Une fois n’est pas coutume, je vous propose de m’arrêter plus sur ceux que nous fêtons aujourd’hui que sur les lectures que nous avons entendues. Je me suis intéressé à ces jeunes martyrs d’Ouganda parce que j’ai découvert qu’en Afrique, il y avait pas mal d’initiatives caritatives qui portaient le nom de Saint Kizito, un saint qui m’était totalement inconnu ! Et puis il y a eu ma rencontre à La Flatière avec sœur Paësi dont je vous parlerai après avoir raconté l’histoire de Kizito et des martyrs d’Ouganda.
L’Eglise d’Ouganda était toute jeune quand ces événements terribles ont eu lieu, elle n’avait qu’une dizaine d’années. Les pères blancs étaient venus pour évangéliser le pays, mais, au changement de roi, 10 ans après leur arrivée, ils ont été chassés. Le nouveau roi ne voulait plus de ces missionnaires étrangers et il souhaitait éradiquer la religion qu’ils avaient implantée. En plus, ce roi tyran avait un goût prononcé pour les jeunes garçons. Un certain nombre de ses jeunes pages avaient été baptisés depuis peu et ont donc refusé de céder aux avances du roi pour rester fidèles à leur Baptême.
Le roi les a faits torturer des jours et des jours en espérant les faire changer d’avis, il voulait aussi les punir d’être devenus chrétiens. Mais rien n’y a fait, ils sont restés fidèles. Alors, le roi décide de les faire brûler mais pas dans un bûcher avec des grandes flammes, juste à petit feu pour que la souffrance soit plus terrible et plus longue. Parmi ces 22 jeunes, il y a Kizito, le plus jeune, il a juste 13-14 ans, il ne porte pas de prénom chrétien car il vient d’être baptisé en hâte par Charles Lwanga, avant que les choses ne se gâtent vraiment pour eux. L’histoire de son catéchuménat est étonnante !
Son père adoptif avait été, très vite, attiré par le christianisme, et les membres de sa famille ont été parmi les premiers ougandais à être baptisés. Kizito, à son tour, est devenu catéchumène et un vrai, vous allez voir combien il était enthousiaste et fervent ! Il y a eu un premier martyr, Joseph Mukassa qui était le majordome du roi. Il va mourir pour s’être opposé aux désirs pédophiles du roi. Suite à ce martyr, Kizito était de plus en plus conscient du danger qu’il courait, il demandait donc constamment aux missionnaires de le baptiser. On raconte qu’un soir, il s’est débrouillé pour passer la nuit chez les missionnaires, et il leur a expliqué qu’il ne partirait pas tant que la date de son baptême n’aura pas été fixée. Il faudra qu’un des missionnaires le prenne dans ses bras et le fasse sortir par la fenêtre du rez-de-chaussée pour se débarrasser de lui ! Quelle ardeur chez Kizito … elle se voit moins chez les missionnaires, mais leur décision peut se comprendre. En effet, ils hésitaient à baptiser Kizito car ils le considéraient trop jeune pour affronter les problèmes que sa conversion allait entrainer et ils estimaient qu’il n’avait pas encore reçu la préparation nécessaire au baptême. Finalement, il obtiendra quand même une date de Baptême sous forme de promesse, ça sera d’ici un mois… mais comme nous allons le voir, Dieu va exaucer le désir de Kizito en devançant les délais ! En raison des événements qui se précipitent, de la persécution qui s’intensifie, avant que ce mois ne soit écoulé, il aura reçu, dans la soirée du 25 mai 1886, le baptême en urgence de la part de l’un de ses compagnons, Charles Lwanga et, quelques jours après, ça sera le martyre et la communion pleine et entière avec son Seigneur !
Le 26 mai 1886, dans la cour de la salle d’audiences, le roi condamne tous les jeunes qui lui résistent à mourir sur un au bûcher. Les jeunes sont liés en deux groupes de garçons, les petits et les grands. Un témoin qui attendait une audience avec le roi raconte qu’il les a vus partir et qu’il a remarqué que le petit Kizito riait à cause de cette situation bizarre, et qu’il avait l’air heureux, comme s’il jouait avec ses camarades. Arrivés au village où avait été installé le bûcher, les jeunes martyres vont attendre une semaine. IIs étaient liés par des cordes, des anneaux de fer et des jougs d’esclaves et malgré tout, ils ont passé cette semaine dans la prière et les chants. Les bourreaux étaient étonnés par le calme, la résignation et la joie de leurs prisonniers.
