22 mai : Dieu travaille bien avant nous … 1° enseignement dons de l’Esprit

Un petit mot sur la 1° lecture avant d’introduire la série d’enseignements sur les dons de l’Esprit. Ce qui m’a retenu, c’est le début : « Sois sans crainte : parle, ne garde pas le silence. Je suis avec toi, et personne ne s’en prendra à toi pour te maltraiter, car dans cette ville j’ai pour moi un peuple nombreux. » Manifestement, ce long séjour à Corinthe, il a été non seulement voulu mais préparé par le Seigneur : « dans cette ville j’ai pour moi un peuple nombreux. » Nous avons toujours besoin de nous redire, quand nous accompagnons une personne, que le Seigneur a été au travail en elle, bien avant nous, et que, finalement, le travail d’accompagnement d’une personne est un travail de jardinier qui consiste à permettre à ce que le Seigneur lui-même a semé de porter de beaux fruits. 

Encore une remarque ! Dans sa vision, Paul entend le Seigneur lui dire : « personne ne s’en prendra à toi pour te maltraiter. » Or nous avons entendu, à la fin du texte, que son séjour à Corinthe n’a pas forcément été simple. Pourtant la promesse a bel et bien été accomplie, il a eu des ennuis mais, à Corinthe, personne ne l’a maltraité. Je crois l’avoir déjà dit : quand on agit en fidélité à ce que le Seigneur nous demande, ça ne veut pas forcément dire qu’un grand tapis rouge sera déroulé devant nous et que tout sera facile, mais, si c’est vraiment en fidélité à l’appel du Seigneur qu’on agit, les obstacles vont tomber au fur et à mesure qu’on avance. Paul va en faire l’expérience, ici, à Corinthe et en bien d’autres lieux. Et, des années plus tard, il expliquera que les plus grands obstacles à l’expansion missionnaire, au rayonnement d’une communauté chrétienne ne viennent pas de résistances extérieures mais de désordres intérieurs. Nous pourrions donner bien des exemples pour montrer que c’est toujours vrai !

Je commence maintenant l’enseignement sur les dons du Saint Esprit qui nous préparera à la fête de Pentecôte. Quand nous entendons parler des dons du Saint Esprit, immédiatement nous pensons à cette liste que nous connaissons par cœur des 7 dons. C’est vrai, mais en même temps, on pourrait entendre, de manière plus large, à travers cette expression, tout ce que le Saint Esprit nous donne. Parce que la caractéristique du Saint Esprit, c’est qu’il donne. Au jour de la confirmation, l’évêque nous a « chrismés » en disant : « sois marqué du Saint-Esprit, le don de Dieu. » Il est à la fois le don et le donateur des dons, le mot don est l’un des mieux choisis pour définir le Saint-Esprit. La théologie a répertorié 4 sortes de dons : 

1/ Les fameux 7 dons du St Esprit. C’est sûrement la catégorie la plus connue. Je les cite rapidement et nous les reprendrons un par un dans les jours qui viennent. Le don de crainte, de piété ou d’affection filiale, de force, de conseil, de science, d’intelligence et de sagesse.

2/ Les fruits du St Esprit. On en parle souvent à partir d’une liste que Paul dresse dans la lettre aux Galates chapitre 5 versets 22 et 23 : « Le fruit de l’Esprit est charité, joie, paix, patience (longanimité), serviabilité, bonté, foi (confiance dans les autres : traduction étonnante !!!), douceur, maîtrise de soi. » A cette liste, il faut rajouter au moins 3 autres fruits que l’on trouve en d’autres endroits : humilité Eph 4,1-3 ; vérité Jn 16,13 ; Eph 5,9 ; liberté 2 Co 3,17. En fait, les fruits sont plus le résultat des dons que des dons eux-mêmes. Comment reconnait-on que le Saint Esprit est venu et demeure dans un cœur ? Eh bien, c’est par les fruits ! Inutile de vouloir faire croire qu’on agit sous l’impulsion du Saint Esprit si on n’est pas habité par une certaine bonté, par la joie, l’esprit de service … Les fruits sont un bon test pour vérifier si je reste plongé dans le bain du Saint Esprit. 

3/ Il y a encore une autre catégorie de dons que l’on trouve dans les Ecritures, ce sont ceux qu’on appelle « les charismes. » Quelle différence y a-t-il entre les 7 dons et les charismes ? C’est très simple ! Les 7 dons sont automatiquement donnés avec le don du Saint-Esprit. Tous ceux qui sont confirmés reçoivent ces 7 dons … après bien sûr, si je ne compte pas vraiment sur le Saint Esprit dans ma vie, ces 7 dons vont devenir de moins en moins efficients. Comme un muscle qu’on ne fait pas travailler va s’atrophier, de même le Saint Esprit, quand on ne le fait pas travailler, ses 7 dons vont peu à peu se ratatiner. Par contre les charismes sont des dons qui sont offerts à certains mais pour le service de tous. Mais, attention de ne pas confondre charisme et qualité, on dit facilement de quelqu’un qu’il a du charisme pour dire qu’il a de belles qualités. Les qualités, ce sont d’abord des aptitudes naturelles alors que les charismes, ce sont vraiment des dons du St Esprit qui sont faits à certains pour le service de tous. Les deux éléments sont importants : donnés à certains pour le service de tous dans la liberté souveraine du St Esprit : personne ne peut les revendiquer, personne ne peut les transmettre. Et ce sont des dons transitoires, c’est-à-dire qu’à un moment, on peut avoir tel charisme parce que le Saint Esprit a jugé que c’était un don utile à la communauté pour ce moment et il me l’a donné à moi, pour ce moment … et puis ensuite, ce don peut être retiré parce qu’il n’y en a plus besoin ou parce que le Saint Esprit estime préférable que ce soit quelqu’un d’autre qui l’exerce.

