25 juin : lépreux guéri

La lèpre dont il est question dans ce texte, c’était un peu le covid19 de l’époque, on la considérait comme une maladie extrêmement contagieuse. Du coup, tous ceux qui la contractaient étaient mis à l’écart, mais pas pour une quatorzaine, comme dans le cas du Covid19 mais pour le reste de leur vie … sauf guérison qui ne pouvait qu’être miraculeuse puisque, à l’époque, on ne savait pas soigner la lèpre. On n’a donc pas trop de peine à imaginer ce que devenait la vie de ceux qui étaient infectés. Relégués à l’extérieur des villages, vivant entre eux dans des ghettos de misère, subissant les misères liées à la maladie qui leur rongeait peu à peu tous les membres et les défigurait, on peut dire qu’il n’y avait plus qu’une perspective : la mort, en espérant qu’elle vienne le plus vite possible. Il est bon de connaître tous ces éléments pour comprendre ce qui va se passer dans la rencontre entre Jésus et cet homme lépreux.

Commençons par braquer le projecteur sur cet homme. Vous avez peut-être remarqué que nous ne connaissons pas son nom et il en va souvent ainsi dans les récits de miracle : Jésus guérit des personnes qui étaient devenues anonymes, qui n’avaient plus de noms. Pour les gens, ils étaient devenus l’aveugle, le sourd, le lépreux. Ils n’existaient plus en tant que personnes, on ne les voyait qu’à travers leur problème. Un peu comme il nous arrive de dire c’est un handicapé, c’est un cancéreux, c’est un voleur. Nous ne regardons plus les personnes, nous voyons uniquement leurs difficultés. Mais nul ne peut être réduit à un handicap, à une maladie ni même à son orientation sexuelle. Apprenons à redonner leur dignité à tous ceux qui souffrent d’être devenus uniquement des problèmes aux yeux des autres, apprenons à regarder chaque être humain d’abord comme une personne parce que c’est ainsi que Dieu les regarde et nous regarde. A ses yeux, nous sommes d’abord ses enfants bien-aimés donc revêtus d’une dignité inaliénable quels que soient nos handicaps, nos problèmes, nos maladies, nos parcours de vie

Cet homme, il va donc voir Jésus. Et ce que j’admire en premier chez cet homme, c’est sa foi. A aucun moment, il ne doute que Jésus puisse le guérir, ça pour lui, c’est totalement acquis, la seule question qu’il se pose, c’est est-ce que Jésus voudra bien me guérir. Mais s’il le veut, alors il n’y a plus de problème parce que, ce qu’il veut, Jésus peut l’accomplir. Et l’autre point qu’il convient de souligner, c’est qu’en accomplissant cette démarche, il prend un risque énorme car il défie la loi juive, cette loi extrêmement rigoureuse qui prescrivait l’éloignement définitif des lépreux les obligeant à se déplacer avec une crécelle dont le bruit permettait aux bien-portants de s’éloigner le plus vite possible. 

En transgressant la loi, il risque gros. Mais après tout il s’en fiche, on peut bien le mettre à mort, qu’est-ce que ça peut lui faire puisqu’il est presque déjà mort à cause de cette maladie qui le ronge et de l’exclusion sociale qu’elle engendre. Quand on n’en peut plus, on est prêt à tout, on n’a plus rien à perdre. Alors évidemment, il ne faudrait pas faire un parallèle douteux avec la situation que nous vivons pour ne plus encourager les personnes à respecter les mesures barrières parce que la situation n’est en rien comparable. Cet évangile veut d’abord insister sur la foi qui anime cet homme.

Mais, dans ce texte, il n’y a pas que cet homme victime de la lèpre qui brave les interdits. Jésus aussi brave la loi en refusant de s’éloigner de lui, mieux en osant le toucher. Il sait bien que cette maladie est terriblement contagieuse. Il sait bien qu’un simple contact suffit pour attraper la lèpre. Pourtant l’évangile est formel : Jésus étend la main et touche cet homme. Il aurait pu le guérir à distance en prononçant les mêmes paroles, ça aurait marché de la même manière. 

