22 novembre : ménage !

Ça me surprendrait que dans une bande de gars comme vous, il y ait beaucoup de fans du ménage ! Vous êtes sûrement comme moi, vous faites le ménage parce que c’est nécessaire et plus agréable de vivre dans un espace qui soit propre !

Je dis ça parce que les lectures d’aujourd’hui nous présentent 2 scènes de ménage, mais quand je parle de scènes de ménage, je ne veux pas évoquer des disputes dans un couple, non ! C’est vraiment de ménage qu’il s’agit ! L’une des scènes s’est passée il y a 2200 ans et l’autre, il y a 2000 ans et elles concernent toutes deux le Temple de Jérusalem.

Alors, vous pourriez très vite avoir envie de décrocher quand vous entendez ça en disant, le ménage, c’est déjà pas mon truc, mais si en plus, on nous parle de ménage effectué, il y a plus de 20 siècles, aucun intérêt et puis c’est dans le Temple, là où j’habite, ce n’est pas moi qui fais le ménage de l’église, donc je n’ai rien à apprendre !

Avant de décrocher parce que vous ne vous sentez pas concernés, écoutez encore ça ! Dans la 1° épitre aux Corinthiens, Paul nous dit que, chacun de nous, nous sommes le Temple de l’Esprit. Ça signifie donc que les 2 scènes de ménage qui nous sont présentées aujourd’hui devraient nous aider à faire le ménage en nous. Et ça tombe bien, puisque nous approchons de la fête du 8 décembre et qu’il nous sera proposé de faire le ménage en nos cœurs en nous confessant.

Dans la 1° lecture, il nous est dit quel est le bazar qu’il nous faut ranger et même ce qu’il faut absolument jeter. Elle nous dit aussi ce que peut procurer un tel ménage si nous avons le courage d’aller jusqu’au bout.

Dans l’Evangile, nous voyons un autre type de bazar dont il faut aussi nous débarraser et, là, le texte nous livre plutôt la méthode ou au moins l’état d’esprit avec lequel il nous faut attaquer ce ménage. Alors allons-y, c’est parti pour deux leçons de ménage !

1° leçon, elle nous est donc donnée dans la 1° lecture par Judas Maccabée. C’est l’épilogue de cette courageuse révolte d’un groupe de juifs pieux qui a refusé d’entrer dans ce mouvement d’apostasie initié par le roi Antiocos Epiphane. Il avait voulu éradiquer la foi juive en obligeant tout le monde à vivre comme les grecs et à prier comme les grecs. Pour cela, il avait construit un gymnase dans lequel les athlètes s’entrainaient, comme les grecs, c’est-à-dire en étant nus ; ce non-respect de la pudeur élémentaire était inadmissible pour un juif. Il avait ensuite exigé qu’on envoie balader toutes les règles alimentaires si importantes dans le judaïsme et qu’on brûle tous les exemplaires de la Loi. Et, comme si ça ne suffisait encore pas, il avait installé une statue de Zeus dans le Temple, plus précisément sur l’autel des sacrifices. Il n’y avait pas de signe plus clair à donner pour indiquer que, désormais les idoles avaient remplacé Dieu. Judas Maccabée et ses frères, suivis d’un groupe de juifs pieux se sont opposés, il y a eu de très nombreux martyrs, mais ils ont fini par l’emporter. Pour signifier que cette histoire n’est plus qu’un mauvais, un très mauvais souvenir, ils décident de nettoyer le Temple de tous les signes qui rappelleraient cette sombre époque.

Mes amis, n’y a-t-il pas, pour nous, à entreprendre un tel ménage dans nos cœurs puisque nos cœurs sont le Temple de l’Esprit ? Ne nous arrive-t-il pas bien souvent d’accorder plus d’attention, plus d’honneurs aux idoles qu’à Dieu ? Quand nous voulons débusquer nos idoles, il y a une phrase de Jésus qui peut nous aider à le faire, il dit : là où est ton trésor, là aussi est ton cœur ! A quoi je passe le plus de temps ? De quoi je parle le plus souvent ou à quoi je pense le plus souvent ? De quoi je rêve ? 

Répondre lucidement à ces questions nous permettra de débusquer nos idoles, de constater avec tristesse qu’elles sont nombreuses à prendre la 1° place dans nos vies, cette place d’honneur qui revient à Dieu seul.

Le ménage entrepris par Judas Maccabée et la restauration des signes de la vraie religion, cette fête de dédicace qu’on nous décrit dans la lecture est à l’origine de la fête la plus joyeuse du judaïsme, la fête de Hannouka. Au niveau de l’intensité de la joie, c’est l’équivalent de Noël. C’est d’ailleurs à cette occasion que les enfants reçoivent les cadeaux. Au niveau de l’apparence extérieure, elle ressemble plutôt à la fête que vous préparez activement, celle du 8 décembre puisque pour Hannouka, les juifs allument des lumières partout.

Eh bien, voilà ce qui nous attend, si nous décidons courageusement de faire un grand et vrai ménage dans nos cœurs en chassant toutes nos idoles, nous serons envahis par la joie et notre témoignage deviendra lumineux.

2° scène de ménage, c’est celle à laquelle se livre Jésus dans l’Evangile. Nous connaissons mieux cet épisode dans la version de l’Evangile de St Jean qui donne plus de détails que Luc. On voit Jésus qui fait un fouet pour chasser toutes les bêtes et qui renverse les tables des changeurs. Il ne supporte pas qu’on ait transformé le Temple en caverne de bandits. Parce que, pour offrir les sacrifices, il fallait des bêtes, il y avait donc tout un commerce qui s’effectuait dans le Temple, un commerce où seuls des privilégiés avaient le droit de vendre et comme, il fallait acheter sur place, ils pouvaient fixer les prix qu’ils voulaient. En plus, dans le Temple, il ne fallait pas de monnaie romaine, la monnaie qu’on utilisait tous les jours, il y avait donc des changeurs de monnaie qui fixaient le cours du change selon leur bon plaisir.

Jésus ne supporte plus tout ça d’autant plus qu’il sait très bien que Dieu n’a pas besoin qu’on lui offre des bœufs, des moutons, des colombes pour se montrer favorable. Jésus ne supporte plus tous ceux qui font de l’argent sur le dos des pauvres et qui en plus, dénaturent la religion en la transformant en une religion de marchand de tapis qui laisserait entendre que Dieu monnaie son amour, sa miséricorde. Alors Jésus fait un grand ménage et il ne met pas des gants blancs pour faire ce ménage mais quasiment des gants de boxe parce que trop c’est trop !

Mes amis, là encore, ce ménage entrepris par Jésus devrait nous inspirer. Notre cœur ne ressemble-t-il pas souvent à l’esplanade du Temple ? Est-ce que nous ne jouons pas trop souvent aux marchands de tapis avec Dieu en lui promettant tel sacrifice s’il nous obtient telle réussite ? Osons-nous croire qu’il nous offre sa bienveillance de manière totalement gratuite et qu’il attend donc que nous, en retour, nous agissions, vis-à-vis de lui et des autres, dans la gratuité totale sans rien attendre en retour ? 

Là c’est l’ardeur de Jésus qu’il nous faut demander pour faire le ménage dans nos cœurs en chassant définitivement tout esprit de marchandage, toute prière qui fonctionne dans le registre du donnant-donnant.

A l’approche de cette grande fête du 8 décembre qui nous fera contempler ce que Dieu peut réaliser dans le cœur d’une personne qui n’a pas laissé de prises au péché, demandons cette ardeur pour entreprendre ce grand ménage qui nous permettra d’accueillir une très grande joie et de devenir des témoins lumineux.

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