14 mai : fête de St Matthias, le don de Dieu.

Cette fête de Saint Matthias est une belle fête parce que Matthias est une très belle figure de la première communauté chrétienne. Je pense que vous avez compris que si l’Eglise nous propose de la fêter après l’Ascension, c’est justement parce que son intégration au groupe apostolique a eu lieu juste après l’Ascension. En effet, le livre des Actes qui nous raconte comment Matthias a été intégré au groupe apostolique, place cet événement entre l’Ascension et la Pentecôte. Et le fait que cet événement se passe avant la Pentecôte explique aussi pourquoi on a eu recours à ce procédé de tirage au sort qui ne sera plus jamais utilisé par la suite. Avant d’avoir reçu le Saint-Esprit, les apôtres ne se sentaient pas assez sûrs pour poser un discernement juste, après la Pentecôte, toute l’Eglise comprendra qu’elle pourra désormais se fier au Saint-Esprit pour poser des choix éclairés et reconnaitra qu’elle a reçu le pouvoir de missionner les personnes que le Seigneur lui-même a voulu choisir. 

Alors on peut se poser la question : pourquoi n’ont-ils pas attendu quelques jours pour que le Saint-Esprit soit donné et qu’ils puissent faire un choix vraiment éclairé ? Il y a deux réponses complémentaires

  • La 1° réponse, c’est que les apôtres ne savaient pas quand le Saint-Esprit leur serait donné. Jésus avait promis qu’il leur serait donné mais sans préciser la date ! 
  • La 2° réponse, c’est que les apôtres, à cause de la promesse de Jésus, pressentaient que le don du Saint-Esprit allait être un événement décisif pour leur groupe apostolique, il fallait donc que le groupe soit complété avant le don du Saint-Esprit. Et c’est bien parce qu’il recevra le Saint-Esprit comme les autres, et avec les autres, que Matthias ne sera pas un apôtre de 2° choix car c’est l’Esprit-Saint qui forge l’esprit apostolique. En plus, comme il avait suivi Jésus depuis le Baptême de Jean jusqu’à son Ascension, il avait reçu toute la formation de Jésus. Il ne lui manquait plus, comme aux autres, de recevoir le St-Esprit pour devenir un témoin enflammé capable d’enflammer les cœurs.

Je l’ai évoqué, pour compléter le groupe, il y a un critère qui avait été fixé : il fallait avoir suivi Jésus et le groupe apostolique depuis le Baptême de Jean jusqu’à l’Ascension. C’est déjà intéressant de savoir qu’il y avait des hommes mais aussi des femmes qui étaient étroitement associés au ministère de Jésus sans être apôtre et qui n’ont jamais revendiquer le droit de le devenir. Autour de Jésus chacun pouvait trouver sa place et chacun se retrouvait à sa juste place.

On peut imaginer que, seuls ceux qui appartenaient au cercle des fameux 70 disciples avaient des chances de remplir ces conditions. Mais, en fait, parmi ces 70, certains ont dû être des intermittents dans la mission du disciple, en raison de légitimes contraintes, du coup, il n’en reste que deux qui remplissent totalement les critères. Le tirage au sort fera bien les choses puisque c’est Matthias qui est tiré au sort, c’est déjà un clin d’œil du Saint-Esprit parce qu’il a un nom prédestiné. En effet, son nom, en hébreu, signifie « don de Dieu. » Matthias est celui que Dieu donne à l’Eglise pour compléter le groupe apostolique. Il est un don de Dieu, pas un sous-apôtre !

Et alors, c’est très beau, quand Matthias est élu, il ne dit pas : pourquoi moi ? Pourquoi c’est lui et pas Joseph Barsabbas, c’est le choix de Dieu, laissons Dieu être Dieu dans son Eglise ! Mais Matthias comprendra, par le don du Saint-Esprit à la Pentecôte pour quoi, en vue de quoi, il est appelé à la mission d’apôtre.

J’aime bien aussi le fait que Matthias ne fait pas preuve de fausse humilité, il ne dit pas : je ne méritais pas, appelez plutôt Joseph, il est mieux que moi ! Il est élu, il y va parce qu’il comprend que c’est le Seigneur qui a fait ce choix. Il laisse Dieu être Dieu dans son Eglise et dans sa vie. Et alors, ce qui est aussi très beau, c’est que de lui, de son apostolat, on ne saura rien, il a simplement accepté de tenir la place qui lui avait été confiée et ce n’est pas rien.

Il est temps, maintenant de parler un peu de l’Evangile ! « Mon commandement, dit Jésus, le voici :

Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » On pourrait être étonné, peut-être même choqué que Jésus présente l’amour comme un commandement parce qu’on ne commande pas un élan du cœur, or l’amour est un élan du cœur ! C’est du moins, ce que nous pensons habituellement, mais il n’est pas sûr que ce soit parfaitement juste.

L’amour de ceux qu’on aime et qui nous aiment, de fait, peut jaillir d’un élan du cœur mais ce n’est pas de cet amour dont parle Jésus. Comme l’a perfidement fait remarquer quelqu’un (mais je ne me rappelle plus qui c’est !) Jésus n’a pas dit : aimez-vous les uns les uns, ce qui reviendrait à dire : aimez ceux que vous choisissez d’aimer, aimez ceux qui vous ressemblent. Non, Jésus dit : « aimez-vous les uns les autres. » Et dans cet appel, ce qui fait problème ce n’est pas les uns, mais c’est les autres ! En effet, l’autre, c’est précisément celui qui est différent et dont je supporte peut-être mal la différence ! Eh bien l’amour des autres, Jésus dit que c’est un commandement et il le dit pour bien signifier que ce n’est pas matière à option et que ce n’est pas évident tous les jours, non plus !

En plus, Jésus va rajouter « comme je vous ai aimés. » Et pour que la signification de ce petit mot « comme » soit bien claire, il l’explicite en disant ce qu’est un amour qui ressemble aux siens : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » Il va conclure en précisant que c’est ainsi que nous deviendrons ses amis et il développera tout ce qui devient possible quand on passe du statut de serviteur à celui d’ami.

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la grâce de pouvoir vivre ce commandement de l’amour en nous appuyant sur la force du Saint-Esprit qui nous permettra de nous donner toujours plus, toujours mieux.

Laisser un commentaire