29 novembre : 1° dimanche de l’Avent

Ce n’est pas moi qui prêchais au Foyer du Cap des Biches, il y avait un week-end spirituel animé par le jeune curé de la paroisse. Mais je vous « livre » quand même une homélie « réchauffée » pour ceux qui seraient en manque !

            Est-ce que vous avez déjà vu le 11 octobre, les anciens combattants se réunir pour vivre un mois de préparation à la commémoration du 11 novembre ? Ça n’aurait pas de sens, une commémoration, elle se vit le jour anniversaire, un point c’est tout. Eh bien, chers amis, nous ne sommes pas venus aujourd’hui pour nous préparer à vivre un Noël d’Anciens Combattants. Le temps de l’Avent n’est pas fait pour nous tourner vers le passé, si nous le faisons, c’est dans un double objectif.

            D’abord pour que, de nos cœurs, monte une immense action de grâce. Vous avez entendu la prière qui nous est rapportée dans le livre d’Isaïe : « ah si tu pouvais déchirer les cieux et descendre pour habiter parmi nous. » Eh bien, c’est fait, à Noël, Dieu a répondu à cette promesse. Voilà pourquoi nous voulons faire monter de nos cœurs cette immense action de grâce. Cette 1° lecture était d’ailleurs assez étonnante parce qu’on a franchement l’impression qu’Isaïe était persuadé que Dieu avait déjà répondu à cette prière. Il dit : Voici que tu es descendu. Alors, bien sûr, Isaïe pense à l’Alliance, à Dieu qui s’est manifesté à Abraham, Moïse, aux prophètes. Oui, c’est vrai, mais tout cela n’a rien à voir avec ce que Dieu a fait au 1° Noël ! Là, on peut le dire, les cieux se sont déchirés et Dieu est vraiment venu habiter parmi nous. 

            Si le temps de l’Avent nous tourne vers le 1° Noël, c’est donc pour que nos cœurs n’oublient jamais que Dieu a répondu à la prière de son peuple, il est venu parmi nous, il a habité au cœur de son peuple. Mais s’il n’y avait que cela, Noël risquerait d’être une fête d’anciens combattants qui se rappellent un souvenir du passé. Un souvenir extraordinaire, certes, mais un souvenir du passé quand même. Si nous nous préparons pendant un mois à replonger dans le passé, il y a un 2° objectif. Nous voulons habituer nos yeux et notre cœur aux manières de faire de Dieu. Il est venu habiter parmi nous, les cieux se sont bien déchirés, mais il n’a pas été reconnu et c’est un drame qui n’est pas fini. 

            Nous avons tous de fausses images de Dieu et de sa puissance ; à ce niveau-là, ceux qui nous ont précédés étaient comme nous. Quand ils faisaient cette prière : « ah si tu pouvais déchirer les cieux et descendre pour habiter parmi nous » ils attendaient un coup d’éclat de Dieu, une manifestation de puissance. Dieu a répondu à la prière, mais à sa manière, pas selon nos schémas. Du coup, bien peu de gens ont pu réaliser que la promesse était accomplie. Si nous replongeons dans le passé, si nous faisons mémoire du 1° Noël, c’est pour nous rappeler de cela, pour redécouvrir les manières de faire de Dieu qui vient toujours dans la discrétion et l’humilité. 

            En replongeant dans le passé, nous voulons nous entraîner à reconnaître ses manières de faire, nous voulons habituer nos yeux et notre cœur à ses manières de faire. Et l’enjeu est important, car ce qui nous intéresse ce n’est pas le passé. Les chrétiens ne sont pas des hommes du passé, mais de l’aujourd’hui. Vous avez sans doute remarqué comme ce mot revêt une grande importance dans l’Évangile. 

            Quand Jésus prêche pour la 1° fois, c’est à la synagogue de Nazareth et il dit : Aujourd’hui, cette parole que vous venez d’entendre, elle s’accomplit. Quand il rencontre Zachée, il lui dit : c’est aujourd’hui qu’il me faut demeurer chez toi. Dans la prière du Notre Père, Jésus nous apprend à demander le pain pour Aujourd’hui. Les chrétiens sont vraiment les hommes de l’aujourd’hui. 

