29 septembre : fête des archanges Michel, Gabriel et Raphaël : Quand Dieu se montre bien plus généreux que Charles III

La fête des 3 archanges : Michel, Gabriel et Raphaël nous prive de la lecture d’un passage du livre Job au chapitre 19, un passage que nous pouvons bien connaître puisqu’il est régulièrement repris dans la célébration des funérailles. Au milieu de la tempête qu’il traverse, Job fait un magnifique acte de foi qui est tout autant un acte d’espérance : je sais, moi, que mon rédempteur est vivant, que, le dernier, il se lèvera sur la poussière ; et quand bien même on m’arracherait la peau, de ma chair je verrai Dieu. Je le verrai, moi en personne, et si mes yeux le regardent, il ne se détournera pas. Mais je ne peux pas faire une homélie sur ce que nous n’avons pas lu, délaissant ce que nous avons lu ! Venons-en donc aux archanges !

Il semblerait que, par certains côtés, je ressemble à St Thomas d’Aquin, le célèbre théologien dominicain ! Est-ce une légende, je ne suis pas assez connaisseur pour le dire, mais on raconte qu’il se portait tellement bien qu’il avait du mal à travailler à son bureau, alors on avait taillé un arrondi pour qu’il soit plus à l’aise pour écrire ! Mais c’est bien le seul point commun que j’ai avec lui parce que lui, il a mérité le titre de « docteur angélique » tellement sa connaissance des anges était grande et sa réflexion sur leur identité et leur mission pertinente. Eh bien, moi, je n’aurai jamais ce titre-là car ma connaissance des anges est bien infirme ! La préparation de cette homélie m’aura au moins permis de guérir une part de cette infirmité.

Les anges ou les archanges ne sont évidemment pas une invention de l’Eglise. On les retrouve très présents dans les Ecritures, particulièrement dans le Premier Testament. Ce qui fait qu’ils occupent une place prépondérante dans le judaïsme, encore aujourd’hui. Dans la lecture du livre de Daniel que nous avons entendue, ils sont ces milliers de milliers qui servent Dieu, ces myriades de myriades qui se tiennent devant lui. Dans le Credo, ils peuplent cet univers invisible créé par Dieu tout comme l’univers visible : Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible. Cette profession de foi, cette affirmation de l’existence d’un univers invisible peuplé d’anges, d’archanges et d’autres créatures célestes, les séraphins, les chérubins nous oblige à un peu de modestie : nous ne pouvons pas tout comprendre dans l’existence car une partie de la réalité nous échappe. C’est d’ailleurs ce que Dieu dira à Job à partir du chapitre 38 dans un discours magnifique. A Job qui veut discuter d’égal à égal avec lui pour lui faire bien des reproches sur sa manière de s’y prendre dans le gouvernement du monde, Dieu va expliquer que Job raisonne à partir de sa petite connaissance de la réalité mais qu’il y a tant de choses qui le dépassent qu’il doit accepter de ne pas tout comprendre et de vivre dans la confiance. C’est ce que nous enseigne l’existence de ce monde invisible que peuplent les anges et les archanges.

Mais l’existence de ce monde invisible projette aussi une lumière sur cette question du mal sur laquelle nous réfléchissons depuis le début de la semaine avec le livre de Job. J’avais dit que l’énigme se posait en ces termes : comment comprendre l’existence du mal alors que Dieu est bon et qu’il a tout créé par amour ? Eh bien l’existence de ce monde invisible des anges nous apporte une lumière essentielle pour ne pas buter désespérément sur un mur d’incompréhension. La 2° lettre de Pierre (2,4) parle d’un péché des anges, de certains anges qui, comme on pourrait le dire trivialement, ont décidé de faire l’eau bénite à leur compte ! Ils ont été créés pour louer et servir Dieu mais un certain nombre d’entre eux, entrainés par le plus brillant d’entre eux, Lucifer, ont refusé de servir Dieu préférant se servir eux-mêmes en se servant des hommes pour assouvir leur soif de désordre. C’est au 4° concile du Latran en 1215 que cette doctrine a été finalisée. La foi de l’Eglise, c’est donc que Dieu est bon, qu’il n’a créé que du bon, que des êtres bons, mais certaines de ses créatures du monde invisible se sont révoltées et sont à l’origine du désordre, de la dysharmonie du monde et de l’histoire puisqu’après leur chute, ils se sont empressés de chercher à séduire les hommes pour mieux les éloigner de Dieu.

Mais le dernier mot ne revient pas à la révolte des anges et c’est précisément le sens de cette fête des archanges qui sera comme complétée par celle des anges gardiens le 2 octobre, mais cette année, cette fête passera inaperçue puisqu’elle aura lieu ce dimanche et que le dimanche prime sur toutes les fêtes ! Nous n’en entendrons donc pas parler !

Alors en quoi cette fête des archanges, complétée par celle des anges gardiens, vient-elle rouvrir la porte de l’espérance que les anges déchus avaient essayé de fermer ?