4/ Enfin, la dernière catégorie de dons, ce sont les ministères. Il y a deux différences entre les charismes et les ministères. 1° différence, les ministères sont confiés par l’Église, elle a reçu le pouvoir de le faire dans la puissance du Saint-Esprit. Elle les confie à des hommes, selon son discernement et les règles qu’elle fixe. Et, 2° différence, elle les confie de manière définitive, ce qui distingue encore les ministères des charismes qui, eux, sont des dons transitoires. Il est très important de replacer les ministères dans la catégorie des dons du St Esprit : si de pauvres hommes peuvent agir au nom du Christ, c’est ça le ministère sacerdotal, c’est bien parce que le St Esprit, par mandat de l’Eglise, les rend capable. 

Je viens de vous citer toutes les catégories de dons du St Esprit, mais je voudrais tout de suite nous inviter à une attitude fondamentale. Pour nous la faire découvrir, je vous raconte à nouveau cette petite histoire que j’ai déjà dû raconter, mais elle est tellement éclairante ! 3 femmes étaient en extase devant la vitrine d’une bijouterie. La 1° dit : si un bon génie venait à moi pour me dire qu’il pourrait réaliser un vœu, je lui demanderai cette rivière de diamants. La 2° dit : et si le bon génie me demandait la même chose, moi je demanderais cette bague avec toutes ces pierres précieuses. Elles se tournent vers la 3° en lui disant : toi, inutile de te demander, vu comme tu aimes les montres, tu demanderais forcément cette montre avec son bracelet si précieux ! Et la 3° leur répond : pas du tout, si le bon génie me demandait un vœu, je lui demanderais de pouvoir épouser le bijoutier ! Dans les jours qui viennent, nous allons parler des dons du St Esprit n’oublions pas que le plus désirable, ce ne sont pas les dons mais le donateur ! C’est bien pour attiser le désir de recevoir le donateur que nous réfléchirons sur ces 7 dons.

Je termine en évoquant une objection possible de certains : mais le Saint Esprit, on l’a reçu et re-reçu pourquoi faut-il encore se préparer à le recevoir ? Je répondrai de deux manières à cette objection par la théologie et par l’humour ! 

Par la Théologie. Oui, nous avons reçu le St Esprit de manière toute particulière à la confirmation et pour nous, les prêtres en plus à notre ordination. Mais la théologie parle de situation dans laquelle les sacrements reçus peuvent être liés. C’est-à-dire que nous les avons bien reçus, mais la grâce du sacrement n’a jamais pu devenir active parce que ceux qui ont reçu le sacrement n’avaient pas la foi requise et n’ont jamais cherché à développer le don reçu. C’est le cas pour tant de personnes qui reçoivent des sacrements par tradition. Mais vous allez me dire, ce n’est pas notre cas, non bien sûr ! Mais le sacrement lié évoque aussi une autre situation où on a bien laissé la grâce du sacrement s’épanouir, mais il y a eu un moment où on l’a bloquée à cause de notre péché et notre peu de pratique du sacrement de la réconciliation, ou à cause de notre tiédeur spirituelle. Il faut donc délier ce qui est devenu lié. C’est ce qu’on fait à chaque veillée pascale en demandant que soit renouvelée la grâce de notre Baptême et c’est ce qu’on fait aussi chaque année dans la neuvaine de préparation à Pentecôte en demandant que soit renouvelée la grâce de notre Confirmation.

Maintenant, je réponds par l’humour ! Le père Jean-François à la Flatière aime raconter cette histoire de 3 jeunes séminaristes qui vont à Paray-le-Monial et qui vivent là-bas une belle expérience qui les renouvelle profondément par l’effusion du Saint Esprit. En rentrant, ils décident de saluer leur évêque, coup de chance, il est à l’évêché ! Avec beaucoup d’enthousiasme, ils lui racontent ce qu’ils ont vécu et l’un d’entre eux, rempli d’audace, propose à l’évêque de se mettre à genou et ils vont prier pour qu’il reçoive l’effusion du St Esprit ! Pas charismatique pour un rond, l’évêque leur explique que s’il y en a un ici qui a le St Esprit, c’est bien lui, puisqu’il est revêtu de la plénitude du sacerdoce donc il a reçu le St Esprit déjà au Baptême puis à sa confirmation, à son ordination de diacre, de prêtre puis d’évêque … alors quand même, c’est un peu hasardeux comme démarche de lui proposer une effusion du St Esprit. Et le séminariste audacieux lui répond : Monseigneur, nous ne doutons pas que vous ayez reçu le St Esprit, mais nous allons prier pour que ça se voit ! C’est ce que nous ferons dans cette neuvaine : prier pour que ça se voit !

Cette publication a un commentaire

  1. Adéline

    Amen! Alléluia!

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