26 novembre : l’esprit prophétique

Le livre de Daniel qui va nous accompagner cette semaine est un livre un peu particulier. En effet, il semble être un livre prophétique, mais il ne l’est pas vraiment !

Mais avant d’expliquer ce que je veux dire par là, il est peut-être bon de redire ce qu’est un livre prophétique, ce qu’est une prophétie, ce qu’est un prophète dans la bible. Le prophète, ce n’est pas un devin qui prédit l’avenir ! Le prophète, c’est un homme que le Seigneur appelle pour mettre en garde le peuple à un moment compliqué. Le prophète, avec le regard et l’intelligence illuminés par le St Esprit qui l’assistent, il constate ce qui se passe dans le présent et se référant aux leçons de l’histoire passée, il met en garde pour l’avenir. 

Par exemple, quand un prophète annonce une catastrophe, il ne le fait pas parce que Dieu lui aurait fait cadeau d’une boule de cristal ! Non, il le fait parce qu’il se rend compte que le peuple est en train de reproduire un comportement qui, dans le passé, a conduit à la catastrophe et donc il dit que si on ne se convertit pas, on va dans le mur. On a ce scénario qui revient sans arrêt : attention, à chaque fois qu’on oublie Dieu, ça nous a conduit à la catastrophe ! Attention, quand on tolère les idoles, elles finissent par nous faire de l’œil et on se laisse séduire, et ça on le paie toujours très rapidement. Attention quand on cherche des alliances avec les super-puissances, on finit toujours par se faire manger d’abord parce que les puissants ne se préoccupent pas des petits et ensuite parce que, rechercher la protection des puissants, c’est le signe qu’on a perdu confiance en Dieu.

Après cette mise au point sur la prophétie, pourquoi est-ce que je disais que ce livre de Daniel semble prophétique mais ne l’est pas. Il semble prophétique parce qu’il y a tous les ingrédients de la prophétie tels que je viens de les évoquer. Mais en fait ce livre a été écrit bien après les événements qu’il semble annoncer. Les faits évoqués, au moins dans la 1° partie du livre évoquent la période de l’Exil à Babylone sous le roi Nabuchodonosor. L’Exil a duré de 587 à 537 avant J.C. Mais en fait les exégètes semblent à peu près d’accord pour dire que le livre a été écrit vers le milieu du 2° siècle avant J.C.  Alors, l’auteur va utiliser le procédé prophétique en faisant croire que le livre a été écrit au moment des faits qui sont décrits et que Daniel, analysant le présent et se référant au passé va annoncer une série de catastrophes. Mais, quand le livre a été écrit tout cela a déjà eu lieu et le livre est une relecture. Par exemple le songe de Nabuchodonosor et l’interprétation de Daniel qui annonce une succession de différents empires, c’est déjà arrivé quand le livre est écrit.

Peut-être que vous trouvez tout cela un peu compliqué, mais quand on est chrétien, il faut aussi faire marcher son intelligence ! En tout cas ce qui est clair, c’est que si tout ce qui est prédit dans le livre est arrivé tel quel, c’est parce que le livre a été écrit bien après les faits annoncés.

Est-ce une supercherie ? Non ! Je le redis le prophète n’est pas là pour prédire l’avenir, mais pour interpeler sur le présent. Ce n’est donc pas un problème si les événements que semble annoncer Daniel ont déjà eu lieu. Ce que Daniel va dire servira de repère pour vivre le présent et le présent c’est ce qui se passe sous Antiocos Epiphane, toute l’histoire qui était racontée la semaine dernière. On pense, en effet que c’est à cette époque qu’a été écrit le livre de Daniel. Et du coup Daniel devient un modèle pour Judas Maccabée et ses frères. En semblant parler de ce qui s’est passé à Babylone, Daniel s’adresse en fait à ceux qui sont tentés d’apostasier leur foi comme le veut Antiocos et il dit méfiez-vous : si vous lâchez la foi, il va se produire ce qui s’est passé au temps de Nabuchodonosor.

Si vous n’avez pas tout suivi, après tout ce n’est pas grave, retenez quand même que Daniel va parler comme un prophète. Et, je le redis, le prophète n’est pas un devin qui prédit l’avenir mais c’est un homme que le Seigneur appelle pour mettre en garde le peuple à un moment compliqué. Analysant ce qui se passe dans le présent et se référant aux leçons de l’histoire passée, il va mettre en garde pour l’avenir. 

A partir de là, vous comprenez que la qualité essentielle du prophète, c’est la vérité. Le prophète, quand il est appelé par Dieu, devra être courageux. Certes, il peut compter sur l’assistance du St Esprit, mais il ne doit pas se défiler parce que ce qu’il a annoncé n’est pas toujours agréable. 

Il ne doit pas se voiler les yeux, il doit affronter la réalité avec courage et, se reportant aux leçons du passé oser dire ce qui risque d’arriver.

C’est d’ailleurs ainsi que la Bible fait la différence entre les vrais prophètes et les faux prophètes. Les faux prophètes, pour ne pas avoir d’ennuis, ils disent ce que le roi, ce que le peuple veut entendre … et de fait, ils sont estimés, même bien payés pour accomplir cette fonction … hélas, un jour, on se rendra compte de la supercherie, mais ça sera trop tard. Dieu sera dur avec les faux prophètes parce qu’ils se servent de leur fonction pour prospérer et tant pis si tout le monde va droit dans le mur. Les vrais prophètes, ceux qui acceptent, pas toujours de gaité de cœur, d’ailleurs, d’accomplir la mission qui leur est confiée, eux vont souvent avoir des problèmes. Jérémie en sera un brillant exemple.

Puisque c’est le livre de Daniel qui nous accompagne cette semaine, un livre classé malgré tout dans la catégorie des livres prophétiques, demandons que nous soit donné le courage des prophètes, e courage de ne pas nous taire, le courage d’accepter de ne pas dire ce que tout le monde veut attendre. Attention, devenir prophète, ce n’est pas non plus systématiquement inquiéter tout le monde en promettant un avenir très noir ! Non, demander la grâce de la vérité prophétique, c’est demander que le St Esprit nous aide à vraiment analyser le plus justement possible la situation que nous vivons en l’éclairant par les leçons de l’histoire pour ouvrir un avenir qui justement ne sera pas sombre si on accepte de se convertir.

Enfin, accepter la mission de prophète, ce n’est pas se contenter de parler, de dénoncer ou d’annoncer, c’est d’abord donner un témoignage de vie extrêmement clair : je ne me compromets pas avec ce que je dénonce et je montre clairement que si je suis dans la fidélité au Seigneur, je n’ai rien à craindre.

Que par l’intercession de Daniel, il nous soit donné de devenir ces prophètes dont notre monde a tant besoin.

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