            Mais, aujourd’hui, avons-nous ce désir de voir les cieux se déchirer et d’accueillir le Seigneur qui vient nous visiter ? Nous sommes venus à cette messe, mais est-ce qu’au fond de nous, il y a vraiment ce désir de l’accueillir aujourd’hui, de lui faire de la place dans nos vies, aujourd’hui ? Et puis, est-ce que nous sommes prêts à l’accueillir comme il viendra ? Est-ce que nous saurons le reconnaître ? La plupart de ceux qui avaient prié Dieu de déchirer les cieux et de descendre ont raté le rendez-vous. Le temps de l’Avent nous est donné pour que nous puissions renouveler notre désir de voir Jésus venir chez nous et pour nous aider à ne pas rater le rendez-vous. Et c’est là que l’Évangile d’aujourd’hui est précieux. 

            Le problème, c’est que nous le lisons souvent de travers cet Évangile. Ce texte nous fait un peu peur, nous croyons que Jésus va chercher à nous surprendre comme un surveillant de collège qui arrive toujours dans la salle d’étude quand ce n’est pas le moment ! Nous imaginons son retour juste au moment où il ne faudrait pas, au moment où il risque de nous trouver en situation difficile. Ce n’est absolument pas ce que Jésus veut nous dire. D’abord, il ne parle pas de son retour mais de sa venue. Le retour du Christ, ça nous donne vite des idées bizarres de fin du monde, d’apocalypse, de catastrophes. C’est pourquoi Jésus ne parle pas, ici tout au moins, de son retour mais de sa venue. C’est le signe que c’est bien aujourd’hui que le Seigneur vient ; il dit à chacun de nous ce qu’il disait à Zachée : c’est aujourd’hui que je veux demeurer chez toi. Et le Seigneur nous prévient, je peux venir le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin, seras-tu prêt à m’accueillir à tous ces moments ?  Reprenons chacun de ces moments. 

  • Le soir, c’est le début de la nuit, et la nuit, c’est le moment du relâchement ou nous dormons, mais nous savons bien que la nuit, dans le monde c’est aussi l’occasion de relâchements terribles qui n’ont rien à voir avec le sommeil, c’est la nuit que se font la plupart des horreurs. Eh bien, le Seigneur nous dit, je peux venir à ce moment, mais pas pour te prendre en flagrant délit. Quelle image du Christ avons-nous pour penser cela ? Je viendrai dans tes moments de relâchements, ça veut dire, je viendrai te rejoindre au cœur de ton péché, sauras-tu m’accueillir ou préféreras-tu t’enfermer dans ton péché ou dans ta honte ? 
  • Il peut encore venir à minuit, au plein cœur de la nuit. Le Seigneur peut venir quand nous sommes dans la nuit du doute, de la souffrance, quand il n’y a plus aucune lueur. C’est là que le Seigneur peut venir, mais pas pour nous surprendre en flagrant délit de doute ou de désespérance, s’il vient à ce moment, c’est pour porter avec nous tous ces fardeaux, pour nous rassurer par sa présence. 
  • Il peut encore venir au chant du coq. Pour Marc qui écrit cet évangile, cette notation n’indique pas que c’est le matin. Marc a été le secrétaire de Pierre. Quand il parle du chant du coq, il évoque un souvenir précis de la vie de Pierre. Oui, le Seigneur peut venir dans nos trahisons, dans nos reniements, encore une fois pas pour nous punir, mais pour poser sur nous le même regard qu’il a posé sur Pierre à ce moment-là. 
  • Il peut encore venir le matin, le matin, c’est le moment où tout commence, où nous faisons nos projets. Le Seigneur aimerait aussi venir vivre tout cela avec nous, être dans tous nos projets.

            Oui, le Seigneur peut venir le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin, mais nous, avons-nous ce désir qu’il vienne ? Et quand il viendra saurons-nous le reconnaître, car sa venue est toujours déconcertante ? Saurons-nous lui faire une place dans nos vies ? Si nous avons pu vivre toutes ces venues du Seigneur dans la joie, alors nous serons dans la joie le jour de Noël qui nous permet de faire mémoire de cette venue si décisive et, quand ça sera le moment de la grande venue, à la fin des temps, nous serons forcément prêts !

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