Le 3 juin, en marchant vers le bûcher, on comprend que le jeune Kizito était quand même pris par la peur, alors, il prend la main du plus grand, Charles Lwanga et lui dit : « Donne-moi la main, j’aurai moins peur ! » Il faut dire que pour l’encourager, lui et les autres, Charles Lwanga leur avait dit : « Si nous devons mourir pour Jésus, nous le ferons ensemble, la main dans la main. » Les jeunes ont été attachés par des lanières en fibre et enveloppés de nattes. On a ensuite mis ces fagots humains sur le bûcher. Alors que les flammes montaient, on pouvait entendre leurs voix, car ils priaient et c’était le jeune Kizito qui entrainait les autres à prier le Notre Père et encourageaient les autres. Les derniers mots de Kizito ont été : « Au revoir mes amis, nous sommes en route. » Ce 3 juin, clin Dieu, était le jour de l’Ascension pour les chrétiens.
Kizito et Charles Lwanga ont été déclarés patron de la jeunesse ougandaise. On voit comment le sang des martyrs est devenu semence de chrétiens ou, dans leur cas, que les cendres des martyrs ont fécondé cette terre où l’Evangile était à peine implanté et que de très beaux fruits ont surgi par la suite.
Ce qui m’a vraiment attiré à en savoir plus sur Kizito et ces martyrs d’Ouganda, c’est donc ma rencontre avec Sœur Paësi, une religieuse que j’ai rencontrée dans une retraite que j’ai prêchée à La Flatière. Elle s’appelle sœur Paësie et elle est devenue très célèbre en Haïti, elle était d’ailleurs venue en France pour recevoir la Légion d’Honneur mais s’était bien gardée de me le dire, c’est seulement par la suite que j’ai découvert son envergure. Elle a donc fondé la communauté « famille de Kizito » son histoire est racontée sur son site internet, mais elle est racontée de manière soft, je pense que je peux dire ce qu’elle m’avait partagé. Elle était religieuse de Mère Térésa depuis des années en Haïti et la misère augmentant, elle s’est rendu compte que les sœurs n’étaient plus en contact avec les plus pauvres parmi les pauvres. Elle a demandé à sa supérieure l’autorisation de créer un centre dans l’un des grands bidonvilles de Port-au-Prince. Mais on le lui a refusé, le dispensaire tenu par les sœurs avait besoin de chacune des sœurs de la communauté, il n’était pas possible de détacher des sœurs pour une autre oeuvre. Comme son appel intérieur restait fort, elle a demandé la permission de partir pour fonder quelque chose de nouveau auprès des plus pauvres.
Elle a reçu cette autorisation à condition de quitter la congrégation et en étant prévenue que la congrégation ne pourrait pas la soutenir … de manière très étonnante, c’était exactement l’histoire de la mère Térésa qui se réécrivait ! Elle n’en a pas voulu à sa congrégation se disant que si le Seigneur avait béni, et de quelle manière, le choix de mère Térésa d’aller au contact des plus pauvres, il bénirait son choix. De fait, il a béni ! A l’époque où je l’ai rencontrée, elle ne pouvait pas habiter dans le bidonville à cause de l’insécurité, l’évêque ne le lui avait pas permis, mais elle y venait tous les jours et soignait, faisait l’école et le catéchisme. En quelques mois, 1500 enfants étaient venus pour suivre des cours et être catéchisés ! Très vite des jeunes filles viendront la rejoindre, devenant novices de cette nouvelle jeune congrégation mise sous le patronage de Kizito.
Voilà une très belle illustration de ce que disait Ben Sira dans la 1° Lecture, quand on est habité par la Sagesse, des merveilles peuvent s’opérer ! Je vous rappelle ces paroles que nous avons entendues : Il m’a suffi de tendre un peu l’oreille pour recevoir la Sagesse, et j’y ai trouvé de grandes leçons. Grâce à elle, j’ai progressé ; je rendrai gloire à celui qui me donne la Sagesse. J’ai résolu de la mettre en pratique, ardemment j’ai désiré le bien, et jamais je n’aurai à le regretter. Pour elle, j’ai vaillamment combattu, j’ai mis, à pratiquer la Loi, beaucoup d’exactitude.
Ces dernières paroles, j’ai mis beaucoup d’exactitude à pratiquer la Loi me rappellent toujours cette belle parole de Marthe, si simple qui peut aussi éclairer notre chemin pour que nous soyons fidèles à accomplir simplement ce que la Sagesse nous suggère : La fidélité à l’amour par l’exactitude dans l’accomplissement des petites choses.
Merci père Roger. Vous pouvez m’expliquer ce qu’un prénom chrétien?Merci.
Complément au texte : Sœur Paësie à choisi Saint Kizito comme Saint patron pour qu’il soit exemple de pureté. Saint Kizito et ses compagnons voulaient rester purs. Sœur Paësie invite les jeunes qu’elle accompagne à rester pur. L’appel de Jésus pour la Famille Kizito est de « protéger les enfants et les jeunes des dangers de la rue et les amener au cœur de Jésus » alors l’adoration est quotidienne en Haïti.
Ici, en France, il est urgent de prier pour que les jeunes soient protégés des dangers d’internet. Nous avons formé une première équipe qui prie pour les.enfants et les jeunes..