28 mars : Jérémie, un autre Don Camillo !

Jérémie, c’est vraiment un prophète que j’aime beaucoup parce qu’il est nature avec Dieu, quand il a envie de lui dire quelque chose, il lui dit. Il ne fait pas comme certaines personnes qui ont tellement peur de dire la vérité qu’elles font tellement de périphrases qu’à la fin, quand elles ont fini, vous ne savez pas ce qu’elles ont voulu dire !

Jérémie, lui, c’est le gars franco qui n’hésitera pas à rouspéter et à dire à Dieu ce qu’il pense de son comportement vis-à-vis de lui. Il faut dire que, le pauvre, il a vraiment eu un ministère compliqué, il a rencontré tellement d’épreuves qu’il a été tenté plus d’une fois de jeter l’éponge comme on dit dans un combat de boxe ! 

Alors, quand il en avait trop marre, il allait trouver le Seigneur et il vidait son sac sans périphrases. 12, 1 : Tu es trop juste, Seigneur, pour que je te fasse un procès ; pourtant, je parlerai contre toi : Pourquoi le chemin des méchants est-il prospère ? Pourquoi sont-ils paisibles, tous les traîtres ? … Traîne-les à l’abattoir comme des moutons, réserve-les pour le jour du massacre ! » 15,18 : « Pourquoi ma souffrance est-elle sans fin, ma blessure, incurable, refusant la guérison ? Serais-tu pour moi un ruisseau aux eaux trompeuses ? » 20, 7 : « Seigneur, tu m’as séduit, et je me suis laissé séduire ; tu m’as saisi, et tu as réussi. À longueur de journée je suis exposé à la raillerie, tout le monde se moque de moi. » Parfois on spiritualise ce texte : tu m’as séduit, Seigneur, c’est beau comme un fiancé qui fait la cour à sa fiancée ! Non, ce n’est pas le sens du texte, la 2° partie, le laisse entendre : « À longueur de journée je suis exposé à la raillerie, tout le monde se moque de moi. » En entendant ça, il vaut mieux traduire : « Tu m’as bien eu Seigneur, et, comme un naïf, je me suis laissé avoir ! »  Voilà, ça c’est Jérémie ! Alors quand vous en avez assez, quand vous trouvez que le Seigneur pousse le bouchon un peu trop loin, eh bien, lisez Jérémie, ça ressemble à du Don Camillo ! Et n’hésitez pas à dire à Dieu ce que vous ressentez comme vous le ressentez, vous pouvez tout lui dire parce qu’il en a déjà pas mal entendu !

Parce que s’il râle souvent, son bon réflexe, c’est de râler vers le Seigneur. C’est exactement ce qui se passe dans la lecture d’aujourd’hui. Il se plaint auprès du Seigneur du complot qu’on trame encore contre lui … et ce n’est pas le premier ! Il en a tellement assez qu’il dit au Seigneur : « fais-moi voir la revanche que tu leur infligeras ! » S’il ne veut pas prendre sa revanche lui-même, ce n’est pas parce qu’il aurait de la retenue, non, pas du tout ! Il compte sur Dieu parce que Dieu est plus puissant que lui alors il l’implore de donner une bonne correction à ses adversaires. Une correction dans laquelle il y aura toute la puissance divine, c’est le seul moyen pour faire réfléchir ses adversaires, avec une telle correction, ils hésiteront à recommencer ! C’est bien ce qu’il dit : « fais-moi voir la revanche que tu leur infligeras, car c’est à toi que j’ai remis ma cause. »

Oui, le bon réflexe qu’il a Jérémie, c’est de ne pas se venger lui-même, mais de demander à Dieu de le faire pour lui. Parce que, de fait, Dieu va mettre toute sa puissance divine à l’œuvre mais pas pour détruire, pour reconstruire. Les adversaires de Jérémie vont bien connaître des épreuves, mais elles ne viendront pas de Dieu. En effet, si Jérémie a eu tant de problèmes, c’est qu’il prévenait le peuple et ses dirigeants qu’ils jouaient avec le feu en cherchant des Alliances avec les puissances environnantes pour échapper à la domination de Babylone. Les faux-prophètes, eux, c’est vrai, ils avaient moins de problèmes, parce que, comme ils étaient payés par le gouvernement, ils proféraient des oracles qui leur étaient favorables et qui endormaient le peuple. 

Tout ça, il faudra le payer, Jérusalem sera envahi et le peuple partira en déportation à Babylone, mais ça ne sera pas la punition de Dieu, c’est la conséquence logique de mauvais choix. Il ne faut jamais voir la main de Dieu dans les fléaux qui frappent les hommes, toute ressemblance avec une situation existante n’est pas fortuite ! Je fais un petit excursus et je reviendrai à Jérémie ! Les catastrophes trouvent habituellement des explications plus rationnelles, de fait, elles sont souvent la conséquence de mauvais choix. On le voit bien avec les guerres derrière lesquelles, il y a tellement d’enjeux financiers. Mais, même pour les catastrophes naturelles, on peut s’interroger. Parce que si un cyclone ou un tremblement de terre fait tant de victimes en Haïti, par exemple, c’est parce qu’on laisse ce pays s’enfoncer dans la pauvreté. Les gens sont tellement pauvres qu’ils construisent des maisons-cabanes qui sont emportées à chaque fois. Ce n’est évidemment pas une punition de Dieu mais la conséquence des choix égoïstes des pays riches qui refusent d’aider vraiment les pauvres. Certes, ça ne supprimerait pas les cyclones, mais ils n’auraient pas tant de conséquences néfastes.

Je reviens à Jérémie ! Puisque Dieu ne punit pas, la revanche de Dieu, ça va être d’intervenir après la catastrophe en pardonnant pour reconstruire. Voilà ce que Dieu promet et ça sera sa revanche : « Pour le bien des déportés, je poserai sur eux mon regard et les ramènerai sur cette terre. Je les bâtirai, je ne démolirai pas ; je les planterai, je n’arracherai pas. Je leur donnerai un cœur qui me connaisse, car je suis le Seigneur ; ils seront mon peuple, et moi, je serai leur Dieu, car ils reviendront à moi de tout leur cœur. »

Quand nous n’en pouvons plus, faisons comme Jérémie, confions notre cause à Dieu, laissons-lui le soin de nous montrer la revanche qu’il prendra ! Et soyons sûrs que la revanche, telle que Dieu la prendra, sera bien plus féconde que la raclée que nous espérions lui voir donner à nos adversaires. Car voyez-vous, pour décourager quelqu’un de faire le mal, il y a deux méthodes.

  • Soit on lui fait peur en lui promettant une raclée. Il faut le reconnaître, c’est un peu comme ça qu’a agi l’Eglise pendant pas mal de temps en maniant la peur de l’enfer. Mais ça a laissé des traces sur des générations qui ont eu peur de Dieu qui n’ont jamais pu croire qu’il était ce papa qui nous tendait les bras pour nous serrer contre son cœur.
  • Soit on rend l’amour désirable et c’est délibérément la méthode que Dieu a choisie dans les Ecritures et c’est la méthode que va employer Jésus, nous allons le méditer avec une intensité de plus en plus grande dans les jours qui viennent.

Et puis dites-moi, au lieu d’être frustrés de voir nos adversaires et les adversaires de Dieu ne pas prendre la correction qu’ils méritent, nous devrions quand même être bien contents de la manière dont Dieu prend sa revanche. En effet, nous devons bien être de temps en temps les adversaires de quelqu’un et régulièrement, nous nous comportons comme les adversaires de Dieu … alors, merci Seigneur de ne rien changer dans ta manière de prendre ta revanche !

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