20 novembre : mercredi 33° semaine ordinaire. L’apocalypse nous aide à devenir clairvoyant !

C’est dommage que le lectionnaire liturgique ne nous ait fait entendre que 3 des 7 sept lettres de l’Apocalypse, car elles sont toutes stimulantes.  Je voudrais profiter du premier verset de la lecture pour dire quelques mots de présentation générale du livre de l’Apocalypse. La lecture commençait ainsi : « Moi, Jean, après cela (c’est-à-dire après ces 7 lettres), j’ai vu : et voici qu’il y avait une porte ouverte dans le ciel. » Eh bien ce que Jean voit permet de définir très précisément ce qu’est le livre de l’Apocalypse : une porte ouverte sur le ciel. Conformément à l’étymologie du mot, le livre de l’Apocalypse nous dévoile, nous révèle le monde de Dieu. Le voile qui nous empêche habituellement de voir le monde de Dieu est soulevé et nous pouvons contempler ce monde de Dieu. En fait, ce n’est pas nous qui voyons directement, c’est Jean qui nous fait partager la vision qu’il a eue et qui accomplit la mission qui lui a été confiée d’écrire ce qu’il voyait. 

Si nous relisons les premiers versets du livre, nous constatons que le Seigneur a voulu qu’il écrive pour que tous comprennent ce qui doit arriver. Le livre de l’Apocalypse, en ouvrant le voile, nous permet donc de voir l’histoire du point de vie de Dieu. Et que voit-on quand on se place du point de vie de Dieu ? Oui, on voit une bête, mais une bête vaincue par le triomphe de l’Agneau. Voilà tout le livre résumé en quelques mots. Cette vision est adressée pour soutenir la foi des communautés chrétiennes de la fin du 1° siècle, communautés persécutées qui se posent cette terrible question : que fait Dieu ? C’est bien cette même question que nous nous posons à chaque fois que nous traversons des épreuves : que fait Dieu ? 

Comme transporté dans le monde de Dieu, Jean a vu la victoire de l’Agneau, Jean a vu que Dieu combattait pour les hommes et il a vu que la victoire était au bout. Alors on comprend que le livre n’a pas été écrit pour faire peur, c’est le titre du livre d’un exégète breton, missionnaire en Amérique latine. Là-bas, il a vu bien des prophètes de malheur se servir de l’Apocalypse pour annoncer que les malheurs que le peuple vivait n’étaient rien à côté de ceux qui allaient venir ! Il a voulu rétablir la vérité en faisant connaître la vision de Jean livrée pour soutenir l’espérance. 

Dans la vision inaugurale qui lui a été donnée un dimanche matin, Jean a fait une expérience mystique qui a renforcé cette certitude de foi : la Résurrection de Jésus n’est pas un événement qui ne concerne que Jésus, c’est toute l’histoire qui est réorientée par cet événement. Toutefois, ce qu’il a vu était tellement fort, tellement indescriptible qu’il peinera à nous faire partager tout ce qu’il a vu dans une fulgurance. Il dira souvent qu’il a vu quelque chose pareil à … qui avait l’aspect de … et l’un des mots qui revient le plus souvent, c’est le petit mot « comme » : ce qu’il voit c’est comme.

On sent bien que Jean n’arrive pas à trouver les mots parfaitement justes pour décrire la vision et pour nous aider à y entrer. C’est vrai qu’à la lecture du livre, nous nous rendons bien compte que cette vision est quand même assez extraordinaire : assister au lever de rideau qui permet de tout voir et de tout comprendre en un instant, c’est une expérience saisissante, difficile à partager. Tous les mystiques ont été confrontés à cette difficulté. Jean a fait ce qu’il a pu, demandons l’assistance de l’Esprit-Saint pour comprendre autant que nous le pouvons ce qu’il nous partage.

Et quand nous ne comprenons pas, ce n’est pas si grave, nous avons la clé : Jean a vu que Dieu combattait aux côtés des hommes et que la victoire était donnée à l’Agneau. Avec cela, nous en savons assez pour que notre foi et notre espérance soient soutenues dans les épreuves. L’essentiel ne sera jamais de tout comprendre, de comprendre chaque image et chaque détail de chaque image, mais l’essentiel sera de chercher à comprendre en fonction de ce sens général. 

Par exemple, regardons ce qui nous est dit, à propos des 4 vivants, dans la vision qui nous est rapportée aujourd’hui. La description nous fait comprendre qu’il s’agit des 4 évangélistes. Le premier Vivant ressemble à un lion, traditionnellement, c’est le symbole de l’Evangile de Marc. Le deuxième Vivant ressemble à un jeune taureau, c’est le symbole de l’Evangile de Luc. Le troisième Vivant a comme un visage d’homme, c’est le symbole de l’Evangile de Matthieu. Et le quatrième Vivant ressemble à un aigle en plein vol, c’est le symbole de l’Evangile de Jean. 

Mais, en plus de ces formes étonnantes, ce qui retient notre attention, c’est que ces drôles de personnages ont des ailes et des yeux en quantité : 6 ailes et des yeux partout, autour des ailes et dans les ailes ! Puisque ça parait complètement improbable, c’est le signe qu’il faut rechercher le sens global sans essayer de se représenter à quoi peuvent ressembler ces vivants. 

Commençons par les ailes. Habituellement, les volatiles en ont deux et avec deux ailes, ils se débrouillent très bien pour quitter la terre et voler très haut puis revenir sur terre. Si avec deux ailes, ça marche bien, on imagine qu’avec 6 ailes, ces vivants sont encore plus performants. Venons-en aux yeux maintenant. Nous, avec deux yeux, nous voyons déjà pas mal. Mais c’est vrai que notre vue est quand même limitée, quand je regarde devant, je ne vois plus ce qui se passe derrière, ni sur les côtés ! Eux, les 4 vivants, ils ont des yeux partout, c’est-à-dire qu’ils ont une vision parfaite, ils peuvent tout voir en même temps.

Alors appliquons cela au fait que la vision révèle que ces vivants sont les évangélistes. Le fait qu’ils aient 6 ailes nous révèle que les Evangiles vont sans arrêt nous faire passer de la terre au ciel et nous faire revenir sur terre. Les Evangiles nous transportent dans le monde de Dieu pour que nous puissions vivre sur terre comme au ciel selon les paroles du Notre Père. Le fait qu’ils aient des yeux partout nous indique que lorsque nous suivons les Evangiles, nous voyons très clairement ce qu’il convient de faire, nous devenons clairvoyants. En prenant l’Evangile comme boussole, nous deviendrons, nous aussi, clairvoyants. 

La révélation donnée à Jean est donc une invitation pour les chrétiens à se nourrir de l’Evangile au quotidien ; notamment à réentendre que Jésus avait bien dit que le Serviteur n’était pas au-dessus de son maître et que, donc, ce qu’il a subi, les disciples le subiront à leur tour. Ainsi donc la persécution subie qui est à l’origine du livre n’est pas le signe de l’abandon de Dieu. En se nourrissant de l’Evangile, on entendra aussi qu’il avait dit que lorsque les disciples seront trainés devant les tribunaux et condamnés faussement, ils n’auraient pas à s’inquiéter, l’Esprit-Saint leur inspirerait ce qu’il faudrait dire. Et puis, en se nourrissant de l’Evangile, ils découvriront que Christ est ressuscité, que le dernier mot ne sera pas à la mort et au mal. 

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons que cette lecture de l’Apocalypse soutienne, nourrisse et purifie notre foi pour que nous puissions traverser les épreuves que la vie nous inflige et pour lesquelles le Seigneur nous promet sa présence.

Laisser un commentaire