Eh bien, la première chose que cette fête nous dit, c’est que le ciel reste ouvert. Après le péché des anges et le péché des hommes, Dieu n’a pas refermé la porte en disant : puisque personne ne mérite mon amour, je ferme la porte du ciel et nous vivrons la Trinité et les bons anges entre nous ! L’Evangile nous le disait reprenant cette fameuse vision qu’avait eu Jacob d’une échelle qui unissait le ciel et la terre avec des anges qui montaient et descendaient, assurant comme une liaison permanente entre Dieu et les hommes. Voilà la première grande leçon que nous pouvons tirer de cette fête des archanges : le ciel n’est pas fermé et j’ai envie de dire heureusement ! Si le ciel était fermé, votre présence ici n’aurait aucun sens ! C’est parce que le ciel est ouvert que vous êtes venus, c’est parce que le ciel est ouvert que nous sommes là pour vous accueillir. Et, on peut dire que vivre une retraite, c’est comme vivre dans un bout de ciel sur la terre pendant une semaine !

La deuxième leçon que nous pouvons tirer de cette fête des archanges, c’est que, non seulement Dieu a laissé le ciel ouvert, mais en plus, il a décidé de mettre le ciel à notre service ! C’est complètement fou ! Quand on reprend les grands récits mythologiques, on voit que les dieux se sont très vite fabriqués des serviteurs pour ne pas dire des larbins afin de vivre comme des pachas dans leur panthéon. Eh bien notre Dieu n’a rien à voir avec les dieux païens, les psaumes, par exemple, ne cessent de le rappeler en chantant ce cri émerveillé : quel dieu est grand comme notre Dieu ? (Ps 76) C’est inouï, mais notre Dieu, ses serviteurs les anges, il les met à notre service, au service de tous les hommes et il n’envoie pas les derniers des anges pour nous rendre service, il envoie les tout premiers, les chefs, les archanges ! C’est à peu près comme si le roi Charles III détachait ses meilleurs majordomes pour les mettre au service des clochards de son royaume ! Tu te dis que c’est impensable, tu as raison, Charles III ne le fera pas, mais Dieu, lui, il l’a fait pour toi, pour moi ! Quel dieu est grand comme notre Dieu ?

Le pape François a souvent résumé le service qu’accomplissait les 3 archanges par ces trois verbes : combattre, annoncer, accompagner. Lors d’un 29 septembre, il expliquait : Saint Michel nous aide à faire la guerre au diable, à le combattre lui qui cherche à nous faire tomber dans le péché. Saint Gabriel est celui qui annonce la bonne nouvelle du SalutEt saint Raphaël, quant à lui, est notre compagnon de voyage, il nous accompagne, nous soutient. C’est vraiment formidable quand on y pense car c’est bien le meilleur service dont nous ayons besoin.

– Quel grand service nous rend St Michel en combattant pour nous, avec nous. Parce que des combats contre le mal, tous les jours, nous devons en mener et ça sera comme ça jusqu’à notre mort. A nos côtés, il nous fallait donc bien un archange infatigable et puissant comme St Michel.

– Quel grand service nous rend St Gabriel en nous annonçant la bonne nouvelle du Salut. Nous sommes tellement noyés sous le flot des mauvaises nouvelles et parfois, nous en rajoutons une couche en nous dévalorisant, en pensant que nous sommes tellement nuls que nous ne pouvons pas intéresser Dieu ! A nos côtés, il nous fallait bien un archange bienveillant comme Gabriel.

– Quel grand service nous rend St Raphaël en nous accompagnant, en nous soutenant et même en nous guérissant. Nous sommes si souvent perdus, fatigués, découragés ! A nos côtés, il nous fallait donc bien un archange attentif et fidèle comme St Gabriel.

J’ai été le premier étonné de tout ce que je devenais capable de dire sur les anges et les archanges. Tout cela est vraiment très beau, mais, en conclusion, j’ai envie de reprendre la fameuse publicité pour Ducros qu’on entendait il y a un certain nombre d’années. Si mes souvenirs sont bons, cette pub parlait de Mr Ducros qui s’était donné beaucoup de peine pour préparer des tas de flacons d’épices et c’était terrible parce que personne ne s’en servait, préférant bricoler des assaisonnements sans saveur. Alors, en les voyant ces bricoleurs d’épices, la publicité disait avec force: à quoi ça sert que Ducros, il se décarcasse ! Eh bien, j’ai envie de reprendre le slogan pour nous  : à quoi ça sert que les anges et les archanges se décarcassent si nous ne les prenons pas plus régulièrement à nos côtés pour profiter de leurs services ?

Cet article a 2 commentaires

  1. Jean Marc Franchellin

    Donc le mal est la faute des anges déchus ?.. Oui, mais notre liberté de choisir (parfois c’est pas évident suivant le pays ou la famille dans laquelle je suis né).. D’où, notre responsabilité de chrétien (ene) d’annoncer et de vivre l’Évangile pour témoigner de l’amour de Dieu autour de nous.
    Réconforté d’avoir une armée qui lutte avec les armes de l’amour à notre côté.

  2. Adéline

    Amen !
    « Infime » ou « infirme » ??! Les deux peuvent se valoir.
    Merci !

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