J’aime beaucoup cette parole de Sainte Thérèse de Lisieux qui disait à propos de la vierge Marie : J’ai entendu beaucoup d’homélies sur Marie que je n’ai pas aimées parce que ce qui était dit sur la Sainte Vierge, cela la rendait inabordable, alors qu’il faudrait la rendre imitable ! Eh bien, j’aurais envie de dire la même chose à propos de la Sainte famille, mais je sens bien qu’en le disant je me mets la pression ! Pourtant, c’est vrai, je trouve que bien des présentations de la Sainte Famille sont déprimantes tellement ce qui est dit semble hors de portée pour les familles d’aujourd’hui et même pire semble une condamnation des familles d’aujourd’hui dont la plupart font ce qu’elles peuvent avec les moyens qu’elles ont. Et, moi, qui n’ai pas de charge de famille, je me garderai bien de donner des leçons déguisées dans une homélie à ceux qui se retrouvent devoir endosser les habits de parents sans avoir fait une école prépa !
Ces homélies donneuses de leçon sont d’autant plus injustes que nous savons si peu de choses sur cette Ste Famille qu’il est bien téméraire de tirer de grandes conclusions à partir de ce que nous savons. Et finalement, les deux seules choses que nous savons peuvent rendre la Sainte Famille plus proche de nos familles et tout particulièrement des familles en galère. Nous connaissons cet épisode de la fuite en Egypte que nous avons entendu dans l’Evangile d’aujourd’hui et nous connaissons l’épisode de Jésus fugueur au cours du pèlerinage au Temple, l’année de ses 12 ans. Ces deux mentions sont très loin des considérations pieusardes habituelles et nous invitent à considérer la Sainte Famille comme très proches de quantités de familles d’aujourd’hui. Certes, pour la Ste famille les galères traversées ne résultaient pas de choix tordus mais d’événements difficiles à vivre. Ceci dit, il y a bien des familles qui sont en galère non pas en raison de choix tordus, mais également à cause de concours de circonstances dramatiques, de maladies, d’une sorte d’acharnement du sort. Du coup, quand les familles traversent des difficultés, elles peuvent donc invoquer la Sainte Famille qui a traversé, elle aussi, des heures bien compliquées.
Donc, plutôt que de faire des développements mystico-gélatineux sur la Sainte Famille, de la donner en exemple aux familles hyper-cathos, qui veulent être bien sous tout rapport, j’aimerais m’arrêter sur ce que Jésus a appris en vivant dans une famille, sur ce que cette vie famille apporte, au mystère de l’Incarnation. L’orientation de cette homélie doit beaucoup à un enseignement reçu qui m’avait beaucoup marqué.
On peut déjà préciser que la sainte Famille, au retour de la fuite en Egypte, est retournée vivre à Nazareth et que Nazareth, c’était vraiment un village parfaitement insignifiant ! Il ne s’est tellement rien passé dans ce village, que dans toute la Bible, on ne parle jamais de Nazareth ! Ni drames, ni catastrophes, ni coups d’éclat, ni personne de célèbre qui soit sorti de Nazareth pour lui assurer ne serait-ce qu’une toute petite notoriété. Nathanaël le laissera entendre quand il dira : de Nazareth que peut-il sortir de bon ? Ce qui signifie que lorsqu’on parlera de Jésus de Nazareth, c’est pour dire : Jésus de pas grand-chose ! Être de Nazareth, c’est bien conforme aux désirs de Dieu qui cherche toujours comment plus et mieux s’abaisser pour mieux aimer jusqu’aux plus petits.
Mais Nazareth, dont personne ne parle, a quand même un atout, le village se trouve en Galilée. Or, la Galilée, c’est cette région très ouverte qui, dans le livre d’Isaïe, reçoit le titre de Galilée des nations parce qu’elle est traversée par la grande voie de communication de l’époque qui permet le commerce entre les grandes puissances de l’époque : l’Egypte au Sud, Babylone (actuel Irak) au Nord. Ainsi donc, les gens de Galilée sont forcément des gens très ouverts puisqu’ils voient passer beaucoup de monde, des gens de cultures très différentes. Or pour commercer, il faut s’intéresser aux marchands, parler aux clients. Jésus habitera donc dans cette région où les gens sont très ouverts. Et ça, ça plait encore à Dieu qui a un cœur tellement universel qu’il voudrait que tous les hommes puissent s’accueillir comme des frères quelles que soient leurs origines et leurs particularités. Dans cette culture d’ouverture le Fils de Dieu fait homme baignera comme un poisson dans l’eau ! Il sera bien plus à l’aise dans cette Galilée qui l’aura vu grandir et dans laquelle, autour du lac, il passera une grande partie de son ministère, qu’à Jérusalem où il rencontrera si peu d’ouverture, où l’on se protégeait du contact avec les étrangers qu’on considérait tous impurs.
Ça, c’était pour le cadre géographique dans lequel a vécu la Sainte Famille, un cadre qui a forcément marqué Jésus qui, en s’incarnant, n’est pas venu juste faire trempette du bout des pieds dans l’humanité, comme aimait le souligner malicieusement le Cardinal Marty. La mentalité de la région dans laquelle vivait sa famille a donc forcément façonner sa mentalité.
