profiter de l’amour que nous offrons pour retirer quelques bénéfices personnels, pour diriger l’autre sur la voie que nous pensons être la meilleure pour lui sans toujours vraiment respecter et accompagner sa liberté. « Si tu m’aimes vraiment, tu devrais faire ça pour moi ! » Oui, qu’il est dur d’aimer d’un amour parfaitement chaste !

Eh bien, parce que c’est difficile et pourtant essentiel, la liturgie met sous nos yeux deux femmes qui nous offrent un modèle parfaitement réussi d’amour chaste. 

La 1°, c’est Anne, la maman du petit Samuel qui deviendra un grand prophète. Nous le savons cette femme faisait le siège de Dieu dans le Temple où elle avait quasi établi sa demeure. C’est clair, elle ne lâcherait pas le Seigneur tant qu’il ne l’aurait pas bénie en lui accordant un fils, elle finira par l’obtenir. Mais du coup, le risque était grand, qu’ayant obtenu ce fils dans sa vieillesse, elle le couve d’un amour surprotecteur qui est précisément le contraire d’un amour chaste. 

Il y a un précédent célèbre dans l’Ecriture, c’est Abraham avec Isaac. Abraham a littéralement surprotégé ce fils, c’est pour cela que Dieu lui demande de le lui offrir. Il ne lui demande pas de le tuer en sacrifice, il ne manquerait plus que ça que Dieu soit pour les sacrifices d’enfants ! Non, sa demande est une manière de dire à Abraham, tu as mis la main sur cet enfant et tu crois l’aimer en le surprotégeant, mais en fait tu l’étouffes. C’est moi qui te l’ai donné, alors, ce fils, offre-le moi vraiment, détache-toi de lui, coupe ce lien qui l’empêche de s’épanouir. Et c’est pour cela qu’Abraham doit monter sur la montagne avec un couteau, c’est pour couper ce lien et devenir capable d’accueillir à nouveau ce fils comme un don de Dieu sur lequel il n’a pas à mettre la main.

Anne aura tout de suite la bonne attitude vis-à-vis de Samuel qui est aussi un enfant cadeau de Dieu. Elle vient au Temple et elle redonne à Dieu ce qu’il lui a donné manifestant qu’elle ne veut pas mettre la main sur le don de Dieu. C’est si beau et si inspirant pour nous !

Dans l’Evangile, c’est Marie qui nous est donnée en exemple. Elle aussi a reçu un enfant cadeau de Dieu et quel enfant ! Son Magnificat qu’il nous a été donné d’entendre est justement l’expression de son engagement à aimer cet enfant d’un amour chaste, à ne jamais mettre la main sur ce don si exceptionnel que Dieu lui a fait. Et la suite de l’Evangile manifestera que cet engagement, Marie l’a tenu, mais pour ne pas tomber dans un conte de fée, il est bon de réaliser que pour Marie, comme pour nous, aimer chastement pas n’a pas été sans combat. On peut repérer au moins deux mentions de ce combat. 

  • Je pense à l’épisode du recouvrement au Temple quand Jésus a douze ans. Ce temps de recherche de l’enfant perdu dans une grande angoisse et les retrouvailles enfin possibles avec cette parole si difficile à entendre de Jésus à leur égard, tout cela a dû être des moments de grand combat pour Marie et Joseph, combat pour rester dans la chasteté d’un amour qui ne met pas la main sur le don de Dieu.
  • L’épisode où il nous est dit que la famille de Jésus vient le chercher. Ils ne comprennent plus les choix de Jésus, ses paroles. Pour devenir vraiment chaste, l’amour ne peut se vivre que dans un combat à reprendre sans cesse.

Je disais que le chant du Magnificat est l’expression parfaite de l’amour chaste de Marie parce que, vous le savez, c’est un chant dans lequel Marie s’efface pour ne laisser que Dieu sous les projecteurs. Le Magnificat est un chant à la gloire de Dieu. Si vous êtes parfois en mal d’inspiration pour louer Dieu, vous pouvez toujours reprendre les paroles du Magnificat puisque chacune de ces paroles glorifie l’amour puissant et délicat du Seigneur à l’égard de Marie et de tous les petits sur lesquels il daigne jeter son regard pour les combler d’amour. Ainsi donc la louange, en opérant un décentrement dans nos vies, en nous tournant vers le Seigneur, en reconnaissant que tout nous vient de lui, la louange deviendra un puissant allié pour nous aider à vivre un amour toujours plus chaste qui nous gardera de mettre la main sur les dons de Dieu, sur les autres. A ce sujet, dans une retraite qu’il prêchait, le Cardinal Barbarin nous invitait à ne pas dire dans la prière du Je vous Salue Marie quand nous décidons de tutoyer Marie : et Jésus, ton enfant est béni. Il est largement préférable de dire : et Jésus, le fruit de ton sein est béni. Jésus n’est pas l’enfant de Marie, au sens de sa propriété. Nous connaissons tous la belle parole de Kkalil Gibran dans le prophète : vos enfants ne sont pas vos enfants ! Prions donc avec des mots justes car notre prière finit par façonner notre pensée, l’expression de notre foi.

Que l’intercession de Marie nous accompagne dans le combat que nous avons tous à mener pour vivre un amour chaste qui ne mette jamais la main sur les dons de Dieu, sur les autres.

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