29 novembre : vendredi 34° semaine ordinaire. Les 1000 ans de tranquillité, ils sont passés ou à venir ou on est dedans ?

Le livre de l’Apocalypse, que je m’attache à commenter dans mes homélies de ces jours, est rempli de symbole et, aujourd’hui, c’est le symbolisme des 1000 ans qu’il nous faut décrypter 

La vision est assez imagée : un ange, qui n’est pas nommé, mais qui pourrait bien être Michel, a enfin réussi à passer une laisse au cou du dragon et une laisse à la hauteur de la dangerosité de l’animal, puisqu’il s’agit d’une énorme chaine. Il fallait bien tout ça pour le maitriser puisque ce dragon, c’est Satan lui-même. Tenu fermement en laisse, le diable est enfermé dans l’abîme pour 1000 ans et il est bien enfermé puisqu’après avoir fermé, il y a des scellées qui sont installées. Durant cette période, les hommes seront donc à l’abri des attaques du Satan dont le nom, en hébreu signifie l’Adversaire, il est l’Adversaire de Dieu, l’Adversaire des hommes. Mais le livre prévient qu’après ces 1000 ans, il sera relâché, toutefois, il y a quand même une bonne nouvelle, ça sera « pour peu de temps », évocation des tribulations de la fin des temps. Ensuite, la lecture liturgique a sauté quelques versets, pas forcément simples à comprendre, c’est vrai, qui nous parlaient de ce qui allait arriver au Satan après ce peu de temps au cours duquel il retrouvera son pouvoir de nuisance. Je lis les versets sautés pour nourrir notre espérance : le diable qui égarait les hommes fut jeté dans l’étang de feu et de soufre, où sont aussi la Bête et le faux prophète ; ils y seront torturés jour et nuit pour les siècles des siècles. J’ai envie de rajouter Amen, Alleluia !

Revenons à ce temps de 1000 ans, il est clair qu’il faudra l’interpréter de manière symbolique, toutes les lectures fondamentalistes des Ecritures seront à l’origine de ce qu’on appelle le millénarisme qui a déclenché, au cours de l’histoire, beaucoup de peurs. On peut se rappeler de tout ce qui a été dit avant le passage à l’an 2000 ! Pour comprendre le sens de ces 1000 ans, il faudrait se mettre dans la peau d’un enfant à qui on annoncerait qu’il lui reste encore 1000 dodos avant de pouvoir faire ceci ou cela ! Pour rester dans le langage des enfants, 1000, ça signifie très beaucoup !

Restons donc dans cette symbolique, ne cherchons pas à compter, mais plutôt à comprendre. Question : actuellement, on en est où par rapport à ces 1000 ans ? Il y a 3 solutions possibles : soit ce temps est passé, soit on est dedans, soit il est encore à venir ! Examinons ces 3 solutions.

  • Je ne pense pas que ces 1000 ans évoquent un temps passé : quand on relit l’histoire, on ne trouve aucune période longue qui ait été une période sans guerre, ni troubles.
  • S’agit-il de l’avenir ? Peut-on imaginer que les hommes puissent renoncer totalement à se laisser dominer par le mal ? Je ne veux pas être pessimiste, mais rien que d’un point de vue théologique, c’est impensable, les conséquences du péché originel resteront là et bien là. 
  • Il ne reste donc qu’une solution : nous sommes dans cette période des 1000 ans ! Seulement voilà, la simple observation nous en fait douter. Pendant ces 1000 ans, le diable devait être enfermé et perdre tout pouvoir de nuisance … on en est loin, très loin ! Nous le voyons tous à l’œuvre, le Satan, nous constatons son pouvoir de nuisance dans nos vies, dans le monde, dans l’Eglise ! Pourtant, après avoir bien réfléchi, je ne vois que cette solution et, finalement, elle n’est pas aussi absurde que cela. C’est ce que j’aimerais développer.

Le texte dit que le diable a été « enchainé et enfermé. » En réfléchissant sur ces mots, je me suis rappelé une citation de St Césaire d’Arles, un évêque du début du 6° siècle. J’aime bien la citer dans les retraites que je prêche quand je parle du combat spirituel. Voilà ce qu’il disait : « Le démon est comme un chien en laisse, il ne peut mordre personne si ce n’est celui qui va trop s’approcher de lui. Il peut aboyer, nous solliciter, mais il ne peut pas mordre, sauf celui qui le cherche. 

Cette citation de St Césaire pourrait donc confirmer que nous sommes dans ce temps des 1000 ans. Et ce temps pourrait vraiment être un temps béni si, tous, nous renoncions à nous approcher du démon ; certains font pire encore puisqu’ils volent la clé pour aller le voir en cachette et parfois même lui amener à manger en douce, c’est ce que font les sectes sataniques et tous ceux qui fricotent avec l’occultisme d’une manière ou d’une autre ! Ce passage de l’Apocalypse est donc un grand message d’espérance, il vient nous dire que nous sommes à l’abri dans l’Eglise, protégés et accompagnés par l’intercession des martyrs, comme le laisse entendre la lecture d’aujourd’hui. 

Nous savons aussi que nous pouvons trouver un abri sûr quand nous nous réfugions sous le manteau de protection de la Vierge Marie. Un passage de l’Apocalypse que nous n’avons pas lu parle de la Vierge Marie comme de cette femme qui combat et l’emporte contre le Dragon, c’est pour cela que, sous son manteau, nous pourrons toujours trouver la protection et la victoire, c’est ce que nous dit l’icône du cloitre.

Vous pourriez m’objecter que certains chrétiens ne se rendent pas compte qu’ils sont protégés tant le malheur s’acharne sur eux. Je maintiens, nous sommes protégés, pas protégés pour que rien ne nous arrive, ça c’est impossible. Mais nous sommes protégés pour ne pas sombrer dans le désespoir. C’est ce que je dis à chaque Eucharistie, en changeant un mot dans la prière du Missel après le Notre Père : nous sommes à l’abri dans nos épreuves et non pas à l’abri de toute épreuve.

Vraiment, je crois qu’il est bon pour nous d’entendre que le Satan est attaché et enfermé et qu’il ne mord que ceux qui s’approchent trop. Et, du coup, ça permet aussi de comprendre la méchanceté de certains : après avoir été mordus, ils deviennent vite enragés et pourrissent la vie des autres ! 

Et la fin de notre lecture était particulièrement lumineuse, je me contente de relire les derniers versets : Alors j’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre s’en étaient allés et, de mer, il n’y en a plus. Et la Ville sainte, la Jérusalem nouvelle, je l’ai vue qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu, prête pour les noces, comme une épouse parée pour son mari. Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la grâce de nous tenir loin de ce chien qui aboie et qu’elle hâte le temps pour que vienne ce ciel nouveau et cette terre nouvelle.

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