Venons-en maintenant à ce que sa famille directe a pu lui apporter, la famille directe ce sont les parents et les grands-parents. Je n’ai pas eu de révélations particulières, mais on peut quand même dire un mot sur ses grands-parents et ce qu’ils ont pu lui apporter. Les Evangiles apocryphes nous donnent leurs noms, Anne et Joachim et nous apprennent qu’ils vivaient à Séphoris. Les Evangiles apocryphes, ce sont ces textes qui n’ont pas été retenus dans le Canon des Ecritures parce que, ce qu’ils disent, souvent, n’est pas conforme à la Révélation. C’est vrai que les anecdotes qu’ils racontent sur Jésus sont invraisemblables mais on peut sûrement les croire quand ils nous donnent les noms des personnes et les lieux géographiques dans lesquels ces personnes vivaient. Ça, c’est plutôt objectif. Donc Anne et Joachim vivaient à Séphoris, un village à deux heures de marche de Nazareth. Jésus aura sûrement passé des journées, des semaines chez ses grands-parents. Séphoris, c’est un lieu intéressant parce que les archéologues ont mis à jour de somptueuses villas dont on peut encore voir les mosaïques quand on va en pèlerinage en Terre Sainte. Anne et Joachim, sans être des pauvres, devaient être des personnes modestes, chez eux, Jésus était comme chez lui, vivant dans ce qu’on aime appeler aujourd’hui la sobriété heureuse. Mais dès qu’il sortait, il voyait ces maisons luxueuses et ce n’est pas impossible que ce soit là qu’il ait commencé à être sensibilisé au caractère destructeur de la richesse. Ce n’est pas impossible que ce soit auprès de ses grands-parents qu’il ait appris les bienfaits de la pauvreté. Tout cela transpirera plus tard dans ses prédications.
Il y a ce que les grands-parents ont pu lui apprendre et il y a ce que ses parents ont pu lui apprendre. Avec cette précision de taille, c’est qu’à l’époque la théorie du genre n’avait encore pas tourné la tête des gens ! Il y avait donc ce qu’une mère, parce qu’elle était femme apprenait à son fils et ce que son père, parce qu’il était homme apprenait à son fils. En effet, chez les juifs, les hommes et les femmes ont une mission bien particulière et distincte.
De son père et aussi sans doute de son grand-père, Jésus aura appris 2 choses vraiment essentielles.
- Tout d’abord le sens du travail. Avec un accent particulier sur le travail bien fait, le travail fait jusqu’au bout sans s’arrêter en chemin. Pour Jésus le travail sera important, il l’a pratiqué dans sa vie cachée et il le valorisera dans ses paraboles. Le travail, il a ceci de particulier, c’est que, non seulement il permet de vivre, mais en plus, il est une véritable école « d’application » ! Avec les idées, on peut tricher et faire passer pour vrai quelque chose qui ne l’est pas vraiment. Avec le travail, ce n’est pas possible, il est fait ou il n’est pas fait ! Il est bien fait et ça s’emboite ou il n’est pas bien fait et ça ne s’emboite pas, c’est bancal !
- Avec les hommes, il aura aussi appris à réfléchir, non pas parce que les femmes ne réfléchissent pas, mais dans ces cultures, ce sont les hommes qui transmettent « les proverbes » ces maximes de sagesse qui façonnent un raisonnement. Du coup, Jésus aimera bien les utiliser et les transmettre à son tour aux disciples, aux foules.
Des femmes, de Marie et aussi de sa grand-mère, Jésus aura appris également 2 choses essentielles.
- Tout d’abord la prière et particulièrement la prière à la maison, la liturgie domestique. Jamais une femme ne présidera une liturgie à la synagogue, ça, c’est le rôle des hommes. Mais jamais un homme n’ouvrira la grande prière du Shabbat, ça, c’est le rôle de la femme. Et quand la femme de la maison est malade pour le shabbat, c’est un vrai problème. C’est ainsi que Jésus guérira la belle-mère de Pierre pour qu’elle puisse remplir cet office irremplaçable. Jésus aura appris, de sa mère à vivre ces liturgies mais aussi toutes les prières de bénédictions répétées quotidiennement aux moments importants de la journée. Il aura aussi appris les psaumes parce qu’une femme, elle chantonne les psaumes dans ses activités.
- Il aura aussi appris auprès de Marie les convenances, comment on se comporte à la maison. Il aura également appris les bonnes manières. Marie ne lui a sûrement pas appris à lever le petit doigt en buvant le thé mais elle lui a appris le comportement ajusté en fonction des différentes personnes et des différentes situations et ça c’est un vrai trésor.
Voilà ma manière de rendre compte de l’apport de la sainte famille au mystère de l’Incarnation. Il est bon d’entrer dans le réalisme que souligne pour une part l’épître aux Hébreux qui dit que tout Fils de Dieu qu’il était, Jésus a dû apprendre l’obéissance. Humilité, ouverture, pauvreté ou au moins sobriété, sens du travail bien fait et fait jusqu’au bout, sagesse goût de la prière, d’une prière incessante et incarnée, comportements ajustés, voilà donc ce que nous pouvons demander pour nous, nos familles et toutes les familles de la terre par l’intercession de la Sainte Famille.
à Pelé roi du ballon,
à Pelé par le Roi de la Terre à monter maintenant au plus haut des Cieux,
But ultime de chaque homme pour entrer dans les filets du bien-aimé Père !
Qu’à la saint Roger, l’Arbitre ne sorte aucun carton ROUGE
Afin que l’appelé entre dans l’Espérance de la porte ouVERTE !!!!
Seigneur, que ta volonté soit fête.