29 novembre : curieux de Conques

Depuis le début de la semaine, le livre de Daniel nous accompagne à chaque messe. Jusque-là, Daniel avait été repéré pour sa capacité à interpréter les songes que les autres, les rois pouvaient avoir et il était drôlement fort pour le faire. Mais voilà que le texte d’aujourd’hui marque un tournant puisque maintenant, c’est Daniel qui a des songes, des songes dont il ne comprend pas la signification et, on n’a pas lu cette partie mais il crie au secours pour qu’on l’aide à déchiffrer le songe qu’il vient d’avoir. 

C’est vrai que ce n’est quand même pas simple ! Heureusement que Daniel est un personnage de la Bible parce que si c’était un homme habituel qui raconte ça, on lui demanderait ce qu’il a fumé pour avoir de telles visions !

Je pourrais vous expliquer dans le détail à quoi correspondent ces 4 bêtes grâce aux excellents cours sur les prophètes que j’ai eus quand j’étais au séminaire, excellents puisqu’ils étaient donnés par le père Michon ! Je pourrais vous expliquer ça dans le détail et d’autant plus facilement que l’explication est donnée dans la suite du livre ! Mais je ne suis pas sûr que ça vous intéresse vraiment de savoir que la 1° bête correspond à l’empire de Babylone, la 2° bête à l’empire des Mèdes, la 3° à l’empire des Perses et la 4° à l’empire grecque. Il n’est pas sûr que de savoir cela, ça change votre vie et ça vous plonge dans une ferveur qui vous attachera à tout jamais au Seigneur !

Alors, il m’est venu une image pour nous aider à entrer dans une compréhension de ce texte qui ne reste pas simplement intellectuelle ou compréhension qui vienne uniquement satisfaire notre curiosité. Il faut que ce que nous comprenons nous aide à mieux croire. Je vais donc vous donner cette image qui m’est venue et rassurez-vous, elle est bien plus simple que la vision de Daniel !

J’ai eu la chance de faire le chemin de Compostelle à pieds, en une fois, j’ai marché deux mois pour parcourir les 1560 km qui séparent le Puy de Compostelle. Au bout de 10 jours, on arrive à Conques, un village de l’Aveyron célèbre pour son abbatiale et particulièrement pour le tympan de l’abbatiale qui représente le jugement dernier. Pour faire simple, on va dire que le tympan, c’est le devant, le fronton d’une église.

Si vous ne connaissez pas ce tympan, allez voir sur internet, c’est magnifique et ça vous donnera envie d’y aller pour le coir en vrai ! Sur ce tympan il y a un détail que je n’ai jamais vu ailleurs parce que, beaucoup de tympans d’églises représentent le jugement dernier. Ce détail si particulier, c’est la présence d’espèces de petits bonhommes qu’on appelle « les curieux », tapez sur un moteur de recherche « curieux de Conques » et vous verrez à quoi ils ressemblent ! On les appelle les curieux parce qu’on ne voit que leur nez et leurs yeux, si vous voulez, c’est comme s’ils étaient en train de se hisser pour regarder par-dessus le voile qui nous empêche de voir ce qui se passe dans l’au-delà. Je vous fais le geste, je prends la posture d’un de ces curieux pour que vous puissiez vous rendre compte.

Eh bien, voyez-vous, l’extrait du livre de Daniel que nous avons entendu nous transforme en curieux de Conques. Il nous permet de voir ce qui se passe de l’autre côté du voile, dans le monde de Dieu. Et puisque nous voyons de l’autre côté du voile, on peut dire que ce livre, il dévoile. Savez-vous comment on dit dévoilement en grec ? Apocalypse ! Dans le langage habituel, quand on parle d’apocalypse, c’est pour parler de catastrophe, dans la Bible, les apocalypses sont toujours des dévoilements, des moments où nous pouvons voir ce qui se passe de l’autre côté du voile. Et cette partie du livre de Daniel est une apocalypse, elle nous permet de voir ce qui se passe de l’autre côté du voile. Et qu’est-ce qu’on voit ? 

Oui, bien sûr, on voit ces 4 bêtes qui ne sont pas marrantes, mais on assiste également à une séance de tribunal, un tribunal présidé par un ancien sur qui les jours n’ont pas de prises, c’est Dieu bien sûr. Et dès qu’il siège, ça commence à chauffer pour es 4 bêtes, la plus terrible est même totalement anéantie, les autres pas tout à fait, mais elles perdent tout pouvoir de nuisance. Et, au pouvoir de la bête, se substitue le pouvoir d’un personnage dont le nom nous est familier puisqu’on le retrouve souvent dans l’Evangile, c’est un des titres que Jésus s’attribue volontiers : Fils de l’homme. L’Ancien, en siégeant au tribunal, a mis fin aux règnes successifs de ces bêtes horribles, puissantes et méchantes et il confie à ce Fils de l’Homme le soin de régner désormais sur tous les peuples, toutes les nations d’un règne qui n’aura pas de fin.

La Bible devient très sympa à lire quand elle nous transforme en curieux de Conques, quand elle nous permet de voir de l’autre côté du voile. Vous avez compris la promesse extraordinaire : le mal n’aura pas le dernier mot, c’est Jésus qui aura le dernier mot. C’est ce que nous avons célébré dimanche dernier dans la fête du Christ-Roi.

Alors tout ça, c’est bien beau, mais vous pourriez me demander : quand est-ce que ça va arriver pour qu’on puisse vivre enfin sur terre comme au ciel ? Jésus nous l’assure dans l’évangile, le temps est proche, ça bourgeonne déjà ! Mais vous pourriez encore objecter que nous, on ne peut pas se satisfaire que ça bourgeonne depuis deux mille ans ! Nous, ce qu’on veut, c’est que ça fleurisse, que le règne d’amour s’installe enfin. Nous avons la solution entre les mains pour que ce règne arrive plus vite. Comment espérer que le règne du Fils de l’Homme s’installe partout sur terre si je n’accepte pas qu’il commence à régner dans ma vie, dans mon cœur.

Vous connaissez cette célèbre réponse de mère Térésa à qui un journaliste demandait : ma mère, qu’est-ce qu’il faudrait changer pour que le monde aille mieux ? La père Térésa le regarde dans les yeux et lui répond, c’est très simple, ce qu’il faut changer, c’est vous et moi, votre cœur et mon cœur … si nous changeons, le monde ira déjà mieux ! Eh bien en m’inspirant de sa réponse, je peux dire que la seule manière d’hâter la venue du règne du Fils de l’Homme, de son règne d’amour, c’est d’accepter qu’il commence déjà à régner en vous et en moi ! Quand nous le recevrons dans l’Eucharistie, disons-lui que nous sommes d’accord, que nous sommes décidés à arrêter de lui résister pour qu’il règne en nous.

Laisser un commentaire