30 décembre : 6° jour octave de Noël : aimer ou ne pas aimer le monde ? That is the question !

« N’aimez pas le monde, ni ce qui est dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui ! » Ça c’est que nous avons entendu dans la 1° lecture et ça nous écorche un peu les oreilles. Je pense, que, comme moi, vous préférez entendre ce que le même St Jean dit dans l’Evangile : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. »

Alors qu’est-ce qu’on fait ? On aime le monde ou on ne l’aime pas ? En fait, la contradiction n’est qu’apparente et c’est heureux car l’Ecriture ne peut se contredire. Pour comprendre et pouvoir lire ces deux versets comme en stéréo, il faut comprendre ce que signifie le mot monde et ce que signifie aimer le monde, sachant que cette expression va revêtir un sens différent quand c’est Dieu qui aime le monde et quand ce sont les hommes qui aiment le monde

Dans l’évangile de St Jean et dans ses lettres, le mot monde revêt une signification particulière. On le comprend bien dans cette expression que Jésus va utiliser dans cette grande prière qu’il adresse à son Père avant sa passion, la prière sacerdotale, dans laquelle il dit à propos de ses apôtres : ils sont dans le monde mais ils ne sont pas du monde. Pour Saint Jean, le monde, c’est le monde sans Dieu, le monde dans ses aspirations qui le tirent vers le bas. Et, St Jean continuait en nous donnant quelques pistes, non exclusives, pour définir cet esprit du monde : convoitise de la chair, convoitise des yeux, arrogance de la richesse. Voilà ce dont il faut se préserver. Et, vous aurez remarqué avec l’introduction de la lecture que cette mise en garde est valable pour tous du plus jeune au plus vieux !

Avançons maintenant pour dépasser cette apparente contradiction entre les deux versets que je citais. Dans son Evangile, Jean nous met devant ce constat qui n’aura jamais fini de nous étonner : ce monde qui ne l’aime pas, Dieu a décidé de l’aimer quand même et c’est pour cela qu’il a envoyé son Fils dans ce monde, tel qu’il est ,pour le sauver. « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. »

Ce même St Jean qui souligne à quel point Dieu a aimé le monde pour lui envoyer son Fils, met aussi sévèrement en garde les chrétiens en les invitant à ne pas aimer le monde et ce qui est dans le monde … et c’est d’ailleurs plus qu’une mise en garde, c’est un impératif. St Jean écrit à la fin du 1° siècle, et il voit que certains chrétiens commencent à devenir mondain, selon l’expression qu’aime utiliser le Pape François.

Si on aime le monde à la manière de Dieu qui choisit de ne pas se détourner de ceux qui ne l’aiment pas et de tout mettre en œuvre pour sauver les hommes qui ne l’aiment pas, alors aimer le monde est une belle qualité ! Mais si on aime le monde en vivant dans la mondanité, alors là il y a danger ! Le risque nous guette tous d’aimer le monde ou ce qui est dans le monde, comme des caméléons qui aiment tellement le coin de nature dans lequel ils évoluent qu’ils se fondent dans cette nature et on finit par ne plus pouvoir les distinguer ! Voilà ce qu’est la mondanité, finir par se fondre dans le monde dans lequel on vit en épousant jusqu’à ses contradictions.

Quant à l’Evangile, c’est une femme qu’il donne en exemple dans cet univers machiste du Temple. Cette femme, Anne, elle avait 84 ans et elle ne disait pas qu’elle était trop vieille pour tenir encore une place dans le service du Seigneur. Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas savoir décrocher, mais, quand on a décroché, il reste encore une place à tenir jusqu’au bout, comme Anne qui servait Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. 

Et, ce qui est beau chez cette femme c’est ce que nous dit l’Evangile : « elle parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. » Elle n’avait encore rien vu de ce que Jésus allait faire, mais elle parlait déjà de lui. Nous qui avons vu ce qu’il a fait, dans l’Evangile et puis tout au long de l’histoire de l’Eglise et encore dans nos propres histoires, pourquoi sommes-nous si timides pour parler de lui à tous ceux qui attendent d’être libérés, déliés ?

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la grâce de pas tomber dans la mondanité, d’aimer le monde comme Dieu l’aime, c’est-à-dire en faisant tout pour qu’il puisse accueillir le Salut ! Et demandons-lui aussi de nous obtenir la grâce de ressembler à cette femme prophète, Anne qui sert le Seigneur de jour comme de nuit et qui parle sans complexe de l’enfant à tous ceux qui attendent leur libération.

Cette publication a un commentaire

  1. Wilhelm Richard

    Et moi, j’aime le père Roger, car ses homélies nous tirent vers le haut….
    Alors, fêtons-le en ce jour !!!!

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