Mais il a voulu le toucher parce que cet homme avait d’abord besoin d’un contact humain. Et puis, quand j’entends ces paroles et que je ferme les yeux, immédiatement, c’est une image qui s’impose à moi. Je vois la création qui a été peinte par Michel Ange sur le plafond de la chapelle Sixtine à Rome et qui est devenue si célèbre. On voit Dieu qui tend la main et qui s’approche d’Adam pour le toucher et lui donner ainsi la vie. En tendant la main, en touchant cet homme lépreux, c’est une recréation que Jésus va opérer, il va rendre la vie à cet homme.

Nous qui sommes venus à cette messe aujourd’hui, vous, moi, nous sommes tous comme cet homme lépreux. La seule différence pour nous, c’est que la lèpre qui nous ronge n’est pas extérieure, mais intérieure. Nous faisons beaucoup d’efforts pour ne pas trop le montrer, pour donner une belle apparence, mais ceux qui vivent avec nous finissent toujours par s’en apercevoir ! Oui, nous avons tous quelque chose qui nous ronge, certains sont rongés par la jalousie, d’autres par l’orgueil, d’autres encore par l’égoïsme et l’appât du gain, quand ce n’est pas par l’envie. Bref, je ne vais pas faire la liste de tous ces virus malins que la liste des péchés capitaux résume si bien. Nous sentons qu’il faudrait réagir, mais nous avons déjà tant de fois été confrontés à notre impuissance, ces virus ne se soignent pas à coup de bonnes résolutions.

La Bonne Nouvelle que contient ce texte d’Evangile, c’est qu’il nous dit : quand tu seras trop fatigué d’avoir tout essayé sans résultat, sache qu’il y a quelqu’un qui peut quelque chose pour toi, c’est Jésus. Si tu arrêtes de te préoccuper de donner une belle image de toi, si tu oses te montrer devant lui, tel que tu es en lui dévoilant ta misère, il peut te guérir, te rendre la vie. Alors, ça sera jour de joie pour toi et pour tous ceux qui t’entourent. Ce jour, si tu le veux, ça peut être aujourd’hui ; tout à l’heure, tu vas dire : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri » et lui, Jésus, il a envie de te dire : « Chiche ? » Si c’est vraiment aujourd’hui que tu veux être guéri, pour lui, il n’y’a pas de problème ! 

Il est possible que certains rigolent doucement en m’écoutant et se disent : depuis le temps que je dis cette parole à la messe, je n’ai jamais rien vu !  Peut-être que ça marche pour certaines personnes mais pas pour moi, ça c’est sûr ! 1° question à se poser, dans ce cas, est-ce que nous demandons avec suffisamment de foi et de détermination ? Est-ce qu’en sortant de la messe nous sommes prêts à croire en la puissance de Jésus parce que si nous n’y croyons pas, inutile de demander ! Et croire en sa puissance ça consiste à commencer à changer tout de suite ! C’est-à-dire qu’il convient de poser le plus vite possible des actes contraires à nos péchés habituels. Désormais, c’est Jésus qui nous dit : si tu le veux, désormais tu peux vivre autrement puisque je suis en toi, ma grâce a touché ton cœur et la puissance de mon Esprit t’accompagne. Le problème, c’est que nous, ce que nous attendons pour croire en notre guérison, c’est de pouvoir constater la disparition de nos problèmes. Habituellement, ce n’est pas cette guérison que Jésus nous donnera. Ce qu’il veut c’est nous donner d’une part la force de lutter pour sortir vainqueur dans nos combats et d’autre part l’humilité, le désir de revenir à lui, le plus vite possible, quand nous nous ferons avoir à nouveau. Si nous croyons en sa puissance de guérison, si nous acceptons la guérison telle qu’il veut nous la donner, alors tout peut changer dès aujourd’hui pour nous et tout changera aussi autour de nous parce que la vie des autres sera tellement plus belle quand nous ne la pourrirrons plus avec nos sales habitudes ! Ecoutons Jésus répondre à notre supplication : je le veux sois purifié et toi veux-tu vraiment commencer une vie nouvelle en comptant sur ma grâce ?

Cet article a 2 commentaires

  1. Adéline

    Cela me parle beaucoup… Merci !

  2. Jean-Marc et Agnès Franchellin

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    En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m’en vais au Père;

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