23 septembre : vendredi 25° semaine. Quand la buée nous empêche d’accéder au vrai Bonheur !

Etant arrivé hier soir, je ne sais pas si, dans l’homélie d’hier, il y a eu un mot sur la première lecture tirée du livre de Qohéleth. En tout cas, voilà, ce que moi, j’ai envie de vous dire en espérant que ce soit bien l’Esprit-Saint qui me l’ait inspiré car, finalement, ce que, moi, j’ai envie de dire n’a pas grand intérêt, par contre, quand c’est l’Esprit-Saint qui parle à travers le prédicateur, alors, ça devient plus pertinent !

En faisant quelques recherches sur internet pour préparer une intervention que je dois faire prochainement sur le thème du bonheur, je suis tombé sur un document intéressant intitulé : « à la recherche du bonheur, une lecture du livre de Qohéleth. » J’ai été évidemment attiré par ce titre parce que n’est pas habituel d’associer le livre de Qohéleth à la recherche du bonheur. « Vanité des vanités, tout est vanité » ces paroles entendues hier, ne nous semblent pas, à priori, être les meilleures pour ouvrir une réflexion sur le Bonheur ! Et pourtant, ce n’est pas mal vu parce que, finalement, ce texte et de manière plus générale, le livre n nous invite, à vérifier si nous savons faire la différence entre ce qui tient, ce qui dure et ce qui n’est que buée puisque c’est la traduction la plus juste du mot hébreu qui a été traduit par vanité. Du coup, cet enseignement fondamental du livre de Qohéleth peut nous aider à poser un diagnostic sur nos vies : suis-je vraiment heureux et si j’ai l’impression de ne pas l’être suffisamment, ne serait-ce pas parce que je suis trop attaché à ce qui n’est que buée ?

Pour que tout cela ne reste pas trop théorique, je voudrais, pour illustrer mon propos, vous faire un résumé de mon histoire, enfin d’une partie de mon histoire. Je suis issu d’une famille assez pauvre ; mon père étant malade de l’alcool, à la maison, c’était très compliqué. Du coup, pour les 6 enfants de la famille, il n’y avait qu’un seul vélo, un vieux vélo et comme j’étais le dernier exæquo avec ma sœur jumelle, nous n’avions jamais droit au vélo, c’étaient toujours les grands qui le prenaient ! Alors, je me disais, Roger, tu seras heureux quand tu auras un vélo à toi. En grandissant, j’ai eu un vélo, je ne sais plus si c’était mon parrain ou ma marraine qui me l’avait offert. J’ai sûrement été heureux quelque temps avec mon vélo, mais, assez vite, je ne suis mis à regarder ceux qui avaient une mobylette en me disant : un vélo, c’est bien, mais la mobylette, c’est quand même mieux, avec une mobylette, on doit être vraiment heureux ! Je n’en ai pas eu car nous n’avions pas d’argent, mais il arrivait qu’on prenne celle que ma mère avait été obligée de s’acheter pour aller au travail après le décès de mon père. En faisant de la mobylette, j’ai bien dû être heureux quelque temps, mais, même si je n’habitais pas dans une région où il y avait le crachin breton, assez vite, je me suis mis à regarder ceux qui possédaient une voiture et à les envier en pensant qu’avec leur voiture, ils devaient être bien plus heureux que moi ! J’ai eu plus tard une voiture, une très vieille 2cv et je me disais, le bonheur, c’est sans doute la voiture, mais pas celle-là qui me rend incapable de doubler qui que ce soit ! Et j’en ai eu une mieux et une autre encore mieux ! J’arrête là, mais vous voyez, on croit souvent qu’on va être plus heureux quand on pourra posséder ce qui nous fait rêver. Et c’est l’illustration parfaite de ce que dénonce le livre de Qohéleth, tout ce que l’on possède n’est finalement que de la buée, dès qu’on le possède, on rêve de plus et mieux, c’est-à-dire qu’on rêve d’un peu plus de buée qui nous empêchera un peu plus de bien voir, de bien discerner, de bien choisir.

Et la buée ne représente pas seulement le désir de posséder des biens matériels, on pourrait en dire autant de la santé quand nous croyons que nous serons plus heureux avec un peu plus de santé. Oui, la santé est importante, mais il y en a qui sont en pleine santé sans être heureux pour autant. C’est donc en nous invitant à faire le tri entre tout ce qui n’a pas plus de consistance que de la buée et ce qui tient vraiment que le livre de Qohéleth peut être lu comme un guide du bonheur. Mais, attention, pas un bonheur hypothétique qui serait toujours reporté à demain, quand j’aurai un peu plus, quand je serai un peu mieux. Non, le mont bonheur est d’ailleurs formé de 2 mots qui suggèrent que si nous ne nous fourvoyons pas dans notre recherche, ça peut toujours être la bonne heure pour le bonheur. 

