Vous connaissez peut-être cette histoire d’un coiffeur-barbier qui risquait la faillite à cause du peu de fréquentation de son salon. Pour ne pas couler, il avait eu cette idée géniale de mettre une affiche sur sa devanture et, de fait, cette affiche lui a apporté un très grand nombre de clients le lendemain. Qu’y avait-il d’écrit ? Demain, on rase gratis ! Evidemment, tous ceux qui sont venus en ont été pour leur argent car il a expliqué en douce à chacun que c’était bien écrit demain et pas aujourd’hui !
Est-ce que les promesses du Seigneur seraient du même genre ? C’est une bonne question à se poser parce que, aujourd’hui, nous entrons dans le temps de l’Avent et, au long de ces jours, dans les messes en semaine, nous allons lire le livre du prophète Isaïe, et, justement, dans une bonne partie de ce livre, des promesses, il y en a à la pelle. Sont-elles du genre : Demain, on rase gratis ? D’ailleurs, il n’y a pas que dans le livre d’Isaïe qu’on trouve des promesses. Aujourd’hui, la 1° lecture était tirée du livre de Jérémie et vous avez entendu qu’elle commençait par cette magnifique promesse : Voici venir des jours – oracle du Seigneur – où j’accomplirai la parole de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda. La maison d’Israël et la maison du Juda représentent l’ensemble du peuple de Dieu, c’est donc à ce peuple, à son peuple que Dieu promet d’accomplir sa promesse de bonheur. Cette promesse est-elle du genre : demain, on rase gratis ?
Ni Jérémie, ni ses contemporains n’en verront la couleur de ce bonheur annoncé. En effet, ce qui va arriver, c’est plutôt une grande catastrophe. A la suite des choix hasardeux, des rois successifs, Jérusalem va être envahie et l’élite du peuple sera déportée. Une cinquantaine d’années plus tard, ils finiront par revenir, mais dans une ville dévastée dont le Temple a été rasé, c’est la désolation pas le Bonheur ! Le Temple sera rebâti, les murailles reconstruites, mais, très vite arrivera une autre période extrêmement troublée. Alors, cette promesse de Bonheur, est-elle un copier-coller du : demain, on rase gratis ? Non ! Pourtant, c’est vrai, ni Jérémie, ni ses contemporains, ni même ceux qui suivront pendant quelques siècles ne verront l’accomplissement de cette promesse de Bonheur, mais nous, nous l’avons vu ! En sommes-nous conscients ? Le croyons-nous vraiment ? Est-ce que ça nous plonge et est-ce que ça nous tient dans la gratitude ?
Oui, nous, les chrétiens, nous croyons que Jésus accomplit parfaitement cette promesse de Bonheur. En effet, ce n’est pas par hasard que ce texte a été choisi pour nous faire entrer dans le temps de l’Avent. Ce temps, il nous fait désirer la venue de Jésus, la désirer de tout notre cœur justement parce que c’est lui qui est l’accomplissement de la promesse de Bonheur. Le problème, c’est que, souvent, nous avons du mal à le croire sans doute parce que, finalement nous sous sommes devenus plus enclins à croire au Père Noël qu’en Jésus. Nous en sommes arrivés à confondre le bonheur avec la prospérité, voire l’abondance, abondance de biens, de santé, de réussite, de plaisirs et de tant d’autres choses. Voilà ce que désirent la plupart des gens, voilà ce qui occupe le champ du désir dans tant de cœurs, mais ça, je m’excuse, c’est plus du ressort du Père Noël ! Jésus il n’est pas venu pour nous apporter ce que nous lui commandons comme nous en avons pris l’habitude avec le Père Noël. Jésus, il est venu nous apporter le Salut, c’est un dire un bonheur autre mais réel.
S’il y en a une qui a cru que Jésus pouvait lui apporter le vrai bonheur, c’est bien Thérèse de Lisieux, dont nous accueillons les reliques. On n’en finirait pas de citer des paroles qui nous le montrent de manière claire. En voici quelques-unes qui pourront nourri notre méditation si nous pouvons rester un moment, aujourd’hui, près de ses reliques. Thérèse disait : Ma seule paix, mon seul bonheur, mon seul Amour, c’est Toi Seigneur ! Ou encore cette si belle parole : Il est des âmes sur la terre qui cherchent en vain le bonheur, pour moi c’est tout le contraire, la joie se trouve dans mon cœur, cette joie n’est pas éphémère, je la possède chaque jour. En entendant cela, peut-être, certains d’entre vous sont-ils en train de penser que ce sont des paroles de bonne-sœur et que c’est normal, quand on est bonne-sœur, d’estimer que Jésus est le seul bonheur de sa vie.
