8 janvier : mercredi après l’épiphanie : nous avons connu l’amour et nous y avons cru … même dans la tempête !

Dans la 1° lecture, au détour de toutes ces belles affirmations sur l’amour, que nous pouvons méditer inlassablement il y avait l’énoncé de la seule raison qui puisse justifier nos choix de vie forcément exigeants si nous voulons vivre en chrétiens. Voilà cet énoncé qu’on trouvait dans la 2° partie de cette lecture : « Et nous, nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru. » Je vous avoue que j’ai été aidé pour dire cela par un souvenir qui reste gravé dans ma mémoire.

Quand j’étais jeune, j’aimais aller dans un Carmel qui se trouve non loin de la communauté de Taizé, le carmel de Mazille, un carmel plutôt ouvert ! Et, quand je suis devenu prêtre et que je m’occupais des jeunes, j’y ai souvent conduit des groupes. Evidemment, on ne passait pas nos journées avec les sœurs, mais on les voyait aux offices, on pouvait travailler avec elles, dans le silence, ça va de soi. Elles acceptaient toujours de passer une petite heure pour répondre aux questions des jeunes. Régulièrement, les jeunes leur demandaient : mais pourquoi avez-vous choisi de vous enfermer ici ? Et elles répondaient invariablement de la même manière : la raison est écrite au-dessus de la porte d’entrée du monastère ! Et au-dessus de la porte, vous l’avez deviné, c’était ce verset de St Jean qui était écrit : « Et nous, nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru. »

Il y a un certain nombre d’années, les gens pensaient et disaient volontiers qu’une jeune femme qui rentrait dans un couvent y entrait suite à une déception amoureuse. Dans la tradition populaire, on disait que puisque cette pauvre fille avait été malheureuse dans ses amours humains, elle entrait au couvent pour pleurer toute sa vie cette déception ! Quelle horreur ! Ce verset de St Jean dit exactement le contraire ! Elles ne sont pas entrées au monastère parce qu’elles avaient perdu l’amour, mais, au contraire, parce qu’elles l’avaient trouvé ! Quand vous êtes assoiffés et qu’on vous indique où se trouve la source, vous y courrez ! « Et nous, nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru. » 

Ça ne veut pas dire que, parce que nous avons reconnu l’amour et que nous y avons cru, il n’y aura plus de problèmes dans notre vie ! Oh si, il y en aura toujours parce qu’il y en a Un qui n’est jamais content quand il voit des femmes et des hommes trouver la source de l’amour et s’y désaltérer. Le malin ne supporte pas qu’on vive de l’amour de Dieu, il va essayer de mettre un certain nombre de peaux de bananes pour essayer de nous faire déraper en espérant nous faire carrément sortir du chemin.

De ce point de vue, l’Evangile de la tempête apaisée que nous avons entendu est très instructif. C’est Jésus qui oblige les disciples à monter dans la barque et voilà qu’au cours de la traversée une tempête assez terrible se lève. Les apôtres qui, pour la plupart, sont pourtant des pêcheurs aguerris, ont bien du mal à s’en sortir et peut-être aussi s’interrogent-ils : comment se fait-il qu’en obéissant à un ordre du Seigneur, on se retrouve aux prises à de telles difficultés ? 

Il pourra nous arriver de connaître, nous aussi, des tempêtes dans notre vie alors même que nous obéissons au Seigneur ! Et ces tempêtes pourront parfois nous faire peur, par leur violence, leur soudaineté, elles pourront même risquer de nous faire chavirer. Comme la tempête qui remue profondément la mer, nous pouvons être profondément remués et voir remonter à la surface des choses que nous pensions définitivement réglées. Quand nous sommes dans la tourmente, l’Evangile d’aujourd’hui nous donne cette certitude de foi : jamais le Seigneur ne nous abandonnera. Dans la tempête, il nous rejoindra forcément à un moment ou à un autre. 

Mais pour cela, il faudra que nous acceptions de reconnaître que nous ne pourrons pas nous en sortir seuls et que nous osions crier vers lui. Il est donc très important de connaître les grandes règles de la vie spirituelle et plus encore de nous faire accompagner car, seuls, nous sommes si peu lucides sur nous-mêmes ! En effet, seuls, nous risquons de penser que ces tempêtes viennent remettre en cause nos choix profonds, qu’elles sont le signe que nous nous sommes trompés. Non ! Ces tempêtes sont souvent, pas toujours, mais souvent quand même, le signe que le Malin cherche à nous mettre des peaux de bananes pour nous faire déraper ! Et s’il cherche à nous faire déraper, c’est précisément parce que nous sommes sur le bon chemin, car, lui, il n’aime pas que les gens soient sur le bon chemin ! 

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la grâce de ne pas rêver à une vie sans tempête. Qu’elle nous obtienne, au contraire la foi pour croire que le Seigneur viendra forcément à notre secours quand nous crierons vers lui, qu’il finira forcément par monter dans notre barque, nous rassurant par sa présence. Qu’elle nous obtienne de pouvoir redire, dans ces moments : « nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru. »

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