Et la lecture d’aujourd’hui rajoute encore un élément important pour nous aider à goûter le bonheur sans toujours le reporter à un futur somme toutes assez hypothétique. Et cet élément concerne précisément notre manière de gérer le temps. Là encore, plutôt que de faire un grand développement, je vous cite un texte que j’aime bien et que j’ai très légèrement transformé. Ce texte raconte comment un jour, quelqu’un d’insatisfait sur sa manière de vivre interrogea à un homme qui lui semblait plus avancé sur le chemin du bonheur. 

Il répondit : Quand je me lève, je me lève ; quand je marche, je marche ; quand je mange, je mange ; quand je parle, je parle ! » Les gens l’interrompirent en lui disant : Nous faisons de même, mais que fais-tu de plus ? Il reprit : Quand je me lève, je me lève ; quand je marche, je marche ; quand je mange, je mange ; quand je parle, je parle ! Les gens lui dirent encore une fois : C’est ce que nous faisons aussi. Non, leur répondit-il : Quand vous êtes assis, vous vous levez déjà dans votre tête ; vous n’êtes pas plutôt levés que vous courez déjà et, à peine avez-vous commencé à courir que vous voulez déjà être au but ! Alors, pour m’encourager à ne jamais oublier ce précieux secret, je me redis, de temps en temps, avec un sourire amusé sur moi-même : Quand je me lève, je me lève ; quand je marche, je marche ; quand je mange, je mange ; quand je parle, je parle ! Il me semble que c’est bien le message du livre de Qohéleth qui nous redit sur tous les tons qu’il y a un temps pour tout et que nous ne serons jamais vraiment heureux si nous n’apprenons pas à danser la vie sur le bon tempo !

Quant à l’Evangile, il apporte encore un autre élément essentiel concernant notre quête du bonheur. Vous savez, quand on est à l’hôpital, après une opération, on nous demande souvent d’évaluer notre souffrance sur une échelle de 1 à 10, 10 étant le maxi. Eh bien, avec la question que Jésus pose à ses disciples, c’est comme s’il leur demandait d’évaluer l’importance de leur lien avec lui sur une échelle de 1 à 10. Et, aujourd’hui, c’est à nous que cette invitation est transmise. « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Je crois vraiment que cette question nous invite à évaluer l’importance de notre relation à Jésus. Mais attention, pas seulement la relation affective, parce que, là, nous pouvons tous mettre 10, tous, nous aimons Jésus ! Il nous demande d’évaluer notre relation effective avec lui. C’est-à-dire : combien de temps restons-nous dans une journée sans penser à lui ? Quel temps lui accordons-nous dans la prière, l’adoration chaque jour ? Quels choix sommes-nous prêts à faire pour lui être vraiment fidèles et être fidèles à son Evangile ?

Il y a de fortes chances pour que la note de 1 à 10 que nous mettrons pour qualifier notre relation effective à Jésus, corresponde à la note que nous mettrions si on nous demandait d’évaluer sur cette même échelle notre perception du bonheur. Plus mon lien effectif à Jésus sera grand et plus j’aurai la conviction d’être heureux, de vivre un bonheur profond et durable. Et il n’y a rien d’étonnant à cela puisque ma relation à Jésus est à l’inverse de la buée qui est si prompte à disparaitre et que cette relation se vit dans l’aujourd’hui, dans le présent. En effet, avec Jésus, je ne peux ni vivre sur la rente d’une relation passée, ni tout miser sur une éventuelle relation que je mettrai en place demain. Nous voilà donc prévenus, lorsque nous aurons l’impression d’être moins heureux, il faudra nous réinterroger pour évaluer à nouveau notre relation à Jésus sur une échelle de 1 à 10 et prendre les moyens de passer d’une relation simplement affective à une relation réellement effective ! Et comme Jésus est totalement bon, il sait que nous n’avons pas toujours assez d’énergie pour revenir à lui quand il le faudrait vraiment, c’est pour cela qu’il vient à nous avec tant de fidélité à chaque fois que nous participons à la messe. Pour vivre parfaitement heureux, profitons donc de ce jour et tout particulièrement de cette messe pour regagner quelques points sur l’échelle mesurant notre relation effective à Jésus. Puisque là, c’est lui qui vient à nous, nous n’avons quasiment aucun effort à faire sinon celui de l’accueillir !

Cette publication a un commentaire

  1. Adéline

    Amen !

Laisser un commentaire