Ça serait se faire illusion de croire que la vie d’une bonne sœur est toujours un long fleuve tranquille ! Rappelons-nous quand même que Thérèse est morte à 24 ans d’une tuberculose qui l’avait considérablement affaiblie transformant les derniers mois de sa vie en chemin de croix.
Or, la 2° parole que j’ai citée date des derniers mois de sa vie, les mois les plus douloureux. Je la relis : Il est des âmes sur la terre qui cherchent en vain le bonheur, pour moi c’est tout le contraire, la joie se trouve dans mon cœur, cette joie n’est pas éphémère, je la possède chaque jour. Pourquoi peut-elle dire cela alors que son corps la fait souffrir et qu’elle traverse une véritable nuit de la foi ? Parce que Jésus est en elle, du coup, elle peut affirmer sans mensonge : dans mon cœur, cette joie n’est pas éphémère, je la possède chaque jour même si elle souffre et même si elle ne sent plus la présence de Jésus, elle sait qu’Il est là. Thérèse redoutait la souffrance, mais elle a fait l’expérience que, ce qu’elle n’aurait pas pu traverser, si elle n’avait eu que ses pauvres forces déclinantes, elle a pu le traverser sans que la paix ne la quitte. Pour elle, c’était donc devenu évident, c’était la présence de Jésus en elle qui le lui permettait de tenir, de garder la paix dans la tempête.
Oui, en accueillant Jésus dans nos cœurs, ce que nous venons faire à chaque eucharistie, c’est son bonheur et sa paix que nous recevons. Mais nous ne les recevons qu’à la mesure de la lace que nous lui accordons. Si, en accueillant Jésus, nous lui demandons de rester sur un tabouret dans le coin de notre cœur, il ne pourra illuminer que ce coin ! Par contre, si notre cœur est largement ouvert, il l’illuminera tout entier. Ce n’est pas pour rien que l’Evangile que nous avons entendu a été choisi pour ouvrir ce temps de l’Avent. Car l’Avent, certes, nous tourne vers la mémoire du 1° Noël pour que nous en faisions mémoire et rendions grâce à Dieu de nous avoir envoyé son Fils. Mais le temps de l’Avent nous interroge surtout sur notre présent : vas-tu ouvrir ton largement ton cœur pour accueillir Jésus qui vient, qui ne cesse de venir frapper à la porte de ton cœur ? Acceptes-tu de désencombrer ton cœur pour que Jésus ne soit pas obligé de se contenter d’un tabouret dans un coin ? Ce n’est pas pour rien que les orthodoxes appellent le Temps de l’Avent : le carême de Noël.
Nous avons entendu l’avertissement de Jésus : Tenez-vous sur vos gardes, de peur que vos cœurs ne s’alourdissent par les excès, l’ivresse et les soucis de la vie. Il ne voudrait pas que les distractions futiles, les plaisirs superficiels et l’indifférence spirituelle finissent par nous anesthésier. Or nous savons bien que le monde dans lequel nous vivons nous y encourage. Il faudra donc que nous luttions courageusement pour ne pas tomber, parfois même ça deviendra héroïque, mais, si nous décidons de résister, de combattre, nous ne combattrons jamais seuls, le Saint-Esprit sera avec nous.
L’enjeu est grand puisqu’il s’agit de notre bonheur et à travers nous du bonheur de tous ceux qui nous entourent car une personne heureuse rayonne forcément ce bonheur. Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la grâce de d’ouvrir nos cœurs à Jésus, de faire de nos cœurs une crèche accueillante pour Jésus qui veut accomplir en nous sa promesse de bonheur. Qu’avec Thérèse, nous puissions dire en vérité : : Ma seule paix, mon seul bonheur, mon seul Amour, c’est Toi Seigneur !
Oh la barbe.
Votre homélie reste cependant bien attracTIF …..elle tombe pile poil.