26 février : samedi 7° semaine ordinaire. Oser les gestes de la foi … la confiance des enfants

Prédication messe retraite prêchée pour les dominicains à Dinard

Dans cette lecture quasi-continue que la liturgie nous fait faire de la lettre de St Jacques, nous sommes arrivés à ce passage que nous connaissons bien puisque c’est l’une des lectures qui est proposée quand nous célébrons le sacrement des malades, au moins pour la 1° partie du texte. Je ne sais pas si vous avez souvent l’occasion de le célébrer, nous, à Tressaint, nous le proposons à chaque retraite. Donc, chaque semaine, nous avons l’occasion de le donner à des retraitants, après avoir discerné le bien-fondé de leur demande. Ce passage de St Jacques, nous pouvons l’accueillir en le reliant à notre thème de retraite sur la fraternité. Dans cette perspective, le sacrement des malades devient l’un des plus beaux gestes par lequel nous pouvons exprimer notre fraternité.

Je retiens d’abord de ce texte un appel à l’humilité, un appel que nous reprendrons à propos de l’Evangile. « L’un de vous est malade ? Qu’il appelle les Anciens en fonction dans l’Église : ils prieront sur lui. » St Jacques nous propose donc d’oser dévoiler aux autres nos fragilités : L’un de vous est malade ? Qu’il appelle les Anciens et ils prieront sur lui. Cette humilité, c’est sans doute l’une des clés qui favorise la vie fraternelle, pas seulement à l’intérieur d’une communauté religieuse, mais aussi de manière plus large. Quand nous acceptons de nous reconnaître pauvres, quand nous accueillons nos pauvretés réciproques, nous pouvons grandir en fraternité. Et c’est justement parce que nous sommes frères que nous pouvons dévoiler nos pauvretés. Dans le monde, si j’utilise ce mot à la manière de St Jean, c’est risqué de dévoiler ses pauvretés parce que les autres peuvent en profiter. Mais entre frères, si ce sont vraiment des frères qui m’entourent, je peux le faire et la découverte de ma pauvreté va comme exciter leur charité, c’est ce qu’indique St Jacques en mentionnant qu’ils prieront sur lui. 

Je crois que ce texte nous invite aussi à nous interroger, dans nos communautés, dans notre Eglise, pour savoir si nous sommes suffisamment audacieux pour poser les gestes de la foi quand nous sommes en présence de frères et sœurs fragilisés. Quand je parle de « gestes de la foi », je ne veux pas me contenter de parler du sacrement des malades. Je pense que vous connaissez tous le guide édité par la conférence des évêques de France intitulé : Protection, Délivrance et Guérison. Et justement, comme ce n’est pas un rituel, ce guide nous donne une grande liberté pour continuer ce ministère de protection, de délivrance et de guérison qui a tenu tant de place dans la vie de Jésus. Jamais Jésus n’a laissé repartir quelqu’un qui se retrouvait fragilisé sans avoir posé sur lui les gestes de la foi, sans avoir prononcé pour lui des paroles de foi. Continuer ce ministère tout à la fois avec discernement et audace, c’est l’une des manières pour nous d’exprimer notre fraternité les uns vis-à-vis des autres et plus largement à l’égard de tous nos frères en humanité qui se retrouvent fragilisés et Dieu sait s’il y en a de plus en plus. Retenons ce que St Jacques disait à propos de ce type de démarche : Cette prière inspirée par la foi sauvera le malade : le Seigneur le relèvera.

Ce passage de la lettre de St Jacques, dans la 2° partie, va aussi insister sur la correction fraternelle, un exercice jamais facile à pratiquer mais qui est aussi à interpréter comme une expression de la charité fraternelle : comment puis-je me résoudre à voir un frère partir à la dérive sans le lui dire. S’il est vraiment un frère, c’est impensable. Que l’Esprit-Saint nous inspire les bons mots, les bonnes attitudes à vivre dans les bons moments après un bon discernement mais que jamais il ne nous laisse indifférents.

Venons-en à l’Evangile et ce passage bien connu de Jésus avec les enfants. 

Un premier mot pour nous inviter à rester vigilants pour ne jamais être de ceux qui empêchent les petits d’accéder à Jésus. Car c’est quand même un comble que ce soit les disciples qui fassent barrage et empêchent ces enfants d’accéder à Jésus. Dans l’invitation que le pape ne cesse de renouveler à devenir des disciples-missionnaires, il nous est plutôt demander d’être des facilitateurs, comme on dit aujourd’hui, des facilitateurs de l’accès à Jésus et particulièrement de la possibilité pour les plus petits d’accéder à Jésus. A chacun de nous de voir comment, concrètement, au cœur de la mission qui est la sienne, il est ce facilitateur et comment il pourrait le devenir toujours un peu plus, un peu mieux.

Le 2° aspect sur lequel j’aimerais m’arrêter, concerne cette mise en valeur des enfants par Jésus. Il est bien évident qu’il ne le fait pas dans l’esprit de la société actuelle. Il n’y a qu’à penser à ce qui se vit au moment de Noël où l’enfant est comme idolâtré. Non, pour Jésus, c’est clair, si l’enfant devient le modèle, la référence pour accueillir le Royaume, c’est parce qu’il symbolise la fragilité qui pousse à la confiance. Un enfant, plus il est petit, plus il se révèle dépendant. Un bébé, s’il n’est pas nourri, changé, dorloté ne pourra pas grandir, sa vie se trouvera même menacée. Il dépend totalement de l’amour bienveillant de ses parents et cette dépendance ne l’empêche pas de dormir, c’est même tout le contraire ! Parce qu’il a pu expérimenter avant même d’arriver au monde, déjà dans la vie intra-utérine, qu’il était attendu, aimé, objet de soins, il peut dormir tranquillement. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est si grave de s’en prendre à des enfants parce qu’un enfant, à priori, il fait confiance. Profiter de cette confiance, Jésus le disait dans l’Evangile d’avant-hier, c’est extrêmement grave, tellement grave qu’il vaudrait mieux « attacher au cou de ceux qui le font une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on les jette à la mer ! »

C’est donc à cette confiance, caractéristique des enfants, que Jésus nous appelle. Il nous invite à croire que Dieu est ce Père plein d’amour qui veille sur nous. Il nous invite à avoir foi en ce Dieu d’amour et nous pouvons toujours remplacer avantageusement le mot foi par celui de confiance. Qu’au cours de cette retraite, l’Esprit-Saint vienne nous renouveler dans cette foi confiante qui nous permettra comme les enfants de dormir tranquillement !

Cet article a 2 commentaires

  1. Adéline

    Amen P. Hébert.
    Merci, et bonne retraite ! Où qu’elle en soit.

  2. NGENDAKURIYO

    Merci beaucoup.Soyez bénis.

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